Dans L’Équipe, Michel Savin, sénateur de l’Isère et rapporteur de la mission d’information sur l’intervention des fonds d’investissement dans le foot, a commenté l’accord passé entre la LFP et CVC. Pour rappel, le fonds d’investissement a versé 1,5 milliard d’euros contre 13 % des recettes commerciales de la LFP (à vie…). Lors des auditions, Savin a pu entendre deux discours différents : « On nous avait dit que sa création avec l’arrivée de CVC allait amener de la compétence, notamment sur les droits télé. Or les présidents que l’on a vus n’ont pas la même vision, eux disent que leur priorité était l’apport de financements dans une situation d’urgence. Deuxièmement, l’accord entre la Ligue et CVC inclut des garanties pour le fonds, et cela est normal vu l’investissement consenti par CVC, mais qui peuvent être très préjudiciables pour les clubs si les objectifs du plan d’affaires ne sont pas atteints. Était-ce le bon choix ? », s’est-il interrogé.
« Une partie des présidents auditionnés n’a rien vérifié par excès de confiance »
Savin s’interroge clairement sur le rôle de Vincent Labrune : « Les clubs semblent avoir accordé une confiance excessive à la Ligue et ils ne sont pas autour de la table avec CVC au sein de la société commerciale, il n’y a que des représentants de la Ligue et de CVC. Quel est le pouvoir de la Ligue ? » D’autant que son salaire a explosé : « Comment son salaire peut-il avoir été multiplié par trois alors qu’en tant que président de la Ligue il a moins de missions puisque tous les aspects commerciaux et marketing ont été transférés à la société commerciale ? Sur son parachute, il y a un vote du conseil d’administration de la Ligue en 2020 qui dit que le président de la Ligue touchera deux années de rémunération qu’il arrête de lui-même, qu’il soit remercié ou qu’il perde l’élection de septembre pour laquelle il nous a laissé entendre qu’il souhaitait se représenter. Dans la mesure où il touche 1,2 M€ de salaire (annuel) et 1,5 M€ de prime correspondant à l’accord avec CVC, soit 2,7 M€, ça lui ferait un parachute de 5,4 M€ à la charge de la Ligue. Quand on évoque ces chiffres avec les présidents, ils disent qu’ils n’ont pas fait attention à cet aspect et que Labrune a bien travaillé… »
Cette question de la rémunération de VLB et des commissions surprend la commission du Sénat : « Quand on a voté le texte de la société commerciale, notre objectif était qu’il serve les intérêts financiers des clubs et pas ceux des banques, des cabinets d’avocats ou de quelques dirigeants de la Ligue. 37,5 M€ de commissions ont été versés quand même. » Et le sénateur de mettre en doute la lucidité de certains propriétaires de club : « Les présidents de club ont des réussites professionnelles exceptionnelles pour certains, mais ils font confiance à des gens qui prennent des décisions potentiellement très lourdes pour eux, sans avoir de véritable contrôle. Une partie des présidents auditionnés n’a rien vérifié par excès de confiance. »
L’audition du Sénat pourrait aboutir à de possibles propositions législatives sur les responsabilités de l’État. Mais peut-être pourrait-elle aussi générer une prise de conscience des présidents de Ligue 1 ? La situation est en réalité plus qu’inquiétante.