Lors d’un entretien donné à Football Club de Marseille, Rod Fanni est revenu sur le passage de Marcelo Bielsa à l’OM, lors de la saison 2014-2015. L’ancien joueur n’a pas adhéré aux préceptes de l’Argentin : « Deux saisons avec lui, tu as envie d’arrêter le foot. Et je ne dis pas ça en rigolant, a lâché l’ancien Marseillais. Le week-end, c’était régal. Mais les semaines d’entraînement, c’est robotisé. On bouffait des trois heures de vidéo, tu tournais derrière un mannequin 15 fois, puis 15 fois derrière un autre et trois fois là-bas… Et rentre chez toi. Il n’y avait pas de match. Les rares oppositions que l’on faisait, c’était du marquage individuel, ça ne ressemblait même pas à un match. Si ton joueur va au bout du monde, tu le suis. Tu te retrouves au point de corner en tant que défenseur central, tu ne sais pas pourquoi. Et les autres ont interdiction de récupérer la balle », a déclaré le natif de Martigues.
« Tu as envie de te suicider »
Rod Fanni ne comprend pas l’intérêt des exercices que lui a demandés l’Argentin : « C’était n’importe quoi mais c’était juste pour nous bousiller mentalement et physiquement, nous mettre la rage. Vraiment ? Je ne voyais que ça. Tu cours derrière des mannequins, tu fais la passe au numéro 8, qui donne au 4, le 4 au 7… Après, tu regardes l’ordinateur, nouveau plan : le 9 donne au 4, le 12 au 13… Deux heures et demie, tous les jours, tous les jours, tous les jours… Tu ne veux plus jouer au foot ! Tu te lèves le matin, tu n’as pas envie. Il y a zéro plaisir. Quand je te dis zéro, détestable. »
Paradoxalement, l’ancien joueur se régalait lors des matchs le week-end : « Le match, c’était l’éclate pour nous ! On voulait tous le ballon, on se rendait tous disponibles. C’est ça le paradoxe, tu te régales le week-end, mais la semaine, tu te fais chier comme jamais, tu as envie de te suicider. Limite tu me dis « divise ton salaire par deux mais tu t’entraînes », j’aurais dit oui. Je ne prenais que du plaisir le week-end », a-t-il poursuivi.
Cette saison-là, l’OM a remporté 21 matchs, et concédé 6 matchs nuls et 14 défaites. Paradoxalement, en dehors d’une période difficile en avril, les supporters phocéens ont majoritairement gardé de très bons souvenirs de cette saison. D’autres joueurs considèrent qu’El Loco leur a beaucoup appris et permis de franchir des paliers. Et un entraineur comme Pep Guardiola ne tarit pas non plus d’éloges sur Marcelo Bielsa, qui « rend toujours ses joueurs meilleurs ». Dix ans après, le technicien continue de cliver.