« C’est un grand club français connu pour son histoire, qui plus est, situé sur la Méditerranée. Même si dans l’imaginaire des Saoudiens la ville de Marseille résonne plus avec la pègre qu’avec une image positive clinquante, le pourtour méditerranéen est apprécié par les riches familles de la péninsule Arabique qui y investissent », a-t-il expliqué à So Foot. Le sport est vu par les Saoudiens comme un outil politique : « Pour les pays du Golfe, le sport représente une sphère symbolique, un espace de mise en scène de leur identité nationale, avec un folklore (musique, danse, animaux) et des éléments géographiques constitutifs (désert, oasis, mer). C’est un récit national qui est conté. Il s’agit de légitimer par ce récit la famille régnante à travers une mise en scène de l’historiographie officielle. »
« La question de « Clasico du Golfe » est un fantasme d’Européens »
Il n’imagine néanmoins pas que les Saoudiens investissent dans l’OM : « Je crois que la question de « Clasico du Golfe » est un fantasme d’Européens. En réalité, cette rivalité-là se concentre et s’affirme déjà sur les terrains sportifs du Golfe. (…) Le moment d’après épidémie est propice aux investissements et notamment dans le domaine du divertissement. Mais l’OM, il s’agit peut-être d’un coup de bluff, lors d’une période d’instabilité vécue par le football européen, pour tenter d’acquérir un grand club français. » L’objectif pourrait être de « vouloir susciter la confiance » et de « masquer le vrai visage des investisseurs pour se protéger en cas d’échec ». Selon lui, le projet des Saoudiens est clair : « OM ou pas, ils veulent imposer une nouvelle image reliée à la « Vision 2030″, une sorte de nouveau Dubaï. »
Dans son excellente enquête, So Foot donne peut-être l’origine de toutes ces rumeurs. Il révèle que l’Arabie Saoudite a engagé de nombreuses agences de communication, à Londres et Paris, dont le but est, selon l’une de ses employées (Julie), de « scénariser des collaborations entre le pays et des influenceurs ou leaders d’opinion ». Ces thèmes auraient pour mission de faire écran de fumée face à l’actualité pas toujours très positive à laquelle est liée le pays : « L’Arabie saoudite est un pays qui a longtemps été fermé au monde et qui, quand on l’évoque, est souvent rattaché à un champ lexical statique ; le pétrole, l’argent, la religion, le fondamentalisme, l’absence de droits. Leur but premier, c’est d’être présent sur d’autres sujets de conversation. (…) Les autorités ont amorcé une politique de diversification, et pour que ça marche, il faut communiquer et dépeindre une société qui a les mêmes codes et aspirations qu’en Occident », a ajouté Julie. L’OM en est-il la victime ?
Le magazine a réalisé un gros travail d’investigation qui paraît donner toutes les clés pour saisir le pourquoi des rumeurs qui pullulent sur les réseaux sociaux. Il ne s’agit bien sûr que d’hypothèses, mais elles ont le mérite de paraître assez logiques. Et elles ne doivent pas faire sourire Frank McCourt…