Ces erreurs d’Eyraud qui ont plombé la saison de l’OM

La fin de saison est proche et l’OM ne dispose (quasiment) plus d’aucune chance de figurer dans une coupe d’Europe, lors du prochain exercice. Il paraît temps de tirer le bilan. JHE, qui est au sommet de la pyramide, a fait quelques paris controversés et a largement influé sur les choix stratégiques réalisés depuis l’été 2016.

Jacques Henri Eyraud

On garde bien sûr en tête qu’il est toujours plus facile de critiquer que de faire. Et il ne s’agit pas d’oublier, dans cette période délicate, où se situait le club lors de l’arrivée de Frank McCourt : il était au bord de la faillite et la valeur de son effectif était proche du néant. Il a fallu tout reconstruire.

Les professionnels des fake-news de Twitter annonceraient volontiers un intérêt de Bill Gates pour leurrer les supporters phocéens, et provoquer leur déception. Mais force est de constater que le club n’intéressait pas grand monde, après le carnage de l’après-Deschamps. La fracture paraît également importante entre Jacques-Henri Eyraud et certains pontes des virages du Vélodrome, qui ne lui laissent rien passer. Pour faire une analyse relativement objective, il s’agit donc aussi de prendre un peu de recul face à certaines critiques trop violentes, certainement pas liées à l’aspect sportif.

Les dirigeants ont suivi leurs prévisions, durant un an et demi, et se sont mangé un parpaing, cette saison, malgré des moyens considérables. Jacques-Henri Eyraud communiquant peu, il est difficile de savoir si le projet est en péril. On peut néanmoins déjà noter certaines erreurs commises par le président de l’OM.

La prolongation de Garcia à l’automne : le président phocéen n’imaginait certainement pas la crise de résultat qui a suivi le nouveau contrat paraphé par le technicien. Cela a influé sur sa décision de le conserver, alors que l’équipe devait être relancée. Un gros pari perdu.
Le maintien du technicien, cet hiver : ce choix est lié à l’erreur ci-dessus. Enfin, on l’espère, puisque JHE a aussi argué à plusieurs reprises que l’OM avait besoin de continuité. On saura s’il en est vraiment convaincu par cette idée, dans les prochaines semaines.
Les pleins pouvoirs du recrutement à Rudi Garcia : Eyraud a opté pour donner beaucoup de moyens à son coach, sans anticiper le fait que sa méthode pouvait ne pas fonctionner ou que ses décisions pouvaient pénaliser le club. L’entraîneur a recruté beaucoup de trentenaires en pensant très fort à sa mission, et beaucoup moins à l’avenir de l’institution.
Le rapport de JHE aux critiques : Eyraud donne parfois l’impression de bouder, lorsque quelqu’un remet en cause la logique de ses choix. On peut même se demander si son silence actuel ne s’explique pas par ce problème de confiance en lui. A noter que, dans ce domaine, Jean-Michel Aulas n’est pas vraiment mieux.
L’enflammade, lors du rachat : JHE en a beaucoup fait, lors de son arrivée. Son discours avec la coupe aux grandes oreilles, devant les joueurs, a marqué les esprits. On est aujourd’hui très loin des ambitions affichées à cette occasion. Le coup de la tisane n’a pas non plus été digéré par tous les supporters.
Les recrutements exorbitants : certains choix de recrutement laissent à penser qu’Eyraud n’avait qu’une connaissance très relative des montants échangés lors des périodes de transferts. Le retour de Dimitri Payet, pour un tel montant (30 millions d’euros), avait peu de sens si le club n’était pas très riche. Idem pour Kevin Strootman. On saura lors du mercato à venir si les reins sont vraiment solides.
Son silence, dans certains moments difficiles : en pleine crise, Eyraud n’est pas allé au front comme l’auraient fait certains de ses confrères ou de ses prédécesseurs. Cela aurait pu retirer de la pression à ses joueurs. Son silence devient même très gênant, cette fin de saison.
Le manque de poigne avec les joueurs : JHE n’a pas donné l’impression d’avoir tout fait pour garder les joueurs impliqués, ces dernières semaines. Il n’a pas recadré publiquement Florian Thauvin, qui n’y croyait plus alors que l’ASSE l’a fait. Il n’a pas non plus remis en place certains éléments qui semblent avoir pris une année sabbatique.
La défense a minima de l’institution : Eyraud prend rarement la parole pour répondre aux attaques dont est systématiquement l’objet l’OM. Il n’a pas commenté les erreurs récurrentes d’arbitrage. Il n’a pas non plus remballé à certains critiqueurs compulsifs comme Daniel Riolo ou Christophe Dugarry, en cours de saison.
Le manque d’anticipation des mercatos : il est indéniable que les discussions interminables des derniers mercatos ont pénalisé les préparations. Par exemple, l’Atlético a déjà entériné l’arrivée de trois joueurs, en vue de l’été prochain. Qu’en est-il de l’OM ?
Ses sorties très déplacées sur l’avenir du football : Eyraud n’est pas encore ce qu’on peut appeler un expert, dans le domaine du football. Ses interventions sur l’innovation prêtent à sourire, alors qu’il peine à gérer correctement son club.
Ne pas s’être suffisamment appuyé sur Andoni Zubizarreta : le président phocéen a pris quelques décisions que l’Espagnol aurait peut-être mieux appréhendé. JHE serait bien inspiré de laisser l’aspect sportif à ceux qui ont de l’expérience, que ce soit l’ancien Barcelonais ou un autre.

Après coup, les erreurs paraissent grossières et le projet a connu son premier vrai gros couac. Les prochains mois nous indiqueront si l’OM Champions Project disposait de fondations solides, ou s’il peut être renommé l’OM Garcia Project. Quant à JHE, il faut espérer qu’il fera preuve d’humilité et ne s’obstinera pas dans certaines de ses idées. Le mercato estival s’annonce décisif pour la suite.

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