Eyraud, président inexpérimenté et… buté
Sans remettre en cause son travail de structuration et de développement économique, on peut dire que la politique sportive de Jacques-Henri Eyraud a conduit le club dans le mur. Le choix de Rudi Garcia s’est avéré désastreux et la prolongation de son contrat, à l’automne, a plombé la saison de l’OM. Le président n’a ensuite pas pu se séparer de son entraîneur, lorsqu’il fallait relancer l’équipe, certainement à la trêve hivernale.
Sans lui enlever ses qualités, JHE paraît avoir une vision idyllique du football et affiche un cruel manque de poigne pour diriger le sportif. Il a beaucoup parlé au moment où ça allait bien, a boudé quand on le critiquait, et a même semblé se cacher, dans les moments difficiles. S’il souhaite vraiment le meilleur pour Marseille, Frank McCourt en tirera des enseignements : la Commanderie a besoin d’un patron aux épaules solides, combatif et courageux.
Les limites tactiques de Garcia
Le technicien n’a jamais su adapter son système et son animation à ses joueurs, qu’il a pourtant choisis à coup de dizaines de millions d’euros. Kevin Strootman, qui a coûté 30 millions d’euros, n’a démarré que 18 matchs, depuis l’été dernier. Il résume à lui seul le manque de cohérence des décisions de l’ancien Romain.
Son management a atteint de terribles limites, dans la mesure où il n’est jamais parvenu à créer un fond de jeu. Que travaillaient les Olympiens à l’entraînement ? L’équipe, dont le football était stéréotypé, n’a jamais gagné que sur la gnaque, ce qui ne peut pas être suffisant pour franchir un certain niveau. Elle s’est systématiquement ramassée face aux « gros ». Tactiquement, on se demande comment Rudi Garcia a réussi à tenir plus de deux saisons en Serie A, tant il a déçu à Marseille : il a toujours perdu ses duels, sur le banc phocéen, contre les formations de haut de tableau.
Les cadres semblaient avoir d’autres priorités
La plupart des membres de l’effectif ont semblé avoir plus de préoccupations pour leur avenir personnel et leur rémunération, que pour la dynamique collective, cette saison. Mais il est difficile d’en connaître la raison : le groupe était-il trop vieux ? Le choix des caractères a-t-il été mauvais ? Les égos ont-ils pourri l’ambiance ? L’hygiène de vie était-elle optimale ? Qu’en a-t-il été de la préparation physique ? La guerre des salaires a-t-elle vraiment eu lieu ? On ne doute pas qu’on saura bientôt ce qui clochait dans ce vestiaire et que cela concernera notamment le manque d’adhésion à la méthode Garcia.
En outre, le choix de Dimitri Payet, comme capitaine, était un pari. Il a peut-être été payant, l’an passé, mais le Réunionnais paraît moins faire l’unanimité, depuis l’été dernier. Plusieurs éléments, dont Adil Rami, ne se sont pas investis pour moitié de ce qu’ils avaient fait, en 2017-2018.
Chacun a son lot de responsabilités, dans la terrible désillusion 2018-2019. Jacques-Henri Eyraud a misé gros sur Rudi Garcia, sans anticiper qu’il pouvait se tromper sur les qualités du technicien. Et ce dernier, qui a bénéficié du recrutement le plus onéreux de l’histoire phocéenne, n’est jamais parvenu à tirer le meilleur de ses troupes. L’OM Champions Project pouvait-il se le permettre ? Réponse dans les prochains mois.