Projet McCourt, an III : le démarrage raté

C’est peu dire que l’an III du projet McCourt est pour l’instant très décevant. L’équipe n’affiche pas de progression par rapport à la saison passée et les sommes investies lors du mercato ne permettent pas à l’OM de rivaliser avec le top 5 de Ligue 1 et les Olympiens ont déjà cumulé autant de défaites que sur un exercice entier. Il paraît tôt pour porter un jugement définitif, mais les prestations de l’équipe sont tellement imbuvables qu’il n’est pas compliqué de mettre le doigt sur quelques failles mentales ou managériales.

Florian Thauvin

Des « internationaux » en perdition

Ils sont quelques-uns à faire de l’équipe de France un objectif, au point de le répéter pour certains de façon quasi hebdomadaire. Morgan Sanson et Jordan Amavi sont dans le lot et peinent à afficher la régularité nécessaire au très haut niveau. Qu’il s’agisse d’un manque de confiance, de sommeil ou de concentration, leur mental est défaillant. Jouer à l’OM implique d’avoir du caractère et il leur faudra progresser dans ce domaine.

Adil Rami, Steve Mandanda et Florian Thauvin font eux déjà partie du groupe de Didier Deschamps, en tant que remplaçants. Depuis août, ils n’arrivent pas à assumer leur statut d’internationaux sur les pelouses nationales. Thauvin affiche par exemple de belles statistiques, mais il oublie désormais d’aider ses partenaires dans le pressing et le travail défensif. Sa récente déclaration sur sa volonté d’évoluer en Ligue des Champions, la saison prochaine, n’est pas passée inaperçue et laisse un arrière-goût d’individualisme.

Gonflés à bloc par les louanges de leurs proches, la finale de la Ligue Europa ou la nouvelle ligne de leurs palmarès, certains éléments se voient peut-être un peu trop beau, cette fin 2018. Il faudrait plutôt se mettre chiffon pour assurer la continuité de la saison précédente.

Ce système qui cloche

Rudi Garcia semble quant à lui avoir beaucoup de mal à mettre en place un système adapté aux joueurs dont il dispose. Il a fatalement une responsabilité dans le fait que rares sont actuellement ceux qui évoluent à leur meilleur niveau. En attaque, Kostas Mitroglou et Valère Germain enchaînent les prestations fantomatiques. Au milieu, Payet a été replacé à gauche, ces derniers matchs, où il est loin d’exceller. Thauvin n’est que l’ombre de lui-même. L’équipe propose un jeu offensif téléphoné et proche du néant. Le duo Luiz Gustavo-Kevin Strootman est pour l’instant en deçà de ce qu’on attendait. Et défensivement, les bourdes se multiplient.

Ce début de saison, le collectif devrait être la force de cet OM, étant donné que seul Zambo Anguissa est parti, l’été dernier. Au lieu de ça, l’équipe se fait malmener dès que le rythme s’élève et se montre incapable d’afficher du liant et de la solidarité. Le travail tactique réalisé depuis deux ans paraît inefficace et l’absence de progrès en termes de jeu est inquiétante.

La réussite des prochains mois passe par l’utilisation optimale des forces en présence et, donc, par la réflexion du coach.

Mercato : pourquoi avoir misé autant sur Balotelli ?

Il est difficile de faire un point sans s’intéresser aux changements survenus pendant le marché des transferts. Rudi Garcia, qui avait la main sur le recrutement, a dépensé la bagatelle de 60 millions d’euros (partiellement compensés par un départ de 30 millions d’euros) : il s’agit de la deuxième plus grosse dépense de l’histoire de l’OM, après l’été 2017. On a beau partir de pas grand-chose, ça fait quand même une sacrée somme. Et l’effectif d’arrivée est, en tout cas pour le moment, très décevant.

Certains joueurs ont parfois mis plus d’un an à s’acclimater au contexte phocéen. Il ne paraît pas juste de mettre directement en cause les niveaux de Nemanja Radonjic, Duje Caleta-Car ou Kevin Strootman. Le timing de leurs arrivées pose néanmoins question : quelle mouche a piqué les décideurs marseillais pour réaliser leur mercato si tardif ? La négociation avec Mario Balotelli, Mino Raiola et Nice a été interminable. Aucune recrue n’a finalement pris part à la préparation et aux amicaux avec l’OM, ce qui est fort dommageable.

Enfin, on ne peut pas omettre le fait qu’aucun renfort n’est arrivé en pointe. Dans l’esprit des dirigeants, il n’y avait visiblement que Balotelli sur le marché. Et aucun des attaquants de l’effectif ne paraît disposer du profil adapté au schéma de jeu prôné par le technicien (qui les a choisi ?). Kostas Mitroglou n’est pas un gros travailleur, Valère Germain présente de gros soucis de placement et Clinton Njie est plutôt utilisé sur les côtés : on associerait plutôt ces trois-là à un rôle de supersub.

Le timing de la prolongation de Rudi Garcia témoigne de la confiance que lui porte Jacques-Henri Eyraud. On peut quand même se demander si le bilan présenté jusque-là justifiait de lui redonner, si vite, les clés de la maison. Les points perdus ce début de saison coûteront cher et il faudra certainement beaucoup travailler, voire carrément changer de méthode, pour les compenser. Garcia demande (à juste titre) à ses joueurs de se remettre en cause, espérons qu’il en fasse de même.

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