Thuram : « Par leur silence, ils entretiennent le racisme »

On a pu constater ces derniers jours que l’UEFA mettait plus de zèle à faire sanctionner des petits débordements, voire l’usage des fumigènes, que les actes racistes. Lilian Thuram estime que le racisme est minimisé par les instances.

Lilian Thuram

« Quand j’étais joueur de foot, c’était déjà difficile de dénoncer les actes de racisme, même quand cela me touchait en plein coeur. Il ne fallait pas parler de ce qui est scandaleux. Parce qu’il ne faut pas gâcher le jeu, mais donner une bonne image, l’impression que tout va bien… Dans le foot professionnel, aucun arbitre n’a jamais arrêté un match à la suite d’actes de racisme. Même à ce niveau-là, les joueurs qui se plaignent de racisme sur le terrain finissent parfois avec un carton. Alors même que la visibilité est forte, rien n’est fait. Autant dire que dans le foot amateur, et encore plus en zone rurale, c’est pire. »

« Les personnes qui ont une visibilité ont une responsabilité »

« Voilà pourquoi il faut parler, et ce d’autant plus lorsque vous êtes un joueur médiatisé, car cette position est plus facile, et que vous êtes plus audible. Dans le foot amateur, dénoncer du racisme, cela peut même se retourner contre vous. Les clubs, en général, demandent aux joueurs de laisser tomber, de ne rien dire. Les personnes qui ont une visibilité ont aussi une responsabilité : s’opposer aux injustices, pour en finir avec cette hypocrisie qui consiste à fermer les yeux. Il faut une libération de la parole, faire comprendre aux gens que par leur inaction et leur silence, ils entretiennent le racisme », a lancé l’ancien défenseur dans les colonnes de Libération.

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