« J’étais en tribune avec les Marseillais. C’étaient ces années où ils commençaient à faire ces stades avec les vitres de protection, s’est remémoré l’ancien latéral droit sur les ondes de RMC. Derrière nous, il y avait les Italiens, qui étaient un peu en place, j’avais l’impression qu’ils étaient un peu trop sûrs d’eux, avec les cols blancs. Rappelle-toi le penalty. Les Marseillais ont commencé à les insulter, et de là ça part déjà très très mal. Je ne sais plus qui est à côté de moi, je prends sa défense et je commence à frapper des gens dans la tribune. Je vois que toi Duga (Christophe Dugarry, Ndlr), tu commences à te battre pour défendre Peter Luccin. Je suis pris par les deux. À un moment donné, je suis obligé de sauter par-dessus cette vitre, qui fait déjà deux ou trois mètres de hauteur, parce que les mecs sont trop nombreux contre moi. Et tu connais, la plupart des Marseillais, ils abandonnent. Mais les Carabinieri, les policiers voient qu’il y a un mec, qui rentre sur le terrain. Ça peut être n’importe qui. Et de là, ils me prennent en chasse. Le coup de tête, à la fin, on est tous pris par la bagarre de Dugarry et Luccin. Mais la bagarre avait déjà commencé depuis très longtemps. Ils ont essayé de me balayer parce que j’étais entré sur le stade, et c’est normal, la police est là pour protéger les joueurs. J’étais juste suspendu ou blessé. J’étais heureux qu’on soit qualifié. Ensuite, quand tu es partenaire comme je l’étais, très protecteur des gens que j’aime, je vois Duga se battre, je me lance. Le truc de la police, c’est une connerie, on s’en fout. Si j’ai eu peur ou mal de mettre le coup de tête sur le casque (rires) ? Non… Il y a tellement longtemps. On était euphoriques, c’était chaud. »
Éric Di Meco s’est remémoré un autre épisode : « Patrick, il m’a sorti d’une galère à Bastia… Le match est arrêté, il y a une bagarre en rentrant au vestiaire. Je prends un coup de tête, je me fais casser le nez (par Laurent Moracchini, Ndlr). Je suis au milieu, tout seul, de je ne sais pas combien de joueurs de Bastia. Il y avait des supporters qui étaient entrés sur le terrain, et heureusement que Patrick est là pour me sortir, parce que sinon, je crois que j’y reste là-bas. On en a connu plein de trucs comme ça. Ça fait partie du foot. »
Et Patrick Blondeau de poursuivre : « Ça c’est la fidélité. Si j’ai honte ? Quand tu as les grands-parents qui sont marseillais et regardent les journaux. Un coup, on te dit Blondeau a frappé Marco Simone, après un autre… C’était tout le temps, et ça devenait lourd. Vous savez bien, Duga et Éric, que je ne suis pas cet homme-là. Je suis quelqu’un qui n’a peur de personne. Tu parles de l’histoire de Bastia, c’est vrai que j’ai dû prendre ta défense et que j’étais persuadé que personne n’allait te toucher parce que, quand on est avec moi, ce n’est pas possible. Ce n’est pas à cause du football, c’est parce que je suis fait ainsi. On ne pourra pas me changer. Mais par contre, tu ne me verras jamais avec les tacles assassins et tout. Ce n’est pas vrai, tout ça. J’étais fair-play, faire mal ce n’était pas mon truc. Mais je rentrais sur un terrain, et Duga était aussi comme ça, pour gagner. Tout le monde se fait la bise, aujourd’hui. Et tout le monde s’embrasse après. Nous ce n’était pas comme ça. Ce n’est pas vrai ? Je rentre sur un terrain, c’est la guerre. Je n’ai pas d’ami. Et s’il y en a un qui n’est pas content que je ne lui fasse pas la bise, qu’il aille se plaindre à sa maman. Je m’en fous. Mais maintenant, combien de fois j’ai entendu : « Il manque un Di Meco, il manque un Blondeau. » Ce n’est pas que pour les tacles. Il manque des joueurs comme nous parce qu’on remettait les joueurs à leur place. »