L’entretien, accordé à La Provence, est particulièrement long. Le Phocéen dézingue son homologue lyonnais et assure qu’il ne le lâchera plus : « Ce qui s’est passé ce soir-là a été une expérience surréaliste. Les sanctions le sont encore davantage. Cela nous interroge sur le fonctionnement du football français, de la Ligue et de sa commission la plus importante, la commission de discipline. Je ne m’attendais vraiment pas à assister à la séance à laquelle j’ai participé… »
« Marcelo avait fait le même geste sur Thauvin »
Il juge la sanction d’Adil Rami « totalement disproportionnée » : « Nous avons présenté un document de quarante pages, très détaillé, enrichi par des vidéos et des analyses d’experts indépendants. Nous étions prêts. Concernant Adil, ce qui est certain, c’est qu’il a été victime d’un premier geste de Marcelo, lequel est venu intentionnellement lui donner un coup d’épaule, geste auquel il a répondu. Nous nous sommes attachés à démontrer plusieurs choses : Marcelo avait déjà, à la 16e minute, effectué le même geste en prenant soin de le faire quand l’arbitre ne le regardait pas. La victime était alors Florian Thauvin. Ce même joueur n’a cessé, jusqu’à la fin du match et l’entrée des joueurs dans le tunnel, de provoquer Rami, y compris en allant jusqu’à brandir son maillot… »
Il estime que le défenseur marseillais « a fait preuve de sang froid » et souligne qu’il disposait d’ « un casier judiciaire vide ». Il ne pense pas qu’il aurait dû être sanctionné : « De notre point de vue, il n’aurait donc jamais dû faire l’objet d’une sanction ferme mais, au pire, d’un sursis. Quand on voit que sa sanction est la même que celle infligée à un joueur qui a frappé l’un de nos collaborateurs, on peut se poser beaucoup de questions. »
« Provocation et Aulas, c’est un pléonasme »
Le président de l’OM n’a pas mâché ses mots sur Aulas : « Je ne suis pas du tout surpris par son côté provocateur. Provocation et Jean-Michel Aulas, c’est un pléonasme. J’ai quand même été étonné par l’attitude des Lyonnais. Ils ont semblé extrêmement choqués par le degré de préparation qui était le nôtre, en répétant qu’en trente ans, ils n’avaient jamais vu ça, que c’était un scandale. Cela ouvre un certain nombre… (…) Ce qui m’a le moins plu, c’est quand Don Giovanni Michele s’est laissé aller à des menaces, des intimidations, y compris à l’encontre d’Alexandre Mialhe, notre secrétaire général, et d’Olivier Grimaldi, notre avocat. Des menaces de recours, y compris pénal, des menaces de dénonciation au bâtonnier de l’ordre. C’était franchir une limite inacceptable. Cette attitude manquait cruellement de sérénité et montrait à quel point les Lyonnais étaient extrêmement nerveux. »
Et d’ajouter : « J’ai compris beaucoup de choses ce soir-là. (Il observe un long silence) Jean-Michel Aulas est un dirigeant de grand talent, le plus grand des dirigeants du football français encore en activité. Au fil de son expérience à la tête de l’OL, il a bâti un réseau d’influence, de pouvoirs, qui le fait peser sur un certain nombre de sujets au sein du football. Je veux croire que cette influence s’exerce dans le respect d’une morale et de principes, parce que c’est très important. »
Aulas ne semble pas favorable à la vidéo…
Il note enfin que le président lyonnais n’est pas un adepte de la vidéo : « Je note en effet que ses dernières interventions sur l’assistance vidéo sont moins enthousiastes qu’auparavant. Cela m’étonne. Mais je ne veux pas penser que l’instauration de la vidéo irait contre son intérêt ou qu’il serait imperméable à la technologie. Il a justement fait son succès professionnel sur les technologies avec la Cegid. Il doit au contraire être un ambassadeur de la technologie au service de la vie professionnelle, et du football en particulier. »
L’interview dans son ensemble mérite la lecture…