Un classement pas atteint depuis 21 ans
« Nous sommes ici pour un projet ambitieux. Ce n’est pas un projet de millionnaire, mais on veut être puissant sur le terrain. On veut être dans le top cinq, le top trois. Si on travaille bien, on peut avoir des résultats », avait avancé le directeur général du LOSC Unlimited, Marc Ingla, en février 2017. La trajectoire était la bonne, mais la monoplace a fait une sortie de piste.
19e, c’est le classement des Lillois, au moment où j’écris ces lignes. Le LOSC s’est surpassé, puisqu’il n’avait pas atteint de telles profondeurs depuis la saison de sa descente en Ligue 2, en 1996-1997. Et après le très dépensier premier mercato d’été de l’ère Lopez, il n’a remporté que 7 matchs en 32 journées.
À titre de comparaison, l’OM est 3e et totalise 19 succès. Les Phocéens coincent encore face au top 4, mais la différence de parcours entre les deux clubs est géante. Quand bien même quelques zèbres auraient la nostalgie d’une époque indéterminée de l’ère LD (celle où on leur foutait la paix sur les abonnements et où les cagoles ne volaient pas la Gold Card, Ndlr) et affichent ouvertement leur inimitié pour Rudi Garcia, les résultats parlent d’eux-mêmes.
Relégué à titre conservatoire par la DNCG
Avec Michel Seydoux, Lille accusait un déficit structurel gigantesque (-30 millions d’euros de moyenne de déficit d’exploitation, entre 2007 et 2016). Un total presque aussi élevé que celui réalisé par Vincent Labrune, lors de son passage à la présidence olympienne (-31,7 millions d’euros de déficit d’exploitation moyen, de 2011 à 2016), c’est dire ! Et il est loin le temps où le LOSC vendait à Lyon, tous les étés, pour se refaire la cerise.
Gérard Lopez a hérité des dettes du club et cela ne l’a pas empêché d’investir davantage que ne l’a fait l’OM, pour son recrutement estival (64 millions d’euros, contre 62 millions pour les Marseillais). Dettes abyssales, fonds vautour, emprunt bancaire, investissement personnel… Il est très difficile de faire le tri dans les informations relayées par les médias sur les finances lilloises. La DNCG a quand même relégué le LOSC, à titre conservatoire, ce qui laisse à penser que la situation n’est pas des plus positives. Wait and see !
Pour ceux qui doutent. Lopez il a mis son pèze.
— Michel Seydoux (@miseydoux) 4 février 2017
Mais qu’aurait dit la presse ?
Mais qu’auraient écrit nos journalistes, pamphlétaires, romanciers, dramaturges, de L’Équipe et de RMC, si de telles rumeurs avaient concerné l’OM ? Certains n’auraient pas hésité à filer déterrer Paul Carbone ou François Spirito pour démontrer la proximité de leur génome avec celui du cousin au sixième degré de la voisine de l’homme d’affaires et faire un papier au titre tapageur.
Les amateurs de déclarations éblouissantes ont pu se consoler avec les sorties Christophe Dugarry, qui vantait le projet lillois et conseillait à l’OM de recruter son père en directeur sportif. La situation a aussi révélé le manège de Daniel Riolo, qui a défendu Marcelo Bielsa autant qu’il a pu, car il mettait « réellement en place un JEU », mais n’a jamais cessé de fracasser Rudi Garcia (qu’il juge « à la ramasse »). Et nombreux sont ceux qui leur ont emboîté le pas, en début de saison.
La démythification d’un philosophe argentin
Avec sa tête fraîche de débutant, Gérard Lopez souhaitait, dès Marseille, constituer le duo Marcelo Bielsa (entraîneur atrabilaire) – Luis Campos (directeur sportif irascible). Plus que le soleil de Camphin-en-Pévèle, la cohabitation entre l’Argentin et le Portugais lui a permis de se réchauffer le teston. Il est bon de rappeler qu’il a aussi envisagé d’ajouter à l’assemblage un certain Samuel Eto’o (37 ans, attaquant capricieux qui porte l’OM dans son coeur, juste après le QSG, Antalyaspor, Makhatchkala, ou encore Konyaspor, Ndlr). Il s’est abstenu après avoir eu ce qui ressemble à un éclair de lucidité.
Quoiqu’avec 23 % de victoires, Bielsa ait fait mieux que Christophe Galtier, cette expérience a fait comprendre que l’ancien coach à Bilbao n’était pas infaillible. Il n’est pas parvenu, cette fois, à faire de ses joueurs des cracks. Les fans phocéens ont mis beaucoup de temps à tourner la page du Rosarino. Le deuil s’est finalement fait au travers du petit écran (et des gouttes). Son éphémère accent chti l’a fait chuter du piédestal qu’il occupait, pas loin de la Bonne Mère. Il est descendu de plusieurs marches, mais est loin d’avoir atteint certains abysses où se côtoient Fabrice Fiorèse, Noël le Graët, et autres joueurs de billard.
La question qui nous taraude vraiment, c’est : est-ce que Bielsa aurait aussi demandé l’ouverture d’une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire de l’OM, pour obtenir ses indemnités ?
La gronde des terribles supporters lillois
Il faut se méfier des apparences, mais le public lillois n’est pas réputé comme le plus difficile de l’hexagone. Et si les circonstances ont fait dégoupiller les fans au point de les pousser à marcher sur leur propre pelouse (c’est interdit), c’est que la fracture avec les dirigeants est profonde. Dans la même situation, que se serait-il passé au Vélodrome ?
Malgré un projet cohérent, Jacques-Henri Eyraud et Thierry Aldebert peuvent témoigner de la complexité des rapports avec certaines associations. Il est difficile d’imaginer que les hommes de Gérard Lopez seraient parvenus à se faire respecter, avec ce qui ressemble à un projet BVB bis, et maintenir un dialogue cohérent.
Alors, merci Gérard ! Car tu n’as pas su convaincre le clan Louis-Dreyfus, bien que ton projet présente quelques similitudes avec certaines de leurs orientations de ces 25 dernières années. Et, s’il n’est pas encore au niveau de son rival qatari, l’OM avance doucement, mais sûrement.