« L’équipe la plus grande dans laquelle j’ai jouée ? J’en ressortirais deux : le River 1995-1996 (Aimar, Gallardo, Crespo, Sorin…) et le Marseille 1989-1990 (Papin, Waddle, Mozer…). Par la qualité des joueurs qui les composaient, par ce qu’elles ont gagné, par leur style de jeu. Celle de River avait peut-être un peu moins de grandes individualités, mais elle a marqué les mémoires, avec la Copa Libertadores en apothéose. À Marseille, on n’avait pas une affinité énorme, mais il y avait un immense respect entre nous », s’est-il souvenu.
À l’époque, le boss était particulièrement impliqué : « Le président le plus fou ? Bernard (Tapie) ! Il était prêt à tout pour gagner, il se fichait des codes. Il était très ami avec les joueurs. On était bien traités, mais en retour il exigeait beaucoup de nous. Je me souviens d’un match contre le Matra. On avait fait une sale première mi-temps, mais on l’avait emporté. À la fin du match, Tapie était venu dans le vestiaire. Il avait pris un joueur à part : “Si tu es venu à Marseille pour jouer comme ça, il vaut mieux que tu t’en ailles”, avant de faire pareil avec un autre. Il voulait que l’équipe soit au top. Il pouvait être dur, mais ça nous mettait une pression constante. Dans un club du top-niveau, c’est bien que les joueurs sentent que les dirigeants sont ambitieux. Il avait une grande qualité : il était direct. Avec lui, ça m’a pris cinq minutes pour venir à l’OM et cinq minutes pour en partir. »
Enfin, il s’est remémoré l’un des épisodes les plus injustes de l’histoire olympienne : « La main de Vata ? En vérité, on a surtout manqué de chance à l’aller. On a tiré sur le poteau, on a raté des occasions face au but… On aurait dû l’emporter 4-1. Au final, on est allés là-bas avec un avantage minimal et Vata nous a crucifiés en marquant de la main à trois minutes de la fin (en réalité à la 83e). Je vais vous dire, il s’agit du plus grand moment d’impuissance non seulement de ma carrière, mais de ma vie entière. Savoir que tu es en train de te faire voler et que le monde entier est en train de le voir, c’est une sensation indescriptible. Avec le recul, je ne sais pas comment on a fait pour ne pas tout casser à la fin du match. La déception ne s’est pas atténuée avec le temps. Je reste persuadé qu’on aurait battu Milan en finale car, selon moi, on avait la meilleure équipe d’Europe cette année-là. »
Pour rappel, Enzo Francescoli a disputé 39 rencontres et inscrit 11 buts, sous le maillot de l’OM.