« Nasri et moi, on a été internes très tôt au centre. On avait peu de moments à nous, pas de télé dans la chambre, et à 22 heures, extinction des feux. L’alimentation aussi était très contrôlée. On descendait en douce à la cuisine pour se faire à bouffer, on demandait aux mecs de la CFA de nous commander des pizzas. Certains matins, pour éviter les deux heures de maths, on se cachait dans l’armoire », s’est-il souvenu. Les dirigeants du centre ont peu à peu cédé : « À quinze ans, on a eu le droit à nos caprices, la Playstation, la télé… En vrai, on n’avait pas attendu : avec Samir, un jour, on en avait caché une sous un K-WAY, et on la regardait sans volume. »
Le parcours de Yahiaoui montre combien il n’est pas évident de percer et de ne pas céder aux tentations, lorsqu’on est de Marseille, et alors même qu’on dispose d’un talent indéniable. Être du coin n’avait toutefois pas que des désavantages : « Au centre, les types de dix-sept ans nous respectaient. On était les seuls internes à venir de Marseille, ils devaient se dire qu’on connaissait du monde. Du coup, ils n’avaient pas trop envie de s’emboucaner avec nous. » Il pense enfin que le parcours est plus difficile sous le maillot olympien : « En sélection, les autres joueurs nous disaient qu’il leur était plus simple d’accéder au monde pro. L’OM ne misait pas sur les jeunes. À l’époque, il y avait un petit Sénégalais phénoménal. Ils ne l’ont pas gardé parce que le père d’un autre joueur était au club depuis 15 ans… »
Âgé de vingt-neuf ans, Ahmed Yahiaoui n’a finalement disputé que 5 rencontres de Ligue 1, sous le maillot phocéen. C’était lors de la saison 2004-2005.