« La mairie a un rôle extrêmement important vis-à-vis de l’OM »

Ces dernières semaines, la reprise en main des abonnements des virages a fait grand bruit. La plupart des médias considèrent qu’il s’agit d’un grand pas en avant, pour le club. Visiblement, ce n’était pas l’avis de Robert Louis-Dreyfus, l’ancien propriétaire de l’OM, aujourd’hui décédé.

Lors d’un article consacré à la gestion des abonnements des virages, So Foot a interrogé Ludovic Lestrelin, un maître de conférences à l’université de Caen et spécialiste de la question du supporterisme en France. Ce dernier se rappelle que RLD n’accordait que peu d’importance aux abonnements gérés par les groupes de supporteurs : « Roger Louis Dreyfus avait l’habitude de dire à ce propos : « J’en ai rien à foutre de ça. Ce n’est même pas le prix d’une des deux jambes de mon n°9 ! » Le club avait conscience de perdre un peu d’argent, mais ce n’était qu’une goutte d’eau », a expliqué Ludovic Lestrelin. Ce dernier a également détaillé le rôle tenu par certaines associations de fans, dans la ville : « À Marseille, la mairie a un rôle extrêmement important vis-à-vis de l’OM, parfois en sous-main, et les supporters y ont des relations. Ils peuvent passer par des intermédiaires, des élus, pour faire pression sur le club. Il y a donc des rapports de forces qui s’instaurent. Et donc tu as des groupes qui s’installent et qui deviennent très clairement des acteurs politiques, à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur du monde du football. » Ainsi, si en premier lieu, il y avait pour le club « un intérêt sur le plan de la sécurité et du maintien de l’ordre dans le stade », il estime que les choses ont évolué après le départ de Bernard Tapie (après ce dernier, Pierre Cangioni, Bernard Caïazzo, Jean-Michel Ripa, Jean-Claude Gaudin et Jean-Michel Roussier se sont succédés à la tête du club, Ndlr) : « Les rapports de forces deviennent à l’avantage des groupes de supporters qui incarnent, dans un environnement extrêmement difficile et instable pour le club, un pôle de stabilité. Finalement, ils sortent gagnants de cette période-là, des années D2 et de la transition vers l’époque Louis-Dreyfus et acquièrent un statut très important au milieu des années 90. »

Bien qu’il soit toujours pointé du doigt pour cette histoire d’abonnement, Bernard Tapie n’est donc pas le grand responsable de l’importance influence gagnée par les supporters sur l’OM. Il serait par ailleurs intéressant de comprendre précisément dans quelle mesure la mairie, et Jean-Claude Gaudin en tête, ont influé sur la gestion du club et sur les groupes de supporters, avant et durant l’ère Louis-Dreyfus.

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