L1 : le coup de gueule d’Anigo

Dans sa chronique hebdomadaire, José Anigo a répondu aux critiques dont sont régulièrement victimes les coachs de Ligue 1 et les jeunes Français. L’ancien directeur sportif de l’OM considère que le public leur fait un procès ingrat.

José Anigo et Dimitri Payet

« Je voulais d’abord pousser un coup de gueule contre ces raccourcis qui consistent à faire passer, en Ligue 1, les entraîneurs comme les plus grands frileux de la terre, a-t-il publié sur le site de France Football. Ce seraient eux les grands et principaux responsables des matchs ennuyeux du championnat. Ah, les beaux et pratiques coupables… » En ce qui le concerner, il « préfère dépasser ces a priori forcément un peu faciles et forcément réducteurs pour y voir plutôt le côté tactique des choses ». Selon lui, « les écarts de niveau entre certaines équipes » ne laissent pas grands choix aux techniciens ». Il estime que ce type de critique n’est par exemple pas émis en Serie A : « Italie, tout le monde dit d’un coach qui quadrille bien le terrain et ferme le jeu intelligemment qu’il est fort tactiquement. Là-bas, la culture de la gagne est acceptée par tout le monde: les joueurs, les journalistes, les spectateurs. Gagner 1-0 est normal. Et surtout pas une maladie honteuse. » Il conseille ainsi d’arrêter « cette hypocrisie » et conseille à leurs détracteurs de se mettre « dans la peau de ces coaches d’équipes à petit budget ».

Il a également pris la défense des joueurs français, souvent cibles de critiques en raison de leur mentalité : « Ces réflexes-là me gonflent. On voudrait qu’à vingt ans ces gamins aient la carrure, l’expérience et la malice d’un joueur confirmé. À cet âge-là, tu finis à peine ta formation. Tu as beau avoir du talent, la priorité est de trouver ta place dans un monde d’adultes très concurrentiel. » Selon lui, « ces jeunes, il faudrait davantage les préparer » et « les protéger des médias, de leurs entourages quelques fois néfastes et d’eux-mêmes ». Il estime que le danger est qu’ils ont « de plus en plus tendance à s’enflammer très rapidement » et qu’il faut « beaucoup échanger avec eux afin de tracer un plan de carrière progressif » : « En intégrant l’idée de passages à vide. Ils sont inévitables et participent à la construction d’un jeune footballeur. Car une évolution ne s’effectue pas sans accroc. Il faut se montrer patient avec eux et eux doivent aussi apprendre les vertus de la patience. (…) Si je ne veux pas tout excuser chez ces jeunes qui se prennent parfois pour ce qu’ils ne seront jamais, j’aimerais que l’on soit plus tolérants avec eux », a-t-il conclu.

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