« Cette histoire remonte à vingt et quelques années maintenant, le temps efface beaucoup de choses. Toute la vie, vous ne pouvez pas sans arrêt ressasser les mêmes problèmes », a-t-il expliqué. Il met notamment cette erreur sur le compte de sa jeunesse : « Vous ne pouvez pas vous arrêter, toute votre vie, toute votre carrière, sur une affaire. Vous savez, en 1993, je n’avais que trente-six ans, j’étais jeune. Et à trente-six ans, vous ne pouvez pas vous arrêter de travailler. Donc, il faut retravailler et je n’ai pas choisi la facilité puisque je suis revenu dans la même activité, dans le même milieu du football. » Il s’est également rappelé sa jeunesse de supporter de l’OM : « C’est mon père qui m’a fait découvrir le football. Je suis l’Olympique de Marseille depuis 1967. On allait voir tous les matchs de l’OM le dimanche avec mon père : c’était la sortie du dimanche. Je me suis passionné pour le football. »
Jean-Pierre Bernès a ensuite intégré le club phocéen, en 1981 : « Quand j’ai terminé mes études, je voulais effectivement devenir journaliste sportif, parce que je suis passionné par le monde de la presse et le monde de la communication, contrairement à ce que l’on pourrait croire. (…) J’ai eu la chance de me retrouver sur le chemin de Monsieur Claude Cuny, qui était le directeur général de l’époque, et Jean Carrieu, qui était le président. Le club était en perdition et dans toute la région, il y avait des comités de sauvegarde du football de haut niveau à Marseille, le soir dans des bars, dans les entreprises… J’effectuais mon service militaire à Aix-en-Provence, avec l’état-major, et tous les soirs quand j’avais terminé, j’allais assister à ces réunions. Et je me suis fait découvert par Monsieur Cuny, qui a apprécié mes remarques, mes réflexions, mes questions, … Et un jour il m’a proposé le poste. »
Un travail relativement précaire : « Lors de mon premier contrat avec l’Olympique de Marseille, Maître Astier, un liquidateur, m’avait expliqué qu’il pouvait être résilié du jour au lendemain, parce que le club pouvait être en liquidation judiciaire. J’ai quand même pris ce risque. » Avec le recul, le conseiller de Didier Deschamps considère que l’Affaire VA-OM fait partie de son histoire : « Dans sa propre histoire, chacun a des hauts et des bas. » Il estime que « Marseille use », que « vous oubliez quelquefois certains fondamentaux » et que « vous pétez les plombs ». Il ne serait aujourd’hui pas contre un retour dans un club : « Peut-être que cela se fera jamais, car il faut qu’il y ait un projet intéressant, il faut que quelqu’un soit intéressé, mais c’est quelque chose sur lequel je réfléchis beaucoup. » Il souhaite effectivement démontrer qu’il n’était pas « un si mauvais dirigeant que ça » : « Je sais que si je suis dirigeant, je réussirai. C’est prétentieux mais c’est comme ça. »
Il se souvient enfin de 1993 : « Gagner la Ligue des Champions, croyez-moi, c’est beau. Quand on l’a gagné en 1993, le soir même, je l’ai pris la coupe d’Europe, j’ai dormi avec elle dans ma chambre et j’avais même mis ma fille, qui avait sept ans, dans la coupe d’Europe. Il n’y avait que la tête qui sortait. Gagner la Ligue des Champions et l’avoir à côté, c’était un grand moment. Cela peut se gagner la Coupe d’Europe. » Depuis vingt-deux ans, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. De là à imaginer que Vincent Labrune puisse faire appel à lui, maintenant que José Anigo s’est éloigné de la Commanderie, il n’y a qu’un pas.