Acariès avait sollicité Jacky le Mat pour calmer les supporters

Louis Acaries, Jose Anigo © Icon Sport

Louis Acariès a révélé avoir eu l’aide de Jacky le Mat, lors de sa mission visant à remettre de l’ordre à l’OM, en 2004.

Confronté à une situation qui ressemblait à celle d’aujourd’hui, Robert Louis-Dreyfus a fait appel à Louis Acariès, en 2004, pour calmer les tribunes du Stade Orange Vélodrome. Lors d’un entretien accordé au JDD, l’ancien boxeur a révélé comment il était parvenu à faire le ménage.

« C’était surtout de la com’. Un audit humain, je peux le faire. Un audit financier, c’est plus difficile. J’arrive tout seul comme représentant du propriétaire. Je dis au président en place (Christophe Bouchet, dont il ne veut pas prononcer le nom, NDLR) : ‘Cela fait un moment que Robert souhaite que vous partiez, c’est le moment’ », a relaté Acariès dans l’hebdomadaire. Le contexte était chaud : « L’animosité était réelle avec les supporters. Ils ont des droits, dont celui d’être respectés. Mais aussi des devoirs, en premier lieu celui de ne pas malmener l’institution. Pendant cinq ans, avec Pape Diouf (président de l’OM entre 2005 et 2009, NDLR), que j’avais installé presque à son insu, on a rendu ce club normal. »

Acariès n’a pas été parler aux supporters : « Je n’ai pas vu un seul d’entre eux. N’oubliez pas : je suis de Marseille, j’avais mes réseaux, mes amis. Ils m’ont dit : « Mais qu’est-ce que tu viens faire là ? » J’avais quand même une renommée mondiale dans la boxe. Ils m’ont écouté et m’ont dit : ‘On va t’aider’. Je leur ai dit que je ne voulais pas devenir président, que j’étais là pour réparer et repartir. Ils connaissaient les supporters, ceux qui géraient tout ça, ils leur ont parlé de manière convaincante. Et du jour au lendemain, les problèmes ont disparu au stade », a-t-il expliqué.

« Jacky le Mat a appuyé sur des boutons, je ne veux même pas savoir lesquels »

Qui étaient ses amis ? « Tout d’abord mon amie intime, l’avocate Sophie Bottai, à qui j’adresse une pensée car elle traverse une période difficile. Elle m’avait un jour présenté l’un de ses clients. On va mal l’interpréter, on se trompera, mais j’assume : Jacky le Mat, décédé aujourd’hui (Jacky Imbert, mort en 2019, figure du banditisme français et proche de personnalités du show-biz comme Alain Delon, NDLR), qui était devenu un copain. Il avait suivi tous mes combats, toujours au premier rang. Je ne vais pas faire son apologie ici. Mais c’était un type qui m’admirait pour ma carrière. Je leur ai expliqué la situation. Il a appuyé sur des boutons, je ne veux même pas savoir lesquels, et à partir de là, on m’a fait confiance. Je voudrais dire aussi l’importance d’une autre personne, le préfet Bernard Squarcini, en poste à Marseille (préfet délégué pour la sécurité de la région PACA de 2004 à 2007, NDLR). Il m’a énormément aidé à gérer les supporters quand ça chauffait. Et pourtant c’est un flic, pas un voyou. Il y a eu des tensions durant ces cinq années, bien sûr, mais rien de grave. L’institution et le propriétaire étaient respectés. »

Acariès pense que Pablo Longoria n’est « peut-être pas aussi bien conseillé qu’on le pense ». Il a donné son avis sur la situation actuelle : « Les supporters de l’OM ne sont pas des gens comme ça. Rachid Zeroual, même s’il a fait de la prison, ça n’en fait pas un mafieux – pas plus que Rolland Courbis. Je ne le connais pas plus que ça, et quand il a menacé Didier Deschamps, j’étais déjà parti du club, je l’ai appris bien après. Avec toute l’estime que j’ai pour Didier, le club avait changé de direction, on permettait aux supporters de faire la loi parce que le nécessaire n’était peut-être pas fait de l’autre côté. Ils sont chauds, ces gens-là, ils se mettent vite en colère. Mais si vous leur parlez vrai, correct, entre hommes – ou femmes, car elles sont nombreuses ! – ils peuvent vous faire confiance. »

Ce que l’histoire ne dit pas, c’est ce qui a été lâché en coulisses pour bénéficier de ces aides. Il paraît peu probable que Frank McCourt fasse appel à Louis Acariès ou à des protagonistes du milieu, en 2023. L’Américain a visiblement l’intention de faire le ménage pour permettre aux dirigeants de travailler sereinement, en passant par les voies réglementaires.

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