Labrune « Est-ce que les sanctions de la commission de discipline sont suffisantes ? »

Vincent Labrune s’est exprimé à demi-mot sur les sanctions prononcées par la commission de discipline. Il a également commenté les réactions très litigieuses de Jean-Pierre Rivère et Jean-Michel Aulas, suite aux incidents survenus dans leurs stades.

Vincent Labrune

« La Ligue a un devoir de réserve par rapport aux décisions de la Commission de discipline, qui est indépendante. On aurait pu parfois parler un peu plus, mais nous ne l’avons pas fait afin de ne pas biaiser ses décisions. Vous répondre, c’est risquer d’impacter les prochaines… En préambule, je rappelle que la Commission n’a jamais sanctionné aussi durement que cette saison. Elle a retiré des points, elle a fermé des stades, des tribunes, elle a interdit des supporters de déplacements… Elle n’a jamais tapé aussi fort. Mais est-ce que c’est suffisant ? On a le droit de se poser la question. Est-ce que si les sanctions étaient encore plus dures cela changerait les choses ? L’avenir le dira. Mais une chose est sûre : ce n’est pas la Commission de discipline à elle toute seule, avec les pouvoirs qui sont les siens, qui va régler les problèmes de sécurité dans le football », a déclaré le président de la LFP lors d’un entretien donné à L’Équipe.

« Il ne faut pas être aveugle non plus »

Il comprend les présidents Rivère et Aulas, malgré leur prise de décision très dommageable. Tout au moins jusqu’à un certain point : « Déjà, c’est quelque chose que je comprends. J’ai été six ans président de l’OM et ça m’est arrivé, notamment sur un Marseille-Lyon, épique à l’époque. J’ai eu un peu le même type de réaction que Jean-Pierre et Jean-Michel. De bonne foi, je n’étais pas au courant qu’il y avait une mini-potence de Mathieu Valbuena dans les tribunes du stade. Quand on est dans l’action, on n’a pas accès à toutes les données et parfois on manque de hauteur. Ceci dit, quand on est la LFP, on doit en prendre, alors que les présidents de clubs ont des circonstances atténuantes en réagissant parfois maladroitement. Mais il ne faut pas être aveugle non plus. »

Il a loué le comportement du RC Lens, qui a mis les supporters fautifs dehors : « Historiquement, oui. Les supporters font partie de la vie du club. Les présidents doivent composer en permanence avec leurs groupes de supporters. Mais il y a un contre-exemple majeur, le RC Lens, qui a fait preuve d’un grand courage, d’une grande célérité et sévérité dans ses prises de décisions suite aux incidents face au LOSC. Ils ont identifié plus d’une quarantaine de leurs supporters qu’ils ont immédiatement interdits de stade. C’est par ce type de comportements qu’on arrivera à éradiquer ce fléau. Ce n’est pas simple, mais on n’a plus le choix. L’Angleterre a réussi à s’en sortir il y a plusieurs dizaines d’années. On n’en est pas là, on doit donc pouvoir s’en sortir. Il faut aider les clubs. C’est pour cela que la réunion de demain (mardi) est importante, car ils doivent être soutenus par les ministères de l’Intérieur et de la Justice. »

Il regrette le comportement des pouvoirs publics : « Il faut des interdictions de stade, que les parquets suivent les dépôts de plaintes… Il y a des sanctions collectives, mais un sentiment d’impunité individuelle. Il faut que ça cesse. » Il pense enfin que ces incidents sont le reflet de la société : « Un stade de football est le reflet de l’état de notre société. Et notre société post-crise sanitaire va mal : elle est anxieuse, inquiète, désunie, contestataire et – il faut le dire – un peu folle. Non, le football professionnel français n’est pas responsable de la folie des gens et de celle de l’individu qui a lancé sa bouteille, dimanche soir, sur Dimitri Payet. Mais oui, le football professionnel français a, sans doute plus que d’autres, un devoir d’exemplarité et doit tout faire pour montrer l’exemple et éradiquer de manière définitive cette violence urbaine qui s’est propagée dans nos stades. Quel qu’en soit le prix, nous devons réussir. C’est une question de survie pour notre sport. »

La commission de discipline donnera son verdict le 8 décembre, concernant l’incident d’hier.

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