Lors d’un long entretien accordé à La Provence, Medhi Benatia s’est exprimé sur les débuts des jeunes vainqueurs de la Coupe Gambardella au sein du centre de formation phocéen. Le dirigeant les juge trop timides : « Je me tue à répéter aux petits Darryl (Bakola), Enzo (Sternal), Keyliane (Abdallah), Gaël (Lafont) et compagnie, qu’ils réfléchissent trop. Ils se disent trop qu’ils n’auront pas leur chance, que c’est compliqué. Il y a trop de respect. Je les vois à l’entraînement, ils ne se lâchent pas comme ils devraient le faire. Entre un gamin de 17 ans et un Højbjerg ou un Rabiot, je dois voir la différence entre un minot et un top joueur. Mais dans l’envie, l’enthousiasme d’un jeune doit me sauter aux yeux », a-t-il confié.
« Je ne suis pas sûr qu’on ait un crack générationnel comme Samir »
Medhi Benatia se souvient de ses débuts. Il promet que l’état d’esprit était alors différent : « On n’était pas comme ça. Quand Samir (Nasri) prenait le ballon à l’entraînement, il n’avait qu’une idée en tête : comment éliminer Habib Beye ou Abdoulaye Meïté. Quand je défendais, j’ai déjà eu des réflexions de joueurs qui me demandaient d’y aller plus doucement. Ce n’était pas concevable. Quand tu répondais, on te renvoyait sur le terrain synthétique. Vingt ans plus tard, tu en tires les leçons, car le football a changé nos vies. Dans cette génération 87, avec Samir, Hatem (Ben Arfa), Karim (Benzema), Jérémy (Ménez), il n’y aurait pas eu beaucoup de docteurs ou d’avocats. Mais dans le caractère, on avait une envie débordante et, surtout, on n’avait pas de plan B. Moi, je n’en ai jamais eu. C’est trop facile de se dire qu’en cas d’échec, il faut renoncer. »
Le dirigeant phocéen regrette aussi que les jeunes baissent les bras trop facilement, conscients que d’autres clubs pourraient les accueillir : « Ceux à qui on avait prédit davantage de minutes et qui ne jouent pas, ce n’est pas un vol. C’est parce que ce n’est pas suffisant en termes d’efforts, de sacrifices, de travail. Quand un jeune fait deux matchs en équipe de France, les agents savent venir te voir pour réclamer un contrat pro. Je leur dis : « Super ». Mais je ne suis pas sûr qu’on ait un crack générationnel comme Samir, un mec qui peut jouer au Vélodrome à 17 ans. Je ne le vois pas, en tout cas. Mais on va travailler pour y arriver », a-t-il conclu.
Des mots qui visent clairement à secouer les joueurs concernés. Des éléments comme Enzo Sternal étaient porteurs d’une grande réputation, mais il leur reste désormais à prouver sur le terrain que celle-ci est bien fondée.