Comment tout a commencé …
La petite fille : » dis, Papé, c’est vrai que l’OM c’était un grand club avant ? C’est pour ça que le grand stade du boulevard Michelet il existait ? Y avait plein de gens qui venaient dans le stade, hein pape ? Avant ? »
Papé : (long long soupir) » si je te dis qu’il avait régulièrement, –tu m’entends ? ré-gu-liè-re-ment– 60.000 personnes qui venaient chanter danser pour supporter leur équipe, tu te dis que Papé il raconte des histoires, hein ? Tu penses : il est jobastre, Papé, il est devenu tout fada avec l’âge… Et pourtant, je peux te le jurer : je faisais partie des 60.000 encatanés qui venaient à chaque fois que l’équipe jouait. Tiens, vise l’armoire en face de la table : c’est toutes les cassettes (je t’expliquerai plus tard comment ça marchait) et les DVD de l’époque. Et comme t’en as dans le cabestron, tu vas me demander comment ça se fait que l’OM maintenant il joue en division d’honneur à la valentine… ?
La petite fille (conciliante) : » comment ça se fait que l’OM maintenant il joue en division d’honneur à la valentine… ? »
Papé : » Ah ça… C’est une longue histoire, qui peut paraître totalement folle avec le recul… (puis, prenant le ton de inspiré de l’oncle Bernard) Il faut que tu saches que le terrain, ou plutôt le terreau était favorable. Après avoir gagné la Ligue des champions (qui, à l’époque ne s’appellait même pas comme ça), l’équipe était restée plus de 10 ans sans rien gagner, et tous les ans, je dis bien tous les ans, les supporters attendaient qu’il se passe quelque chose de bien dans le club, au niveau des résultats, tu vois… Et tous les ans, c’était déception sur déception. Bon. Tu as sans doute remarqué qu’ici, la qualité principale, c’est pas précisément la patience. »
La petite fille : » et alors, qu’est-ce qui s’est passé ? »
Papé : » L’étincelle qui a fait déborder l’huile sur le vase du feu, c’est que l’OM a perdu deux fois de suite contre Paris qui à l’époque était l ‘ennemi juré. Tu entends ? Deux fois de suite. »
La petite fille : » Pourquoi, parce qu’ils étaient vraiment plus fort Paris? »
Papé : » RRrrha… (excuse-moi, une vilaine toux qui me remonte…) Même pas. Mais du coup, ça faisait 8 fois d’affilée que nous autres, les marseillais, on perdait contre les parigauts-tête-de-veaux, alors qu’on les avait battu pendant 30 ans auparavant. Et ça, nous les supporters, on l’a pas supporté.Tu comprends, on avait notre honneur. On pouvait pas perdre la face de longue… C’est important, l’honneur »
La petite fille (observatrice et finaude) : » Pourtant, un supporter ça devrait savoir toujours tout supporter, puisque c’est le même mot… ? »
Papé : » T’as pas tord, petite, t’as pas tord… Mais bon, le fait est là, et tout s’était joué sur deux trois petits détails. Par exemple, je pense maintenant que le drame a eu lieu sur le premier des deux matchs, quand les parisiens –tête-de-chien– (là, Papé sourit de retrouver avec tant d’aisance les vieux réflexes d’antan) avaient gagné à 10 contre 11 en montrant beaucoup plus d’envie et de détermination que leurs adversaires. Oui, ça s’était bien joué là… Parce que le deuxième match, lui, s’est joué sur un seul détail. La capitale (tu sais: ceux qui parlent pointu), qu’était venu avec ses peintres, allait se faire gentiment atomiser, (normal, tu vois: vite ils perdaient 2 à 0), quand, sur un coup du coquin de sort, elle a réduit la marque alors que la minute de temps additionnel était dépassée de 15 secondes… Alors, les doutes se sont emparés de l’esprit des joueurs qui ont commencé à se caguer dessus tout du long en deuxième mi-temps. Et bien, sûr, il ont perdu le match comme des têtes-de-pain-sucés qu’ils étaient… Et c’est là que tout s’est enchaîné. A ce moment-là, nous autres cons de supporters, alors que les gars de l’équipe avaient la tête sous l’eau, on a fait ce qu’il fallait pour complètement les néguer… »
La petite fille : » Ben oui mais c‘est bête, vous avez cassé votre jouet…Parce qu’après l’équipe elle a plus joué en ligue 1… »
Papé : » Ca s’est pas passé d’un seul coup, tu sais. Ca a été un long enchaînement… En fait, après ces deux défaites, les supporters ont décidés de faire grêve… »
La petite fille (ouvrant de grands yeux): « Grêve ? Parce que c’était votre métier de supporter ? »
Papé : « Boudi ! Qu’est-ce que tu vas imaginer là ??? Non, non…Au contraire ! On payait pour aller au stade !! Mais m’embrouille pas…Laisse-moi te raconter la suite… »
Bientôt sur votre écran l’épisode 2: « comment tout est parti en couille« .