Avec 10 défaites en 11 rencontres, Didier Deschamps et ses joueurs explosent tous les records cette saison sans que pour autant des mesures drastiques soient prises. Symbole de cette inertie, le président Vincent Labrune qui n’a pas tranché la discorde entre José Anigo et le coach olympien et qui semble vouloir faire comme si rien ne se passait depuis quelques semaines. C’est peut-être parce qu’il y a des raisons objectives au statu quo.
Parce que Labrune n’a pas le choix
Avec un contrat qui court jusqu’en juin 2014 et un salaire de 250 000 euros par mois, Didier Deschamps est financièrement en position de force face à son employeur qui devrait faire bien des sacrifices pour payer ses indemnités de licenciement et payer le salaire de son successeur. « Le problème n’est pas financier » indique aujourd’hui le président Labrune mais on peut tout de même en douter vu l’avalanche de résultats négatifs ces deux derniers mois. Si Pape Diouf avait réussi à éteindre le feu déclenché par le départ volontaire d’Eric Gerets en juin 2009 avec l’arrivée d’un calibre de la dimension de Didier Deschamps, pas certain que Vincent Labrune en soit capable dans un contexte budgétaire tendu. Cela serait d’autre part la dernière cartouche du président phocéen marqué au fer rouge comme le responsable de l’éviction de Pape Diouf en juin 2009. Choisir c’est renoncer !
Parce que Deschamps demeure populaire malgré tout
Capitaine de l’Olympique de Marseille lors du sacre européen en 1993, Didier Deschamps a une carte de visite à faire pâlir la plupart des consultants de Canal+ qui pourtant n’ont aucune honte à distiller leurs conseils à chaque occasion. Champion de France et d’Italie à 3 reprises en tant que joueur, vainqueur 2 fois de la Ligue des Champions (avec l’OM et la Juve), Didier Deschamps a tout gagné en tant que joueur et veut tout gagner en tant qu’entraineur. Une ambition qui plait aux supporters même si cette obsession du résultat au détriment du jeu ne séduit pas les foules. Connu de tous en France et parmi les amateurs de football en Europe, Didier Deschamps est le seul « nom » au sein du staff du club phocéen. Là où le Bayern Munich n’a que des anciens cadors à toutes les strates de décision, virer Deschamps paraitrait donc en totale discordance avec la volonté initiale de Robert Louis-Dreyfus de faire de l’OM le Bayern du Sud.
Parce que ça ne servirait à rien de virer Deschamps
Même s’il est « marqué » par la série historique de défaites qu’enregistre l’OM ces dernières semaines de l’aveu même de son agent Jean-Pierre Bernès, Didier Deschamps parait être toutefois le fusible idéal. Son éviction pourrait certainement un temps redonner un certain élan à l’Olympique de Marseille au niveau des résultats mais ne serait-ce pas mieux reculer pour mieux sauter ? Certes dans tout club, pour bien moins de revers que cela, l’entraineur est mis à pied mais le mal n’est-il pas plus profond au sein du club phocéen ? « Une saison blanche, cela peut arriver et ça ne doit pas tout remettre en cause » affirme justement Vincent Labrune. Il a raison même si on peut lui rétorquer que ses deux prédécesseurs étaient toujours arrivés à intégrer le top 3 depuis 2007. Dirigé par téléphone de Paris (ultime affront) n’est peut-être la meilleure manière de diriger au mieux un club.
Aujourd’hui, à la surprise générale, Vincent Labrune a ouvert la porte à un départ du coach marseillais en fin de saison. « Didier veut gagner la Ligue des champions un jour, et il y a des offres qui seraient difficiles à refuser. » Une manière pour tous de sauver la face ? Peut-être.
Toutefois, s’il advenait qu’il souhaite rester à Marseille, Didier Deschamps devrait inévitablement changer. Assumer ses erreurs d’abord et arrêter de rejeter les fautes sur les autres (Anigo, l’arbitrage, le terrain, le calendrier, …). Remettre en cause ses choix (Pintus, sa décision de ne pas faire de turn-over face au Havre ou à Bourg-Péronnas). Il devra aussi comprendre que les supporters attendent des victoires mais aussi du spectacle. Et peut-être alors il retrouvera derrière lui le public qui le consacra un jour de 1993.