Anigo : un point d’achoppement entre supporters ?

Au club depuis des lustres, José Anigo vient tout juste de sortir vainqueur d’une longue bataille face à son meilleur ennemi, Didier Deschamps. Il pourrait certainement célébrer son retour en force dans l’organigramme du club après deux saisons de mise à l’écart. Sauf que, parmi les supporters de l’OM, des dissonances se font entendre à […]

Au club depuis des lustres, José Anigo vient tout juste de sortir vainqueur d’une longue bataille face à son meilleur ennemi, Didier Deschamps. Il pourrait certainement célébrer son retour en force dans l’organigramme du club après deux saisons de mise à l’écart. Sauf que, parmi les supporters de l’OM, des dissonances se font entendre à son sujet de façon de plus en plus visible. Ainsi, face à Nîmes, quelques supporters ont déployé deux banderoles indiquant « Anigo dégage » ou « Anigo casse-toi« . L’intéressé (et ses supérieurs) peuvent bien minimiser ces agissements mais, pour nous supporters, n’est-il pas temps de s’interroger sur le sujet ?

Des résultats discutables

Joueur de seconde zone, José Anigo a gravi les échelons un à un. Il est intronisé adjoint de Tomislav Ivic puis à la tête de l’équipe première par Bernard Tapie en 2000. Il ne tient pas sa fonction longtemps, son bilan de deux nuls et deux défaites est ponctué d’un clash avec le boss qui le ramène à la formation des jeunes. Néanmoins, Anigo a toutefois l’occasion inespérée d’entraîner une nouvelle fois l’Olympique de Marseille de janvier à novembre 2004, après l’éviction d’Alain Perrin. Profitant peut-être un peu du travail de son prédécesseur (comme Deschamps lors du titre de champion en 2010), Anigo atteint la finale de Coupe d’UEFA en éliminant le Liverpool FC, l’Inter de Milan et Newcastle United. L’OM perd face au FC Valence et grâce à un Pierluigi Collina peu inspiré. Si on peut lui reprocher bien des choses, on ne peut pas lui retirer cette réussite imprévue qui témoignent de capacités certaines à fédérer des hommes derrière lui. La suite est moins glorieuse avec le départ mal géré de Didier Drogba. Le Marseillais est débarqué en novembre 2004. Nommé par Pape Diouf, il devient directeur sportif de l’OM en juin 2006. Le duo fonctionne plutôt bien, et notamment lors des deux saisons d’Eric Gerets. Il ne s’entend pas avec Jean Fernandez et Didier Deschamps qui démissionnent en partie en raison des divergences avec le dirigeant provençal. José Anigo fédère autant qu’il clive à l’intérieur du club. En attendant de cliver à l’extérieur…

Des chefs contre leur base

A la manière du Parti Socialiste face au vote sur le référendum européen de 2005, la plupart des chefs des groupes de supporters, solidaires de José Anigo, ont des idées bien différentes de leur base qui parait de plus en plus hostile envers le directeur sportif de l’OM. Pour preuve, après la banderole déployée à Nîmes, plusieurs responsables des groupes ont immédiatement indiqué qu’ils se désolidarisaient de cette initiative. Or quand les élites n’ont plus de connexion idéologique avec leur base, le divorce n’est pas loin d’être consommé. Vincent Labrune, José Anigo et certains des chefs des groupes de supporters peuvent bien estimer que ces banderoles ne sont qu’un feu follet allumé par des éléments isolés mais force est de constater pourtant que le malaise est bien plus ancré qu’il n’y parait. Cet aveuglement pourrait en tout cas s’avérer à terme explosif et rejaillissant au sein du club au-delà de la personne de José Anigo.

Anigo peut-il s’inscrire dans la durée à l’OM ?

Décrié depuis quelques années et plus encore depuis deux ans dans son affrontement avec Didier Deschamps, José Anigo souffre certainement de ce désamour. Lui et ses partisans peuvent considérer que tout cela est injuste, mais peuvent-ils mettre fin à ce malaise ? On peut en douter. Considéré comme à l’origine du départ de Didier Deschamps, José Anigo sera en première ligne cette saison et, même si Elie Baup réussit, n’est pas certain de voir sa cote remonter. Il reste également l’objet de rumeurs et de ragots diffamatoires largement utilisées par ses détracteurs alors qu’il n’a jamais été inquiété de près ou de loin par la justice pour son rôle de dirigeant à l’OM (au contraire de bien d’autres). Tout cela ne va évidemment pas dans le sens d’un exercice serein de sa fonction de directeur sportif mais en est-il responsable ? Certainement pas. Toutefois on peut s’interroger sur la pertinence pour l’OM de conserver une personnalité qui n’arrive plus à rassembler les supporters, et qui même au contraire les divise. A moins que José Anigo ne soit finalement qu’une caution locale d’un club dirigé de Paris (par des Parisiens), ce qui n’est ni valorisant pour l’intéressé, ni profitable au club.