On l’a donc appris ce matin, l’UEFA a finalement condamné l’Atletico Madrid suite au match de Ligue des Champions face à l’OM qui se déroula dans les conditions que l’on sait aujourd’hui. Le second club de la capitale espagnole se voit tout d’abord infliger deux matchs de suspension de son stade Vicente Calderon plus un avec sursis et l’obligation de disputer ses deux derniers matchs à domicile face au PSV Eindhoven et Liverpool à plus de 300 kilomètres de Madrid. Cette sanction se doit bien sûr d’être saluée tant cette arène nauséabonde et ses pseudos supporteurs avaient contaminé l’ambiance autour de ce match. Les cris de singe adressés à l’encontre des joueurs noirs de l’OM et autres slogans hitlériens rappellent malheureusement que pour certains abrutis madrilènes les signes précoces de la maladie d’Alzheimer sont déjà apparus.
Nous nous réjouissons donc de cette nouvelle mais en poussant un peu plus loin la réflexion, qu’est ce que cela va finalement changer ? Aller jouer à 300 kilomètres de là d’accord mais en quoi cela empêchera-t-il ces supporteurs racistes d’aller conspuer Mendez, Salcido, Babel ou N’Gog, joueurs du PSV Eindhoven et de Liverpool lors de ces deux prochains matchs ? Absolument en rien ! Ils ne seront même pas privés de la recette de ces matchs. Une suspension de stade pour plusieurs années en Coupe d’Europe ou l’éviction de cette équipe de la Ligue des Champions n’auraient-elles pas été des idées plus fermes ? Le très valeureux Michel Platini, toujours là pour défendre son arbitrage du XIXème siècle fut étonnamment absent dans les média pour condamner les actes madrilènes. Les enjeux économiques auraient-ils balayé les promesses faites lors de sa campagne par l’ancien numéro 10 des Bleus ? Sans doute.
Autre mesure prise à l’encontre du club espagnol, une amende de 150.000 € et la suspension de son entraineur pour deux matchs. Quand on sait le pactole rapporté par la Ligue des Champions et les sommes dépensées sans compter sur le marché des transferts par le club madrilène depuis plusieurs saisons, cette amende fait figure de véritable foutage de gueule. La FIFA, organisme on ne peut plus proche de l’UEFA, n’a-t-elle pas condamné récemment le roumain Mutu à une amende de 17 millions d’euros pour avoir approché son nez un peu trop près d’une farine d’origine colombienne ? Mais dans le même temps les composantes d’un club qualifié pour la Ligue des Champions (supporteurs, stadiers, staffs techniques sont sous la responsabilité du club recevant) peuvent lancer des cris de singes, des slogans nazis, insulter les joueurs olympiens, les laisser dans des vestiaires sans eau ni électricité, humilier, blesser des supporteurs adverses pour une amende 100 fois moins élevée. Nous ne souhaitons pas donner raison à Mutu, bien au contraire, mais montrer que les instances décisionnaires du football ne sont pas tout à fait logiques dans leurs décisions, loin de là.
Comme nous le relevions quelques jours après le match, c’est aussi le manque de résonance dans les média hexagonaux qui nous dérangent. Personne ne s’est élevé pour dénoncer le comportement subi par les supporteurs marseillais. A croire que cela faisait même plaisir à certains de pouvoir se dire qu’après tout, les supporteurs n’avaient que ce qu’ils méritaient. Qui s’est élevé pour dénoncer l’emprisonnement de Santos, toujours incarcéré, deux semaines après les faits, à Madrid ? Personne ou presque. Nous saluons en revanche pleinement La Provence qui n’a eu de cesse de parler de ces différentes affaires. Ne versons pas une fois de plus dans la paranoïa mais le traitement accordé par le passé à la dite « affaire Ouaddou » fut tellement impressionnant que nous étions en droit d’en attendre un équivalent pour nos joueurs et nos supporteurs. Nous ne voulons pas dire que le sort réservé à l' »affaire Ouaddou » était excessif, bien au contraire, mais que ces mêmes médias auraient pu faire preuve de davantage de compassion et s’élever contre ce bien piètre club qu’est l’Atletico Madrid avec un écho bien plus fort que sera aujourd’hui le nôtre. Mais force est de constater qu’il est bien plus facile de taper sur un sélectionneur de l’équipe de France que de soutenir un club qui sera à jamais marqué par ce match à Madrid.
Alors pour répondre à la question initiale, non la morale n’est pas sauve. Car ces sanctions nous semblent trop faibles face aux blessures et humiliations subies par tout un club, un soir de Coupe d’Europe à Madrid. Souhaitons que nous ne soyons finalement pas les seuls à nous élever contre ces prétendues sanctions qui ne sont pas à la hauteur du préjudice subit. Car s’il faut attendre une nouvelle tragédie comme celle du Heysel pour que les instances réagissent pleinement, alors le football, déjà au fond du trou, aurait sorti la pelle pour creuser un peu plus profond.