En ouverture du grand bal de la Ligue des Champions, l’OM se voit contraint d’aller faire des pointes en Autriche, plus exactement dans sa capitale Vienne, le fief de la family Strauss. Rangez de suite les ballerines, çà sentirait plutôt le déplacement rock’n’roll. Faut bien l’avouer, avec ses valses surannées, le père Richard, depuis des lustres, ne fait guère plus kiffer que les fondus de concours de danse acrobatique.
Savez bien, le truc de vétéran où mamie mouille la culotte au bras d’un inconnu qu’a dépassé la date de péremption. Le genre d’endroit béni où jupe fendue et cuisse musclée, strass, paillettes, froufrou et maquillage intensif rivalisent avec spencer à la gomme et brushing d’un autre âge. Un affichage de mauvais goût à faire passer Candeloro pour l’Apollon du Belvédère en matière d’élégance.
M’enfin là, c’est de shorts et crampons dont on cause. Au centre de la piste de l’Ernst Happel Stadion, va pas falloir faire dans la dentelle. Envoyer valser les fondus d’escalopes panés, tel est la condition sine qua non pour obtenir le précieux sésame. Le seul qui donne le droit de swinguer dans la cour des Grands. Le nec plus ultra pour Ali-Baba du simili-cuir qui veut sniffer du brouzouf.
L’Austria Vienne ou plus exactement le FK Austria Memphis Magna, c’est la chose de l’homme le plus riche d’Autriche, Frank Stronach, un milliardaire austro-canadien. Achtung, chasse gardée, ce team c’est sa petite folie, son petit grain de fantaisie. Une danseuse en quelque sorte pour qui le nabab est prêt à craquer peu ou prou de sa fortune sans espérer un quelconque retour sur investissement.
Cette année, pour les beaux yeux de sa cavalière, il en encore cassé sa tirelire, le vioque aux tempes aussi argentés que grisonnantes. Outre Joachim Loew, le coach teuton qu’il est allé chiper au FC Tyrol, il a invité pêle-mêle un libéro batave Verlaat, vieille connaissance de tonton Guy, un défenseur international nigérian Afolabi, un milieu offensif croate Vastic, un attaquant australo-allemand Dundee et tout récemment un récupérateur lensois Blanchard.
Tout ce petit monde vient s’ajouter à un corps de ballet solide qui a réalisé la saison passée le doublé coupe-championnat sous la houlette de son inspirateur, le slovaque Janocko. Au côté de son capitaine, le maestro autrichien Wagner, l’ex-tchèque (on en profite pour éternuer) a su donner le tempo à un duo de pointes 100% norvégien Rushfeldt et Helstad. Bref, voilà bel et bien une troupe cosmopolite en plein renouveau après une valse endiablée de 19 entraîneurs depuis 1990 et le départ du sulfureux Djalminha reparti prophétiser la samba à La Corogne.
« En somme, une équipe de tempérament » avait conclu Perrin à l’issue de son récent périple en repérage sur les rives du beau Danube bleu. A la chorégraphie locale, il lui fallait répondre avec grâce et modernité. Point de tango old style à la Marcelo, Monaco et ses princes ne l’avaient pas voulu ainsi. Pas plus de flamenco ni de paso-doble, Morientes n’avait jamais réussi à rejoindre les berges du Vieux-Port. Encore moins une lambada façon rongeur carioca…
Alors quid de la manière de se déhancher au pays de la glisse ? On oublie la polka ou la mazurka, Piotr a raccroché les patins avant-hier. Alors, même si la compagnie phocéenne ne compte plus d’autochtone, reste bien sûr un bon vieux french-cancan concocté par l’Alain. Avec des nouvelles figures afro et un métronome tchèque, nul doute qu’il peut renouveler à Vienne le genre Moulin Rouge. Une danse du ventre à la Mido après un mouvement victorieux nous ravirait sans aucun doute…