Aux sombres héros de l’amer

Nous sommes le 26 mai 1993. L’OM et ses supporter touchent les étoiles. Une victoire pour l’éternité, les larmes de Basile ne coulent plus. Vainqueurs du grand Milan, de Van Basten et de Capello, les hommes du regretté Raymond la Science font chavirer la France et Marseille. 26 mai 2006… Cela fait maintenant 14 ans […]

Nous sommes le 26 mai 1993. L’OM et ses supporter touchent les étoiles. Une victoire pour l’éternité, les larmes de Basile ne coulent plus. Vainqueurs du grand Milan, de Van Basten et de Capello, les hommes du regretté Raymond la Science font chavirer la France et Marseille.
26 mai 2006… Cela fait maintenant 14 ans que le club phocéen mène sa barque sur un fleuve hostile. Parfois à contre courant, nombreux sont les obstacles qui tendent à faire chavirer le navire ciel et blanc. Plus le temps passe, plus près est le naufrage. Nous autres supporters, cela fait bien longtemps que l’on a bu la tasse…

Gueule de bois sportive depuis 1993
1986, Bernard Tapie prend les rênes de l’OM. En quasiment 10 ans, la vitrine du club va s’accroître de manière exponentielle. Les Coupes de France, les titres, les stars, la Coupe aux Grandes Oreilles… L’OM gagne et fait rêver. 1996, Robert Louis Dreyfus Veut faire du club olympien le Bayern du sud. S’il s’agit de pédaler dans la choucroute et d’avoir comme seule consolation de boire des litres de bière pour oublier, c’est réussi. Seule une magnifique Coupe Intertoto vient garnir le palmarès… L’OM fait toujours parler mais fait pitié…
Pourtant, le club a parfois flirté avec son glorieux passé. Deux finales européennes ratées, un titre et une Coupe qui s’envolent face à un Paris qui perd puis qui gagne, les occasions se sont présentées mais les rêves se sont fait couper les ailes. Lentement mais sûrement, l’Olympique de Marseille se Saint-Etiennise. Prions pour que l’avenir nous évite la Stade-de-Reimsisation qui nous guette… Mais plus le temps passe et plus il semble que cela soit la seule issue. Dur à encaisser…

Argent trop cher
Neuf Télécom, VK Mobile, Internity, Quick… Bientôt les joueurs vont devoir porter des maillots XXL et les shorts taille Guy Carlier pour pouvoir insérer tous les encarts publicitaires. Adidas a offert un contrat équipementier à faire pâlir Madrid ou Manchester. Canal+, via les droit TV, donne l’équivalent d’un Drogba tous les ans. Les abonnements représentent deux fois la capacité du stade Marcel Picot de Nancy. Le merchandising, sans avoir à se ridiculiser dans les taxis ou les salons de coiffure, assure un pécule important.
Bilan : la cellule recrutement est obligée de jongler avec des joueurs en devenir, de gratter des fins de contrats ou des prêts. RLD doit arrondir les fins de mois à coups de millions d’euros, bref l’OM n’a pas une thune ! Pas besoin d’être comptable pour comprendre qu’il y a un problème. L’OM est le produit star du foot français. A l’étranger, même si les législations sont avantageuses, les grands clubs ont des bénéfices dignes de multinationales. En France, Jean Michel Aulas arrive à rendre riche un club régional. Quelque chose ne tourne pas rond dans la trésorerie phocéenne. A quand le coup de pied dans la fourmilière ?

1+1=0
Quand on additionne le bilan sportif et le bilan financier, il y a de quoi avoir peur. Il serait facile de taper sur Robert Louis Dreyfus et le désigner comme seul responsable. L’homme au cigare aime très probablement l’OM, mais plus le temps passe et plus cet amour est destructeur. L’organigramme, avec des responsables partout et des coupables nulle part, est incompréhensible. Les amitiés, les relations, les délégations sont autant de parasites qui viennent pourrir l’arbre centenaire jusqu’à la moindre racine tant et si bien que la seule chose qui parvient à fleurir, outre la peau juvénile de Sergio Koke, ce sont les procès…
Le dernier en date, qui va bientôt connaître son épilogue, marquera peut être la fin du système RLD. Celui de l’amour à la Cantat, où les histoires de car-jacking et d’implication du milieu font plus de bruit que les noms improbables qui gravitent autour du recrutement estival. Il n’est plus nécessaire d’accuser les joueurs en partance de trahison. Avec Fabien Barthez l’OM a perdu son dernier souvenir du glorieux passé. Il est coutume de dire qu’à Marseille, les hommes passent mais que la passion reste. Cette fois, si les hommes restent, la passion trépasse. La sève coule toujours et le terrain est propice. Le navire tangue mais ne chavire pas. Jusqu’à quand ?