Les histoires d’amour finissent mal en général, disait la chanson… Et lorsque survient une rupture, les scénarios sont divers et variés. Il y a la faute conjugale, impardonnable, qui provoque crises, larmes, et fracas de vaisselle. Il y a aussi le coup de foudre pour une autre personne, plus jeune en général, qui se traduit par des batailles d’avocats pour décider qui va garder la résidence secondaire à la Grande Motte. Mais il existe aussi les séparations dues au destin. Celles où les deux parties s’aiment encore, mais où les destinées n’empruntent pas le même chemin. Et lorsque l’on est amené à recroiser l’autre, un sentiment d’affection et de nostalgie, mêlé aux souvenirs communs, fait que l’on est à la fois impatient et prudent face à ces retrouvailles. Aujourd’hui c’est un peu ce sentiment qui va prédominer lors des minutes d’avant match, au moment de croiser la route de celui qu’on peut appeler Jeannot sans qu’il y ait la moindre ambiguïté. Car, si ce soir il va prendre place sur le banc de l’AJA, c’est avec une profonde sympathie que l’on se rappellera les matchs qu’il a passés à la tête du onze phocéen.
Toutefois, une fois le coup de sifflet donné par Stéphane Lannoy, il n’y aura plus de Jeannot qui tienne. Le plus important sera se confirmer les bonnes séquences entrevues lors de la réception de Rennes, et d’effacer les mauvaises. Car pour une fois que l’occasion de réaliser un très bon début de saison se présente, il ne faut pas rater la cible et avoir des remords par la suite. Les points perdus que l’on recompte en fin de saison, non merci !
La seule ombre au tableau sera la centième ratée de Lorik Cana. L’international albanais, au même titre qu’Habib Beye ou Franck Ribéry, est un des piliers de cette équipe. Le milieu de terrain est la principale force de l’AJ Auxerre, et l’absence du fougueux Lorik va se faire cruellement ressentir. Mais l’essentiel, c’est de prendre un maximum de points et de ne pas regarder Lillois et Bordelais prendre la poudre d’escampette. Ce ne sont que des banalités me direz vous… Mais une saison victorieuse, c’est comme un bon gâteau. Il faut tout d’abord mélanger de simples ingrédients afin d’obtenir une suite de résultats positifs. Ensuite vient le temps de décorer le tout et enfin de l’agrémenter de quelques friandises. Quant à la dégustation, nul doute que les supporters olympiens, à la diète depuis bien longtemps, saurons en faire un festin.
Ce match à l’Abbé Deschamps sera donc celui des retrouvailles d’Albert Emon avec son ancien supérieur hiérarchique. En quittant l’OM, Jean Fernandez aura trouvé un nouveau défi avec une équipe jeune à façonner. Mais il aura laissé un groupe soudé, en confiance, que seule une brebis égarée a failli quitter. Mais le berger Pape Diouf n’est point fieffé menteur. Il a dit qu’il ne laisserait pas partir Franck Ribéry, et c’est bien le numéro 22 de l’Equipe de France qui a été acclamé par le Vélodrome dimanche dernier. Le Président n’est peut être pas parfait à tous les niveaux, mais on sait dorénavant que l’on peut lui faire confiance. Il a su prouver que, malgré un phrasé surprenant, sa parole est d’or.
Ce n’est pas le cas pour la présidence de l’autre olympique où c’est le silence, rare, qui est précieux. Car,, lorsque l’on s’épanche en déclarations sur la gestion de l’OM ou de la carrière d’un joueur qui ne vous appartient pas, que l’on affirme qu’on ne peut pas retenir un footballeur contre son gré, il faut ensuite avoir la possibilité de prouver ses dires. Le départ de Diarra pour la Real prouve une chose à propos de ce bon président Aulas. On peut être à la tête d’une équipe qui a de la gueule, mais il faut parfois savoir fermer sa bouche…
Il vaut mieux revenir à ce qui nous intéresse, ce déplacement dans l’Yonne dont le sort va décider du bon départ, ou pas, de l’OM 2006/2007. L’ambition, si elle est mise en oeuvre de manière appliquée, appelle le succès. Avec le succès vient la confiance, et une ambition encore plus grande. Pour lancer ce mécanisme et éviter les grains de sables qui pourraient enrailler une si belle machine, il faut s’imposer à Auxerre. Cela placerait Jeannot dans une situation inconfortable car son équipe n’a plus connue le succès depuis plus d’un mois et une victoire aisée contre un anonyme de la coupe à Toto. Mais quand on quitte un fauteuil dans la maison qu’on aime pour prendre place sur un banc ailleurs, il faut s’attendre à avoir parfois un peu mal au derrière. Les objectifs des deux clubs ne sont pas les mêmes. Pour l’Olympique de Marseille, qui veut enfin jouer les premiers rôles dans le championnat de France, il va falloir le prouver et, pour reprendre la bonne parole de Guy Roux, ne pas gâcher. Espérons que l’histoire de l’AJA et de Jean Fernandez sera belle et fertile en succès. A partir de demain…