Auteur d’un but exceptionnel (un corner direct) face au Borussia Mönchengladbach jeudi soir en Ligue Europa, Joey Barton n’a pu jouer pour le moment que 4 matchs sur les 20 que l’Olympique de Marseille a disputés. Sevré de ballon, le turbulent bad boy anglais a donc eu le temps d’alimenter son Twitter pour ses fans mais aussi de déclarer à plusieurs reprises sa flamme à Marseille. Une gestion brillante de sa communication pour un garçon à la personnalité sulfureuse et qui tente de se racheter une image (à défaut d’une conduite).
Barton a tout fait pour rejoindre l’OM
A la mi-août, Joey Barton fait les choux gras de la presse sportive des deux côtés de la Manche. A la surprise générale (y compris celle de son compatriote Chris Waddle qui par ailleurs ne comprend pas ce que l’OM lui a trouvé pour le recruter), on y apprend qu’un échange est envisagé avec Stéphane Mbia côté Anglais mais les dirigeants olympiens refusent. Le coach des Queens Park Rangers, Mark Hughes, fait cependant des pieds et des mains pour fourguer son joueur qui est suspendu 12 matchs pour avoir agressé deux joueurs de Manchester City en fin de saison dernière. Preuve de son envie de rejoindre la cité phocéenne, Barton arrive à Marseille le 29 août alors que les deux clubs, QPR et l’OM, ne se sont toujours pas mis d’accord sur les conditions de son arrivée. « Je veux vraiment venir ici. Je veux jouer dans ce club, je pense que c’est le club parfait pour moi en ce moment. » Forte tête, le joueur montre ainsi que son choix est fait et qu’il n’entend pas revenir en arrière. Il signe son prêt d’une saison en faveur de l’Olympique de Marseille 4 jours plus tard le 1er septembre. La veille, le milieu de terrain britannique s’entrainait déjà avec le groupe à La Commanderie. Oui, Barton est un iconoclaste.
Barton met ses coéquipiers dans sa poche
Alors qu’on évoque son arrivée à l’OM, il y a de l’appréhension dans le vestiaire phocéen à l’idée que ce « fou furieux » qui a tabassé plusieurs de ses coéquipiers arrive à La Commanderie. D’autres comme Amalfitano pense que l’arrivée de Barton serait une bonne chose. « Peut-être qu’il manque des joueurs mordants comme ça dans l’équipe. » Mandanda lui emboite le pas. « Je suis persuadé qu’il va nous rendre énormément de services et qu’il sera un joueur important de l’effectif. » Dans la vie du groupe et à l’entrainement notamment, Barton arrive en tout cas rapidement à se faire accepter comme en témoignent la déclaration d’A. Ayew début septembre. « Barton est quelqu’un de gentil. Peut-être que sur le terrain il est différent avec une autre envie, un autre engagement, une autre agressivité mais en dehors, c’est vraiment quelqu’un de bien. » Valbuena est à l’unisson avec le Ghanéen. « On parle beaucoup de lui de ce qu’il fait, de ses bagarres, mais je pense qu’il faut parler aussi de lui de son côté footballistique. C’est un très bon joueur. » Fanni est sur le même tempo. « Moi je le trouve top. » Même si son passé ne plaide pas pour lui, Joey Barton a réussi son intégration. Et les quelques mots de français (d’une voix douce et quasi adolescente) qu’il a tenté de placer dans son interview hier sur RMC montrent bien sa volonté d’y rester même si son contrat se termine en juin prochain.
Barton avoue sa flamme à Marseille
Si certains joueurs ont eu du mal à appréhender la nécessité de se faire aimer des supporters de l’OM, Joey Barton, lui, l’a tout de suite compris. Présent à tous les matchs de son équipe alors qu’il est suspendu 9 rencontres (10 en réalité avec celle de Rennes), le milieu de terrain anglais est aussi présent lors des visites de quelques joueurs dans les locaux de groupes de supporters. Pour le déplacement des Phocéens à Mönchengladbach, Barton les brosse dans le sens du poil. « Un grand merci aux supporters qui ont fait le déplacement ce soir. Une classe au-dessus comme toujours. » Lui, le fan de foot (il se définit comme cela) et d’Everton, a rapidement compris la dimension importante des supporters à Marseille, comme d’ailleurs c’est le cas en Angleterre bien que l’état d’esprit soit assez différent. « La chose la plus importante pour moi dans la vie, c’est le football. Ce n’est ni l’argent, ni les filles, ni les boîtes de nuit, ni les diamants. Je m’en fous. Il n’y a que le foot » a expliqué hier l’ancien joueur de Newcastle. Il émargeait pourtant 90 000 euros par semaine chez les QPR. « C’est l’une des meilleures décisions que j’ai prises. Je suis très content d’être à Marseille. » Rarement un joueur aura mis tant d’entrain à déclarer sa flamme à un club qu’il ne connaissait quasiment pas quelques mois avant. Chapeau !
Peut-être faudra-t-il en fin de saison rappeler à certains (Fernandez, Aulas) les réserves qu’ils avaient émises à l’arrivée de Barton à Marseille. La cité phocéenne a toujours eu mauvaise réputation. Joey Barton aussi. Il était donc logique que les deux « renégats » se comprennent et s’apprécient. Toujours est-il que Vincent Labrune a certes pris un risque en recrutant cet électron libre du football européen mais a fait aussi un joli coup médiatique à un coût dérisoire. Pour autant, faut-il prendre au pied de la lettre toutes les déclarations de Barton (il a déclaré vouloir finir sa carrière à l’OM) ? Les Marseillais ne s’y risqueront pas même si le refrain est agréable à entendre. Surtout de la part d’un fan de Morrissey.