Barton : un démon à Marseille ?

Hier, Joey Barton a une nouvelle fois fait des siennes sur Twitter. Cible de Thiago Silva qui défendait son compatriote Neymar, le bad-boy est rapidement sorti de ses gonds pour dégommer le Parisien : « la même tapette qui a été blessée toute la saison. Encore un Brésilien surcoté. Soigne tes ischio-jambiers gros tas. » Outre les […]

Hier, Joey Barton a une nouvelle fois fait des siennes sur Twitter. Cible de Thiago Silva qui défendait son compatriote Neymar, le bad-boy est rapidement sorti de ses gonds pour dégommer le Parisien : « la même tapette qui a été blessée toute la saison. Encore un Brésilien surcoté. Soigne tes ischio-jambiers gros tas. » Outre les batailles verbales avec d’autres joueurs, Joey est régulièrement l’objet d’attaques ou de critiques, fondées ou non, de la part de journalistes qui n’arrivent pas à comprendre la popularité dont il jouit du côté des supporters phocéens. Car lorsque La Provence interroge ses lecteurs au sujet de la joute verbale qui l’a opposé à Pierre Ménès sur Twitter, 77% d’entre eux considèrent qu’il n’a pas dépassé les bornes, « le journaliste de Canal + l’ayant attaqué en premier de manière virulente ». Comment expliquer l’histoire d’amour qui lie l’homme à la ville ?

Joey, enfant de la rue

Dans les années 80, Joseph Anthony Barton a grandi dans le quartier de Huyton qui se situe en banlieue de Liverpool et qui figure au palmarès des plus défavorisés d’Angleterre. A l’origine, il parait que cet endroit a été construit pour héberger des habitants de bidonvilles. Minot, « Joey the thug » n’avait d’yeux que pour le football. A l’époque, il passait son temps à exercer à son sport favori et il faisait jusqu’à 3 matchs entre la rue, l’école et son club. Il existait un terrain vague sur lequel ils s’adonnaient à leur passion : « nous étions comme des chiens errants couverts de boue« , se souvient-il aujourd’hui (propos rapportés par LeTemps.ch). Il n’était ni celui qui courrait le plus, ni le plus technique, mais sa détermination à réussir était sans faille. Il le concède lui même, il a eu la chance de partir « avant que les filles et les bars » aient raison de son amour pour son sport. Joey s’en est bien sorti, mais cela n’occulte pas l’environnement difficile dans lequel il a vécu : lorsqu’il avait 6 ans, son oncle a été assassiné, tandis que son frère et son cousin sont aujourd’hui incarcérés pour meurtre. De cette jeunesse, il a hérité d’un caractère entier et impétueux.

Ces journalistes fans de la Premier League mais pas du fighting spirit

Les Anglais ont inventé le football et ont le championnat le plus relevé au monde. On peut dès lors penser qu’ils ont développé une culture footballistique qui est tout sauf à mépriser. Du Crazy Gang à Lee Cattermole, la Premier League a toujours été un vivier de ce type de joueurs intenables mais dévoués à leur maillot. Vinnie Jones, Dennis Wise, Roy Keane et David Batty étaient de ceux que l’on aime à compter dans ses rangs, et que l’on déteste avoir pour adversaires. Car n’en déplaise à nos chers médias, le football ne se résume pas qu’à une opposition de techniciens. Il tient aussi en l’affrontement de caractères trempés, déterminés et roublards. Aimer le championnat anglais sans tenir compte de cet aspect du jeu, c’est peut-être apprécier un championnat pour des valeurs qui ne sont pas les siennes. Et c’est justement cet engagement total qui manque aujourd’hui aux pensionnaires de notre triste Ligue 1. Certains détestent Joey Barton. Pourtant, avant son arrivée, quelques tendres tels Cyril Rool, Pierre Bianconi, Eric Di Meco, Patrick Vieira, Pascal Nouma ou Eric Cantona ont foulé nos pelouses. Certains paraissent l’oublier.

La même passion unit Marseille et Barton

Sans trop se tromper, on peut imaginer que les excès de Joey Barton sur la pelouse sont le témoignage d’une passion exacerbée pour le football. Et Marseille, malgré le travail contesté de ses dirigeants, reste certainement la ville la plus fervente de la Ligue 1. En plus de cet amour immodéré pour le sport le plus populaire du moment, la cité provençale et le joueur partagent un caractère d’insoumis. Quitte à montrer les crocs, hors de question pour l’un ou pour l’autre de plier le genou dans l’adversité. Au stade Vélodrome, au risque de terminer certains matchs à dix, le public préférera un milieu défensif au sang chaud et qui distribue des taquets (et même à l’entraînement) à un joueur plus discret. Et puis les fans phocéens ont semble-t-il toujours un penchant pour ces footballeurs qui sortent du moule, à l’instar de Diego Armando Maradona. Enfin, Joey Barton, grand communiquant à ses heures, a pris soin d’étudier l’histoire de l’OM et d’aller à la rencontre des supporters. Il n’a pas mis longtemps à comprendre que ces derniers étaient capable de beaucoup pardonner à ceux qui se mettent minables sur le terrain.

Qu’on ne se leurre pas. Lorsqu’on l’affronte, dans n’importe quel contexte que ce soit, Joey Barton est capable de tout pour vaincre. Pour ses adversaires, il est un vrai méchant. Néanmoins, pour le club dont il porte les couleurs, l’Anglais va au bout de lui-même. S’il est aussi populaire aujourd’hui, c’est notamment parce qu’il reste adulé par les supporters des clubs où il est passé. Aussi, au lieu de s’insurger de ces facéties ou du moindre coup d’épaule qu’il peut donner, les chroniqueurs seraient certainement bien inspirés de s’occuper des joueurs de Ligue 1 qui sortent tous les weekends en discothèque, paradent avec des escort-girls et arrivent ivres aux entraînements. Car, sans aucun doute, ce sont eux les véritables ennemis de la Ligue 1.