Marseille a trouvé son sauveur. Renouant avec la tradition bien olympienne de l’homme providentiel, Philippe Troussier a réussi en quelques mois à redonner des couleurs et de l’allant au club marseillais. Les dernières sorties de l’OM n’ont fait que confirmer ce que les premiers temps de l’ère Troussier avaient laissé augurer : deux victoires, à Toulouse et face à Rennes, acquises avec la manière et un même score de trois buts à un, ont transformé en renouveau ce qui n’aurait pu être qu’une embellie.
Une trêve malvenue
Voilà qui ressemble à une nouvelle série de résultats positifs pour notre sorcier blanc, adepte du plan quinquennal comme jadis certains gouvernements. Sauf qu’une série, cela suppose un enchaînement ininterrompu de rencontres… Or, le calendrier et ses aléas s’en sont mêlés, imposant aux pensionnaires de Ligue 1 une pause forcée de quinze jours. Cette coupure imposée fut certes agrémentée d’un match » amical » au Maroc, qui aura permis à Fabien Barthez de donner un second souffle à la mode du crachat footballistique, dont on craignait qu’elle ne se tarisse après les repentirs de Totti ou de Frei. Mais deux semaines sans jouer, cela peut suffire à enrayer une mécanique à peine décrassée – et ce en termes de confiance, d’implication, voire d’automatismes.
Un adversaire coriace
La mini-trêve aura-t-elle ou non brisé la belle dynamique olympienne ? Tel sera l’enjeu majeur de ce match. La réponse devrait être sans ambiguïté, car l’adversaire du jour ne compte pas faire de la figuration. Revigorés par un mercato judicieux (à défaut d’être flamboyant), les Bastiais offriront à coup sûr une opposition valeureuse à l’OM. La technique de Ziani, l’expérience et la grinta de Karembeu ont apporté de la consistance et de la maturité à un groupe capable de titiller des équipes qui lui sont intrinsèquement supérieures, comme en attestent les matches nuls récemment obtenus à Bordeaux et face à Lyon. Et heureusement pour l’OM, Malek Cherrad alias » le fugitif « , aussi habile à s’échapper de la surveillance des défenseurs adverses que de celle de ses encombrants frangins, ne sera pas de la partie.
« On ne change pas une équipe qui gagne »
Mais si l’adversaire aura de la hargne à revendre, l’OM n’en aura pas moins le devoir de ramener au moins un point de ce déplacement dans les eaux troublées de l’île de Beauté… Pour malmener ce bloc rugueux et solidaire, Troussier ne devrait pas innover. Hormis le remplacement de Costa – suspendu – par Hemdani, le globe-trotter devenu prophète en son pays devrait reconduire son désormais classique 4-4-2. Bruno Cheyrou aura l’occasion de confirmer son retour en grâce, et Battles de se faire une fois de plus regretter par son ancien club…
Battles, le vengeur démasqué
Lolo a en effet pris l’habitude marquer contre ses (nombreux) anciens clubs, et à chaque fois de façon très spectaculaire. Car le milieu offensif a le but élitiste : point de but de raccroc ni de coup de patte chanceux, seulement du geste de grande classe, reprises de volée ou frappe des trente mètres, comme on n’en avait guère vu à l’OM depuis Papin et Sauzée. Certes le bonhomme ne brille que par intermittence, mais ses quelques coups de génie nous font oublier tout le reste, la modestie de son influence sur le jeu tout comme ses relatives limites. Mais, but de génie ou pas, espérons qu’il conforte ce soir sa réputation de buteur-vengeur, en châtiant une fois de plus un club l’ayant laissé filer contre espèce sonnante et trébuchante…