Baup – Deschamps : le Yin et le Yang

Si les deux hommes sont nés dans les départements limitrophes du sud-ouest, Elie Baup et Didier Deschamps ont un tempérament et un parcours très différents. Comme joueur, Didier Deschamps a tout gagné tandis qu’Elie Baup a du arrêter sa carrière prématurément et ne semblait pas de toute façon avoir le talent du capitaine des Champions […]

Si les deux hommes sont nés dans les départements limitrophes du sud-ouest, Elie Baup et Didier Deschamps ont un tempérament et un parcours très différents. Comme joueur, Didier Deschamps a tout gagné tandis qu’Elie Baup a du arrêter sa carrière prématurément et ne semblait pas de toute façon avoir le talent du capitaine des Champions du Monde 98. Champion de France en 1998 puis vainqueur de la Coupe de la Ligue avec les Girondins de Bordeaux en tant que coach, Baup n’a pas non plus le palmarès de Deschamps qui a engrangé un titre de champion, 4 coupes de la Ligue (dont 1 avec l’AS Monaco) et 2 trophées des champions. Côté caractère, Deschamps s’est fait des ennemis dans chaque club dans lequel il a évolué (Monaco, Juventus et l’OM) tandis que son successeur a été bien plus consensuel. La succession de l’un par l’autre conduira inévitablement certains à les comparer. Voici quelques précautions à prendre avant de s’y essayer.

Deux projets sportifs différents avec des moyens différents

Durant les 3 dernières années, les dirigeants phocéens ont chaque fois annoncé vouloir jouer le titre de champion de France en recrutant massivement pour renforcer le groupe lors des deux premières saisons. Certains présidents ont même dit que les supporters ne comprendraient pas s’il en était autrement. Pourtant, aujourd’hui, Vincent Labrune mise (au mieux) sur une place dans les trois premiers. Faut-il comprendre que depuis la roue a tourné ? On peut le penser notamment depuis l’arrivée des Qataris au PSG et le basculement de l’OM parmi les nains économiques de L1. En proie à des difficultés économiques inédites depuis 10 ans, l’Olympique de Marseille n’a cette saison aucune enveloppe pour recruter et doit même se séparer de ses meilleurs joueurs (avec les plus gros salaires inévitablement). Ca a été le cas de Gabriel Heinze, de Lucho Gonzalez et aussi quelque part de Didier Deschamps même si on peut penser – avec peut-être trop de facilité – que son départ n’est lié qu’à ses déboires avec José Anigo.
Dans ces conditions, Elie Baup disposera d’un groupe très réduit dont la masse salariale a été amputée de 28.6% (de 140 à 100 millions d’euros) et de jeunes joueurs sans expérience en lieu et place de vieux briscards. Comment arriver aux mêmes résultats avec une telle distorsion de moyens ? Cela paraît évidemment impossible.

Le plaisir face aux résultats

Durant 3 saisons, Didier Deschamps n’a eu de cesse de privilégier le résultat sans se soucier de la forme. Ainsi, hormis sur la première saison durant laquelle le coach marseillais bénéficiait un peu du travail de son prédécesseur (et notamment de l’apport de Mamadou Niang, d’Hatem Ben Arfa, …), l’Olympique de Marseille n’a jamais tenu ses promesses en terme de qualité de jeu. L’important n’était pas là pour Deschamps. Seuls les trophées engrangés semblaient suffire aux joueurs, aux dirigeants comme à leur entraineur après 17 années de disette. Or aujourd’hui que l’on paie cette politique de recrutement déraisonnée, le club paie aussi cette fuite en avant puisque même les groupes des virages ont du mal à remplir leurs virages, ce qui n’est jamais arrivé par le passé. Certes Deschamps n’est pas le seul coupable mais sa persistance à nier que le foot est aussi un spectacle a poussé beaucoup de supporters à s’en détourner. Dommage car son passage à Marseille aurait alors été une totale réussite.

Baup veut du plaisir dans le jeu

Didier Deschamps était arrivé après 17 années de disette et a rempli son principal objectif en engrangeant 1 titre majeur et 5 plus mineurs. Elie Baup paraît lui vouloir prendre son travail par un autre angle. Le nouveau coach phocéen parle d’un mot que personne n’a prononcé à Marseille depuis trois ans, le mot « plaisir ». Incapables d’annoncer leur intention de faire perdre la face au PSG en gagnant la L1, les dirigeants marseillais ont donc choisi un entraineur très différent de son prédécesseur et qui n’aura probablement pas ses résultats. L’important semble pour le moment de faire des économies, de reconquérir le public du Vélodrome et plus vraiment d’imposer son leadership dans une Ligue 1 made in Qatar. Certains trouveront cela triste, d’autres trouveront ça inévitable. Toujours est-il que ces prochaines saisons, l’OM sera certainement très différent de celui qu’on a connu ces dernières années. Pas sur que tout le monde y trouve son compte mais il faudra bien s’y faire.