Baup : un alchimiste ou un gros chanceux ?

Comme Didier Deschamps avait profité du travail de son prédécesseur Eric Gerets, il est indéniable qu’Elie Baup, promu au cours de l’été à ce poste si convoité mais si risqué, bénéficie des trois années passées. Pour autant, son arrivée s’inscrit dans une certaine rupture avec les années Deschamps durant lesquelles l’Olympique de Marseille a beaucoup […]

Comme Didier Deschamps avait profité du travail de son prédécesseur Eric Gerets, il est indéniable qu’Elie Baup, promu au cours de l’été à ce poste si convoité mais si risqué, bénéficie des trois années passées. Pour autant, son arrivée s’inscrit dans une certaine rupture avec les années Deschamps durant lesquelles l’Olympique de Marseille a beaucoup (trop) dépensé au point de devenir aujourd’hui un des clubs qui a investi le moins au cours des deux dernières saisons dans le Big Four français. Malgré tout, l’OM est aujourd’hui leader du championnat avec deux points d’avance sur l’OL et Baup en est bien pour quelque chose dans ce retour au premier plan. Ou pas ?

L’OM change son fusil d’épaule

En faisant passer le budget du club de 145 millions d’euros à 100 millions (- 29%) et la masse salariale du club de 84 millions à moins de 70 millions, l’Olympique de Marseille a considérablement réduit la voilure en systématiquement écartant tous les plus gros salaires (Gabriel Heinze, Lucho Gonzalez, Alou Diarra, …). Ces départs, s’ils ont affecté la valeur financière et sportive du club, ont aussi le mérite de réorienter la politique phocéenne vers son centre de formation. « On concentre au maximum l’effectif pro pour permettre aux jeunes de se montrer et de travailler avec les pros à l’entraînement » expliquait hier Henri Stambouli. Pour le recrutement, José Anigo a axé son recrutement sur des joueurs impliqués et qui avaient envie de venir à Marseille pour d’autres raisons que l’argent. Un changement de cap qui, pour le moment, est couronné de succès.

Baup place le jeu et le plaisir au centre de tout

Pendant 3 saisons, le mot « plaisir » a été banni des bouches des joueurs et du staff technique de l’Olympique de Marseille. Seule la victoire était convoitée et ce, même si la qualité de jeu n’était pas au rendez-vous. Si effectivement après 17 ans de disette, cela pouvait se comprendre dans la perspective de ramener des titres (ce qui fut le cas), cette philosophie assez cynique a été au final mal entendue par le public du Vélodrome qui, il faut le dire, s’est ennuyé durant 2 saisons.
Dès son arrivée, Elie Baup a axé son discours sur le plaisir et le jeu. Une manière d’être en rupture avec son prédécesseur et de diminuer la pression autour de lui avec la complicité du président Vincent Labrune dont l’objectif est de terminer … dans les 5 premiers. « Quantitativement, nous n’aurons pas l’effectif pour jouer sur les autres tableaux. Il faut arriver à se situer au niveau de ce qui a été anticipé dans le budget prévisionnel, c’est à dire dans les cinq » avait expliqué le dirigeant olympien dans les colonnes du journal L’Equipe. Sur le terrain, les changements de vision du football de Baup ne se sont vus que lors des matchs officiels. Plus de mouvements, plus de jeu court et de vitesse. « Il y a du plaisir et du jeu, et une envie de construire des actions et de marquer des buts. Les joueurs s’investissent et se font plaisir » a estimé le coach marseillais qui a battu son premier record. En effet, l’OM a remporté ses 4 premiers matchs de la saison ce qui fait pour le club phocéen son meilleur départ en championnat depuis 1932 ! Invaincu en match officiel après 8 rencontres jouées, l’OM est sur une dynamique formidable mais jusqu’à quand ?

La réussite de Baup : un simple mirage?

Fer de lance du renouveau olympien, André-Pierre Gignac est aujourd’hui en pleine confiance et réussit tout ce qu’il entreprend. Buteur à 5 reprises en 8 rencontres disputées, le Martégal est aujourd’hui l’attaquant providentiel du club qui tire ses coéquipiers vers le haut. Jusqu’à quand cela va-t-il durer ? Pas toujours et Elie Baup en convient. « On sait qu’on ne gagnera pas tous les matchs. Je ressens cette envie d’aller jusqu’à la 95ème minute et l’envie de faire du jeu. C’est le leitmotiv auquel je m’attache et auquel tout le monde veut s’accrocher. » Cependant, cet équilibre vertueux demeure fragile puisqu’à la moindre blessure, la faiblesse du banc marseillais pourrait se mettre à jour. Toujours est-il que pour le moment, tout fonctionne de façon optimale et cela satisfait tout le monde. C’est bien là l’essentiel.