La cité girondine, mondialement réputée pour le négoce de ses jus de raisins fermentés, pratique actuellement un autre commerce, en ce marché d’hiver. Sur les bords de la Garonne, voilà qu’on fait dans la liquidation de patrimoine et qu’on brade à tout va les porteurs de chevron. TGV qu’on dit là bas. Troc à grande vitesse. Sauf que là, on sème les joueurs et on récolte nada. Peau de zob. Et çà, çà turlupine le supporter local…
D’abord, c’est Duga, la figure de proue, le crampon historique, attaché à ses couleurs comme un bernique à son rocher. On le voyait finir paisiblement sa carrière au chaud du côté du Haillan. Que nenni ! On l’envoie se faire voir chez nos voisins british dans un club de seconde zone. Et en prêt en sus. Attends, Birmingham City, çà ferait pas bander Rocco Siffredi.
Paraît que ses collègues de vestiaire ne le supportaient plus, l’éternel mal-aimé. Faut dire, il avait pris le melon et se foutait de la fiole des trois-quart de son team. La chambre, c’est bien mais dans l’intimité. Et, dans les bras d’une personne du sexe opposé ajouterait Guy Béart. Pis, il se serait mis sur la tronche avec Eduardo Costa, le récupérateur carioca après l’élimination contre Anderlecht .
Après, y’a Sommeil. C’est pas ronflant non plus. On croyait que c’était le boss de la défense, un futur grand de France. Bah, il rejoint Manchester, pas l’United de sir Alex mais le City de Keegan, le Bastia d’outre-manche, le haras pour canassons en mal d’identité. Pareil pour Bonnissel en partance également pour la perfide Albion. Mais lui, c’est les porteurs de kilt du Glasgow Rangers qui le font saliver.
Comme si çà suffisait pas, voilà maintenant qu’on cause du grand Pauleta sur les tablettes de l’inévitable Kevin. Le bordelais moyen hallucine. On le prend pour un cake. Bon, Imbault a été renvoyé à ses pitreries et Triaud, le proprio en médoc est revenu aux affaires. Mais quand même, ces choses-là, monsieur, çà interpelle… C’est plus un mercato, c’est un exode.
Faut comprendre, M6 a besoin de liquidités et se rend compte qu’enfermer onze gars en short dans un vestiaire, çà rapporte beaucoup moins que de cloîtrer dans un loft le même nombre de boutonneux. Maintenant pour investir dans le foot, faut avoir du plomb dans la cervelle ou alors la foi d’un missionnaire belge et la fortune de l’Aga Khan. Etre un Robert par exemple…
Lui, il est content. Il a jamais pris autant son pied que cette année. Lui, le flambeur, il a joué et il a gagné. Enfin ! Cette fois-ci il a tiré le bon cheval. Ou plutôt le bon attelage. Un Bouchet bien saignant, devenu en six mois le meilleur ennemi de la Ligue et de la chaîne cryptée. Un type qui ose taper un grand coup de savate dans la fourmilière. Un mec plus ultra dirait Michel Blanc.
Et puis, il y a Perrin. Inénarrable. Venu sur la pointe des pieds de Troyes dans l’Aube avec sa petite valise et sa femme Sylvette. Pas bégueule, l’Alain. Il a retroussé ses manches et s’est mis à bosser avec ce que les autres lui avaient laissé. Des chèvres selon les uns, des seconds couteaux au mieux selon les autres. Au bout du compte, avec sa troupe de bras cassés, notre manager de moins de cinquante ans caracole en tête d’une Ligue somme toute bien faible.
Cela dit, paradoxalement, depuis la fuite des cerveaux, les Marine et Blanc vont mieux et ont retrouvé le goût de la victoire. Le foot est décidément tout sauf une science exacte. La partie dominicale à Lescure ne s’annonce donc pas, loin s’en faut, comme une partie de plaisir. Mais, en l’absence de Baka suspendu pour énervement intempestif, le peuple phocéen aimerait tellement connaître, si près du terroir des vignobles historiques, l’évolution d’un jeune cru issu de Sibérie, pétillant à souhait et prometteur en diable. Et ce, dès le coup d’envoi…