Cela n’aura échappé à personne, puisque cette information est inlassablement répétée avant chaque affrontement entre l’OM et Bordeaux : pas une seule victoire en terre girondine depuis octobre 1977 pour les phocéens. Plus de 30 ans … une éternité car beaucoup d’entre nous n’ont donc jamais vu l’OM s’imposer au Stade Chaban Delmas. 1977, vous vous rendez compte … Valéry Giscard d’Estaing président, l’Allemagne encore sur le trône du football pour un an mais battue par la Tchécoslovaquie en Europe, les deux blocs … de quoi faire vraiment froid dans le dos.
Ces trente années font donc partie des tristes records de l’OM et certainement celui dont la longévité ne sera jamais battue. Néanmoins, il serait stupide de se focaliser là-dessus au moment d’enchaîner deux matchs très importants, à savoir Bordeaux donc ce samedi, et Liverpool au Vélodrome mardi. Car l’essentiel est bien ailleurs. En effet, prendre un point en Gironde serait déjà un bon résultat compte tenu des très nombreuses corrections subies là-bas. On ne cracherait pas sur trois points bien sûr mais le souvenir de l’an passé est toujours présent. Après un début de match parfaitement maîtrisé et deux buts d’avance, l’OM s’était fait rejoindre et avait pu remercier Steve Mandanda de lui éviter de repartir avec 0 point. Alors bien sûr, on aimerait que cette invincibilité en championnat dure encore plusieurs semaines mais Bordeaux devra se rattraper d’un début de championnat marqué par déjà deux défaites.
Ce match revêt déjà un enjeu capital pour la suite du championnat de Ligue 1. On pourrait presque faire comme les as du journalisme sportif et appeler cela un match à 6 points. Car, en cas de victoire marseillaise, Bordeaux serait déjà à 7 points de l’OM au classement. Dans le cas inverse, vous l’aurez bien compris, Bordeaux recollerait à 1 point de l’OM. Cette trêve internationale, arrivée certainement au bon moment pour l’OM, aura, espérons le, permis de recharger les accus après un mois d’août qui, s’il fut réussi sur le plan comptable et financier avec 10 points sur 12 et une qualification pour la Ligue des Champions, fut fatiguant pour les joueurs avec des matchs tous les trois jours . Eric Gerets n’aura certes eu tout son monde que du jeudi au samedi pour préparer ce match, nul doute qu’il saura poser des problèmes à son collègue Laurent Blanc.
Les vraies inconnues de ce match résident plus dans les joueurs en eux-mêmes dont certains ont été mis sur le devant de la scène, notamment à travers l’équipe de France. Si Gourcuff a crevé l’écran mercredi soir face à la Serbie, Steve Mandanda aura eu plus de soucis avec quatre nouveaux buts encaissés en deux matchs, tous sur coups de pieds arrêtés, LE mal français. Car ces deux là auront certainement de quoi faire encore ce samedi à Chaban Delmas. Gourcuff pour déstabiliser le bloc olympien et mener l’attaque girondine et Mandanda pour commander sa défense toujours friable comme nous avons pu le voir lors d’OM-Sochaux au Vélodrome.
Un autre qui aura son rôle à jouer, et qui fait grand plaisir à tous de revoir sur les terrains, c’est Mathieu Valbuena. Après plusieurs mois gâchés par des blessures, » le petit » est de retour pour de bon. De quoi se rappeler au douloureux souvenir de Bordeaux qui l’avait renvoyé de son centre de formation, avant de se rappeler à un bien meilleur souvenir mardi face à Liverpool. Il pourrait palier le probable forfait d’Hatem Ben Arfa décidément lui aussi largement embêté par les blessures en ce début de saison. Même s’ils ne seront certainement pas alignés ensemble samedi, on a hâte de voir ce que ces deux là, ensembles sur le terrain, pourraient faire. Clairement, ces deux feux follet pourraient faire grimper la demande en greffes de reins en France et en Europe d’ici peu qu’on ne leur en voudrait même pas. Avec un Karim Ziani revenu au meilleur de sa forme, un Zenden qui retrouve de ses couleurs, un Grandin qui étonne à chaque sortie, l’OM est incontestablement prêt à faire souffrir par la rapidité et la technique ses adversaires. On ne s’en plaindra pas, nous qui réclamions du jeu depuis si longtemps.
Car c’est aussi cela la réussite d’Eric Gerets. Il a tiré de ses joueurs le meilleur depuis son arrivée et, surtout, il a réussi à en faire une équipe séduisante, offensive qui préfère marquer un but de plus que son adversaire que tenter d’en encaisser un de moins. Cela tranche évidemment avec la pauvreté de la Ligue 1 toujours avare de buts. Mais avec l’armada offensif de l’OM et l’animation brillante des Girondins, nul doute que le spectacle de ce samedi soir sur la très controversée chaine Orange Foot saura donner du plaisir à tous les amateurs de football. Et si dans l’avalanche de buts souhaitée ce samedi, un de plus pouvait aller dans les filets bordelais, alors, ce serait vraiment avec joie que tous ceux qui écrivent leurs articles avant un Bordeaux-OM seraient obligés de trouver une nouvelle accroche pour leur papier de la saison prochaine. Parce que là trente ans …