Cambrai – OM : ne pas perdre le nord

Les lèvres encore gercées de toutes ces bises, et le foie gras à peine digéré, le ballon rond fait son retour. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas par la grande porte. Un match de Coupe de France contre un adversaire modeste mais à respecter, le tout sous les caméras […]

Les lèvres encore gercées de toutes ces bises, et le foie gras à peine digéré, le ballon rond fait son retour. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas par la grande porte. Un match de Coupe de France contre un adversaire modeste mais à respecter, le tout sous les caméras de France 3 où un piètre commentateur hippique sera chargé des interviews d’après match… Il ne manquerait plus que de surenchérir à coup de jeux de mots sur la trêve des confiseurs ou les bêtises de Cambrai pour choper une indigestion. Mais cette sensation d’écoeurement, nous y avons été habitués depuis quelques temps. Deux mois catastrophiques, où seuls deux faits établis nous donnent encore un espoir pour la fin de la saison. Voir enfin le duo Cissé – Ribéry, et ce dans un état de forme compétitif. Et le niveau général pitoyable d’une L1 où Paul Le Guen, tout juste viré d’Ecosse, pourrait retrouver un poste sans être dépaysé… Pour le reste, il va falloir la santé en 2007 pour encaisser la fin de cette saison !

Amateurisme, dans quel camp ?
La Coupe (enfin il est bon de préciser la vraie, pas celle organisée pour que le président Aulas puisse aller au Stade de France), c’est comme le repas de Noël. Bourré de traditions et parfois indigeste. Et lorsque l’on s’appelle Olympique de Marseille et que l’on vit des heures troubles, le risque de gastroentérite est plus qu’élevé. Equipe surmotivée en face, reprise en douceur teintée de suffisance dans les rangs olympiens, et c’est direct la tête dans la cuvette. On nous sortira alors le sempiternel refrain de la concentration sur le championnat (perdu depuis octobre), sur l’économie de matchs supplémentaires, et cætera…
Le fait de rencontrer un  » petit  » est une bonne chose, mais à l’heure actuelle on peut se demander qui est l’amateur… Entre un actionnaire qui se demande s’il va finir par lâcher le morceau, un président au courant de rien, et le recrutement d’un second couteau sans club et blessés depuis des mois, on se demande où est la maîtrise… Robert Louis Dreyfus pense-t-il réellement à revendre le club, ou l’espérance de voir enfin arriver un homme neuf et une politique sportive et financière intelligente reste-t-elle du domaine de l’illusion ? En ses temps d’épiphanie, c’est à se demander si l’homme au cigare n’a pas proposé une galette sans fève, pour au final rester en place avec sa couronne en carton… Après ça, comment ne pas être déboussolés ? Lorsque le navire olympien tangue, aussi bien dans sa gestion que dans ses résultats sportifs, les supporters ont le mal de mer…

Saga Africa
Loin des agitations journalistiques autour des cas Beckham, Thuram, au tout autre quidam, la meilleure recrue de cette coupure de Noël reste Franck Ribéry. Ce début de pubalgie qui l’aura laissé éloigné des terrains deux mois aura permis au bouillant milieu de se refaire une santé. Autre point très positif, l’année 2007 ne verra pas la moitié de l’effectif quitter la Commanderie pour la CAN, et Albert Emon pourra compter sur ses africains, dont les absences auraient eu des conséquences dramatiques, surtout dans le secteur défensif. Et ce sont ainsi les africains qui pourraient être la clé d’une deuxième partie de saison réussie. Le bon début de saison avait mis en lumière un Mamadou Niang de gala, mais ce dernier s’est un peu éteint avec l’arrivée du froid. Il n’y a aucun doute sur les qualités de ses compères Pagis et Cissé, mais Niang, s’il se sublime, peut rendre l’attaque olympienne irrésistible. Lorik Cana est un roc, mais le rôle de son alter ego camerounais à la récupération sera une autre clé pour ces cinq prochains mois. La capacité de Modeste M’Bami, suspendu ce soir, à tout ratisser au milieu (même quelques tibias adverses) et à confirmer son retour à un bon niveau sera un indice important sur le nombre de buts que l’on encaissera d’ici la fin du championnat. Car cela influera également sur les rendements défensifs de Beye et Taiwo. Si ces derniers peuvent éviter d’être trop sollicités afin de porter le danger sur leurs ailes, nous retrouverons alors un OM plus spectaculaire, et aussi plus conquérant. Il n’est donc pas forcément nécessaire de recruter à tout prix, ou de se trouver un marabou capable de faire gagner même Henry Leconte. L’effectif actuel de l’OM doit permettre, si tous tiennent leur rang, de terminer sur le podium en mai.

Cette rencontre face à une équipe de CFA2 ne doit pas poser de problèmes. Ouvrir le score rapidement, respecter les gars d’en face, et permettre à tous les supporters olympiens nordistes de passer une bonne soirée sont des objectifs simples si l’OM s’applique. Marseille au tirage au sort a toujours été un rêve pour les amateurs. Mais cela doit rester pour eux un bon souvenir, pas une épopée héroïque. Avant de s’envoler pour Dubaï et ses doux dollars, reprendre une dernière petite coupe pour la soif ne fera pas de mal. Espérances et doutes, joies et déceptions, grandeurs et décadences, ont toujours été le lot de l’Olympique de Marseille. La déception engendrée par les piètres résultats récents a ainsi été aussi grande que les espoirs nés cet été. Mais cette saison n’est pas morte, il suffit juste de garder un oeil sur la boussole pour ne pas perdre le nord. Et espérer que nos voeux soient exaucés…