Si l’Olympique de Marseille a tenu la dragée haute au Paris Saint-Germain durant de longues années, aujourd’hui les deux clubs évoluent sur deux planètes différentes. Pour le Qatari club, c’est l’opulence qui permet de rendre tous les rêves possibles tandis que l’équipe Louis-Dreyfus s’enlise dans une crise sportive et financière qui l’oblige depuis 2 saisons à faire un recrutement made in Guingamp. Pourtant, il y a encore quelques mois, les deux clubs se battaient avec les mêmes armes et le club phocéen demeurait (et c’est encore le cas) le club le plus populaire de l’hexagone. Mieux structuré, le PSG a pris une autre dimension en changeant d’actionnaires, de managers et de techniciens. Aujourd’hui dans cet affrontement, il n’y a plus vraiment « photo » entre les deux formations.
Les directeurs sportifs : Leonardo vs Anigo
Si l’un est connu aux quatre coins du monde, l’autre ne l’est qu’au huit coins de l’hexagone. Leonardo a d’ailleurs un palmarès impressionnant que ce soit en équipe nationale comme en club. Vainqueur de la Coupe du Monde 1994, finaliste de cette même compétition en 1998, vainqueur de la Copa America, de la Coupe des Confédérations en 1997, champions d’Italie, du Japon et du Brésil, l’ancien milieu offensif du PSG a réussi parfaitement sa reconversion au Milan AC comme un manager. Très respecté dans la péninsule, il s’est aussi essayé au banc avec l’Inter Milan sans toutefois obtenir de grands résultats.
De son côté, José Anigo n’a connu que l’Olympique de Marseille (pour ainsi dire) et sa carrière de footballeur n’a pas vraiment eu la même envergure que celle de son homologue. Comme entraineur, il a certes emmené le club phocéen en finale de Coupe de l’UEFA mais son passage à ce poste n’a pas non plus laissé des souvenirs impérissables. Sa promotion en tant que directeur sportif n’a pas non plus été comprise même si on sait qu’il apprécie l’OM réellement (Leonardo n’étant lui qu’un globe-trotters). Après s’être pris la tête avec Jean Fernandez et Didier Deschamps, le directeur sportif marseillais est toujours fidèle au poste mais est-ce bon pour lui comme pour l’OM ? Pas si sur.
Vainqueur : Leonardo pour le PSG
Les entraineurs : Baup vs Ancelotti
Comme Leonardo, Carlo Ancelotti a eu une très grande carrière en tant que joueur. Vainqueur 3 fois du championnat d’Italie, de 2 Champions League, de 2 Coupes intercontinentales, l’ancien milieu de terrain du Milan a tout gagné en club durant sa carrière. Son prestige est donc immense quand il entame sa carrière de coach qui lui permet d’à nouveau se mettre en valeur. Vainqueur de Ligue des Champions à 2 reprises, Carlo Ancelotti a été aussi champion d’Italie à la tête du Milan AC et champion d’Angleterre avec Chelsea. Un palmarès qui force l’admiration d’autant que l’homme est plutôt sympathique.
Elie Baup a, lui, un palmarès bien plus modeste. Contraint à arrêter sa carrière de footballeur très jeune, l’entraineur de l’OM a été seulement 1 fois champion de France comme entraineur avec les Girondins de Bordeaux (devant Marseille). Autant dire qu’entre les deux, il y a un monde en terme d’expérience, de savoir-faire et de popularité.
Vainqueur : Ancelotti pour le PSG
Les propriétaires : QSI vs Louis-Dreyfus
Si souvent la famille Louis-Dreyfus a indiqué à maintes reprises qu’RLD avait injecté 200 millions d’euros à l’OM (en 15 ans), les Qataris ont aligné 100 millions d’euros la première année uniquement en recrutement (Pastore, Ménez, …). Le mercato estival 2012 devrait être de la même teneur avec d’ores et déjà la venue de Lavezzi et surtout celle peut-être d’Ibrahimovic. Pour Marseille, c’est une toute autre histoire. La saison passée, l’OM a bénéficié d’une enveloppe de … 10 millions d’euros et cette année de 0 euro. Autant dire que l’engagement du puissant groupe d’investissement du Golfe est sans commune mesure avec celui de la famille Louis-Dreyfus. L’OM est désormais totalement largué par un PSG qui veut assommer la L1 et surtout ne pas créer une émulation comme l’avait tenté l’OL à une époque ou Bernard Tapie lorsqu’il était propriétaire du club provençal. Si l’intention n’est pas forcément louable, le verdict est malgré tout sans appel.
Vainqueur : QSI pour le PSG
Les présidents : Al-Khelaifi vs Labrune
Epaulé par Leonardo et surtout le directeur général délégué du Paris Saint-Germain Jean Claude Blanc (qui a été DG puis président de la Juventus de Turin … rien que ça), Nasser Al-Khelaifi préside aux destinées du PSG pour le compte du Qatar Investment Authority depuis 2011 et a su s’entourer – moyennant des salaires indécents – des meilleurs dans leur domaine. Il a écarté l’historique Kombouaré (qui pourtant avait d’excellents résultats, c’est dire le risque pris) et n’a pas transigé vis à vis des supporters les plus turbulents du club. Une poigne dans un gant de velours me direz-vous ?
Vincent Labrune est, lui, un proche de Robert et Margarita Louis-Dreyfus. Président du conseil de surveillance de l’OM, il parait être à l’origine de l’éviction de Pape Diouf, de la nomination puis du départ de Jean-Claude Dassier et plus récemment de celui de Didier Deschamps puisqu’il n’a pas voulu réellement trancher dans le différent entre l’ancien capitaine des Bleus et le directeur sportif. S’il n’a pas les moyens de son homologue et donc incapacité d’avoir les mêmes ambitions, il traine comme un boulet de son statut de Parisien vivant à Paris et ne paraît pas conscient de l’image déplorable que cette situation draine. Attention pour lui aux avis de tempête en cas de contre-performances comme la saison passée où Deschamps bénéficiait d’une mansuétude inédite dont ne disposera pas la nouvelle équipe. Sur l’autel de l’ambition et des prises de responsabilités, le vainqueur est tout désigné.
Vainqueur : Al-Khelaifi pour le PSG
Sans changement d’actionnaire et/ou de politique, l’Olympique de Marseille risque bien de subir le joug du PSG durant de longues années. Avec bien moins de moyens financiers et de compétences en interne, le club phocéen version LD peut-il survivre dans l’ombre de l’ennemi juré ? Pas certain. Cela dépendra évidemment de la presse locale qui est relativement hostile à l’actuelle direction et surtout des groupes de supporters qui, durant trop longtemps, se sont montrés trop complaisants, trop patients envers Deschamps, Dassier, Labrune, Anigo and co. Aujourd’hui, ils en payent collatéralement le prix en voyant une baisse sensible des ventes des abonnements. Eux seuls ont la clé donc à quand le retour de la fureur et de l’intransigeance d’antan ? Nous, on n’attend que ça parce que Marseille c’est ça et rien d’autre.