Marseille réalise son pire début de saison depuis plusieurs années. Mercato loupé ? Entraîneur ou joueurs défaillants ? La faute à pas de chance ? Le départ de certains cadres du vestiaire, tels Gabriel Heinze ou Edouard Cissé, modèles de professionnalisme, n’est peut-être pas étranger à cette débandade. Souleymane Diawara manquant de crédibilité extra-sportive, André Ayew étant encore un peu tendre et Alou Diarra encore loin de son meilleur niveau, on se demande bien qui pourra assumer ce rôle dans l’effectif de Didier Deschamps.
Petit liste non exhaustive de ces guerriers au moral d’acier qui ont compté dans le vestiaire olympien depuis 1984 :
Eric Di Meco (1980-1994)
280 matchs, 153 victoires, 75 nuls, 52 défaites, 15 buts, 47 cartons jaunes, 3 cartons rouges.
Avignonnais de naissance, Eric Di Meco est une légende de l’OM. Probablement l’un des joueurs qui incarnent le mieux les valeurs essentielles à la tunique phocéenne. Formé au club, le latéral a progressé jusqu’à devenir champion d’Europe et titulaire indiscutable chez les Bleus. Les anciens se souviennent que la réputation d’Eric Di Meco a pris tournure suite à un match lors duquel son opposant direct était Mo Johnston. Les chevilles de cet attaquant écossais, dont on ne sait pas si on doit l’assimiler à un historique du Celtic ou des Rangers, s’en rappellent probablement encore. L’ex-Parisien David Ginola ne doit également pas regretter les Classicos de l’époque et les caresses de l’ancien Minot. Si Moracchini lui a mis un coup de tête en traitre lorsqu’il jouait avec Monaco à Bastia, quel joueur peut aujourd’hui se targuer d’avoir fait peur au grand Eric ? Sa grinta a permis de gagner bon nombre de matchs avant même l’entrée sur le terrain. Ses « boucheries » et son mental manquent cruellement…
Bernard Casoni (1990-1996)
221 matchs, 137 victoires, 51 nuls, 33 défaites, 3 buts, 48 cartons jaunes, 8 cartons rouges
Si son expérience comme entraîneur de l’OM n’a pour le moment pas été concluante, Bernard Casoni représente également l’un des caractères forts de la période Tapie. Inamovible rempart olympien lors des années 1990-91 et 1991-92, l’homme est un lâche-rien et parfaitement taillé au contexte marseillais. Né et formé à Cannes, puis joueur du Toulon de Rolland Courbis, il en faut beaucoup pour l’impressionner. Son tempérament a d’ailleurs fait de lui le joueur le plus expulsé de l’histoire olympienne (8 cartons rouges). Ses 30 sélections en équipe de France témoignent de la qualité de ses performances. Finaliste de la Coupe des Clubs Champions 1991, le défenseur a perdu sa place de titulaire et 1992-93 et 1993-94 mais a tenu un rôle clé lors du passage en D2 de 1994 à 1996. Profondément attaché à l’OM, Bernard Casoni n’a pas hésité à prolonger sa carrière (qu’il souhaitait stopper en 1994) pour donner un coup de main.
Carlos Mozer (1989-1992)
118 matchs, 72 victoires, 31 nuls, 15 défaites, 6 buts, 30 cartons jaunes, 4 cartons rouges
Probablement l’un des Marseillais qui, toutes époques confondues, a fait trembler le plus d’adversaire. Sa gueule de tueur, son physique de déménageur (1m87) et son goût prononcé pour les massages de tibias ont toujours eu tendance à anesthésier les attaquants. Aussi souriant qu’il soit hors des pelouses, le défenseur se transformait en prédateur lorsqu’il enfilait un maillot de football. Son efficacité défensive n’est par ailleurs pas à prouver. L’association Mozer-Casoni-Boli a notamment permis à l’OM de n’encaisser que 21 buts en Division 1 lors de la saison 1991-92. Un record qui n’est pas prêt d’être battu. Reparti au Benfica Lisbonne en 1992, il n’a pas participé à la campagne européenne de 1993. Malgré tout détenteur d’un énorme palmarès en clubs, le Brésilien a cumulé 32 sélections avec son pays.
Patrick Blondeau (1998-2001)
78 matchs, 32 victoires, 24 nuls, 22 défaites, 21 cartons jaunes, 1 carton rouge
Longtemps, Patrick Blondeau a mené une vie peu compatible avec sa carrière de footballeur professionnel. Gros bagarreur hors des terrains, l’homme s’est forgé une solide réputation à Marseille. Ses frasques l’ont freiné dans sa progression. Il a fallu une rencontre avec Jurgen Klinsmann pour que le latéral droit prenne conscience de la nécessité de se calmer. Avec l’OM, l’homme a connu de bons et mauvais moments. A la belle saison 1998-1999 ont succédé deux années difficiles. Son charisme n’a pas suffi pour éviter à son club de plonger après le départ de Laurent Blanc. On se souvient que certains soirs de défaites, Peter Luccin et Stéphane Dalmat se sont cachés dans le coffre de sa voiture pour sortir du Vélodrome. On garde aussi en mémoire son coup de tête sur un CRS casqué de Bologne, la gifle distribuée à Marco Simone, sa calbote sur Gallardo, ou encore son assignation en justice suite à un tacle sur Yves Deroff. Une autre époque…
Lorik Cana (2005-2009)
175 matchs, 85 victoires, 44 nuls, 46 défaites, 8 buts, 54 cartons jaunes, 1 carton rouge
Arrivé du PSG, l’homme n’a éprouvé aucune difficulté à s’adapter. Buteur décisif lors de son premier Classico (alors que l’OM n’arrivait plus à gagner contre son rival) et terriblement accrocheur sur le terrain, il s’est immédiatement fondu dans le moule, au point de devenir l’un des icônes des supporters. Ses anciens coéquipiers parisiens se souviennent probablement encore de son agressivité à leur encontre. Sur le terrain, l’homme n’est pas du genre à lever le pied face à une connaissance. Son arrivée à Marseille a coïncidé avec le retour des résultats. Promu capitaine par Eric Gerets, l’Albanais n’a jamais fui ses responsabilités. Sa force de caractère n’a que peu d’égal et ferait beaucoup de bien dans le contexte actuel. Dommage que Deschamps n’ait pas cherché à le retenir il y a deux ans. On imagine qu’il aurait pu faire au moins aussi bien qu’Edouard Cissé et s’inscrire dans la durée avec Marseille. Aujourd’hui à la Lazio de Rome, il détient encore le record de cartons jaunes, toute époque confondue, à l’OM (54).
Gabriel Heinze : (2009-2011)
77 matchs, 42 victoires, 21 nuls, 14 défaites, 10 buts, 13 cartons jaunes
Sa signature à l’OM a écoeuré les Parisiens, lesquels voyaient en lui un emblème de leur club. Lors de son premier Classico au Parc des Princes, on a d’ailleurs pu constater que les insultes et les railleries décuplaient sa motivation. Modèle de professionnalisme, l’Argentin a tout d’un capitaine. Stéphane Mbia, qui s’apprêtait à faire une grosse bêtise en allant se frotter aux supporters qui le houspillaient, se souviendra qu’Heinze lui a remis les idées en place et lui a évité de grosses déconvenues. Sa haine de la défaite et son charisme naturel ont assurément joué leur rôle dans la quête des trophées de 2010 et 2011. Son expérience, et notamment sa gestion des rencontres, manqueront à l’OM. Si Gaby n’a pris que 13 cartons jaunes à Marseille, c’est aussi parce qu’il sait reconnaitre à quel moment il faut faire l’attentat pour ne pas être sanctionner et briser le moral de l’adversaire. On se rappellera avec nostalgie de cette soirée lors de laquelle les avions étaient cloués au sol par le volcan islandais, compliquant de la sorte le voyage des Marseillais dans le nord de la France. L’ancien Madrilène n’a alors pas hésité à partir en cuisine préparer des pâtes pour tous ses coéquipiers afin de les mettre dans les meilleures conditions pour gagner le match qui arrivait.
Prié de partir pour des raisons économiques, Gaby n’aurait certainement jamais laissé couler le navire en ce début de saison. « En partant j’ai l’impression de faire une faveur à l’OM« , a-t-il déclaré, amer…
Bien sûr Marseille a accueilli bon nombre de batailleurs. Si Cyril Rool (6 rencontres, 3 cartons jaunes et 1 carton rouge), Franck Jurietti (21 rencontres, 9 cartons jaunes et 1 carton rouge) et Patrick Colleter (49 rencontres, 16 cartons jaunes) n’ont pas laissé une énorme empreinte à l’OM, Hamada Jambay, Sébastien Perez, Abdoulaye Meité ou Renato Civelli auraient notamment bien mérité un petit paragraphe sur eux. Ce sera pour une prochaine fois. Espérons en tout cas que les Olympiens actuels se rappellent aux bons souvenirs de leurs prédécesseurs pour enfin mouiller le maillot marseillais.