A l’OM comme ailleurs, année après année, internet prend de plus en plus d’importance. Et lorsqu’on analyse les discussions sur un forum comme le nôtre, on se rend compte qu’il existe des « groupes » de pensée. Un peu comme s’il fallait rentrer dans un moule pour exister, et surtout ne plus en sortir. Retour sur les grosses oppositions de ces dix dernières années (car le site approche de son dixième anniversaire, hé oui…) et les préjugés qui en ont découlé :
Pro vs Anti-Tapie : les précurseurs
Tout a commencé au début des années 2000, alors que le règne Louis-Dreyfus venait de basculer dans les ténèbres. L’OM ne se sortait plus des déficits, des crises de toutes sortes et des conflits internes à répétition. A cette époque, le souvenir de la victoire de 1993 était vivace, et la frustration liée à la double relégation était grande. Il y avait des deux côtés des nostalgiques de la période dorée. Certains gardaient espoir de le voir revenir, tandis que d’autres espéraient qu’il oublie définitivement l’OM.
Les préjugés types : à cette époque, les fidèles de Bernard Tapie étaient des anti-RLD, et vice-versa. Les Pro-Tapie étaient les voyous, et c’était plutôt bien vu.
Pro vs Anti-Bouchet
Après les tristes années 2000-2002, Christophe Bouchet opérait un premier redressement, avec comme axe principal la rigueur financière. Pour la première fois, l’OM présentait un bénéfice lors de la saison 2003. L’homme engageait Pape Diouf dans la foulée avant de basculer à son tour du mauvais côté de la force en vendant Didier Drogba et en gérant très mal le mercato 2004. Houspillé, voire menacé, par les supporters, il était défendu par certains sur la toile, laquelle peinait encore à se faire entendre. Fin 2004, il démissionnait sous la pression phocéenne.
Le préjugé type : à cette période, les Pro-Tapie devaient logiquement devenir des Anti-Bouchet.
Pro vs Anti-Diouf
De 2004 à 2009, l’ancien agent de joueur faisait doucement progresser le club. Peu à peu, certains saluaient son travail, reconnaissant la justesse de sa gestion et sa poigne, notamment lorsqu’il s’agissait de défendre le club face à un Jean-Michel Aulas alors tout puissant. D’autres, trouvaient la remontée trop lente, les prises de risques trop faibles. D’ailleurs, si on suivait la logique, les Anti-Diouf se révélaient être les Pro-Tapie les plus virulents. Sauf que… Pape Diouf avait réussi à entamer un dialogue avec les virages du Vélodrome, bouleversant les opinions des uns et des autres, et créant ainsi un beau bordel. Et lorsqu’il était évincé par Vincent Labrune, en 2009, pro et anti s’affrontaient. La pression mise par les supporters pour sauver sa tête n’avait pas suffit. Il faut dire que les millions balancés cette année là dans la masse salariale et le mercato, au péril de l’équilibre du club, avaient un effet anesthésiant.
Les préjugés types : les Anti-Bouchet devaient forcément devenir des Anti-Diouf. Les Pro-Diouf n’avaient pas d’ambitions et participaient à une forme de « guingampisation » du club.
Pro vs Anti-Anigo
Au club depuis 1979, José Anigo a occupé de nombreux postes au club, du centre de formation à l’équipe première. Encore aujourd’hui, sa réputation attise la haine de certains, lesquels le considèrent comme le responsable de nombreux maux phocéens et l’attaquent violemment. D’autre considèrent qu’il représente l’identité « marseillaise » dans un club devenu parisien. Côté presse, certains journalistes lui collent une sale image, d’autres dressent un portrait de lui plus clément et le placent en victime. Le conflit qui l’oppose à Didier Deschamps, arbitré par certains supporters, crée la polémique du moment. Est-il victime d’un courant anti-Marseillais ? Ou récolte-t-il simplement les fruits de ses actions ? Toujours est-il qu’au Stade Vélodrome aucune banderole ne fleurit contre lui et, à l’inverse, ne pas dire de mal de lui sur internet est très mal vu.
Les préjugés types : tout ce qui n’est pas Anti-Anigo est Pro-Anigo. Les Pro-Anigo sont au stade, tandis que les Anti-Anigo sont sur la toile. Les Pro-Anigo font partie du grand complot.
Pro vs Anti-Deschamps
A son arrivée, les millions engagés afin de monter l’équipe championne de 2010, puis celle qui terminait seconde en 2011, inquiétaient certains, ravissaient d’autres. Le seul faisant alors l’unanimité pour son incompétence supposée était certainement Jean-Claude Dassier. Deschamps concentre aujourd’hui beaucoup d’oppositions. Les Pro vs Anti-« fonctionnement actuel des abonnements », Pro vs Anti-« groupes de supporters », Pro vs Anti-Anigo, Pro vs Anti-« priorité aux résultats plutôt qu’au beau jeu », Pro vs Anti-« gestion risquée des finances », Pro vs Anti-patience etc..
Les préjugés types : les Pro-Deschamps sont des Anti-Anigo et vice versa. Les Pro-Deschamps ne sont pas marseillais. Les Pro-Deschamps sont des Anti-Gerets. Les Pro-Deschamps sont des Pro-Bernès et donc les Pro-Tapie doivent être des Anti-Deschamps, car le boss est « maitre ». Les Anti-Deschamps sont trop jeunes, n’ont pas de mémoire ou d’ambition.
Pro vs Anti-Labrune
Il est considéré par certains comme étant le responsable de la gestion calamiteuse et des dettes actuelles, étant donné qu’il est l’homme qui a mis Pape Diouf à la porte. D’autres considèrent (ou considéraient) qu’il peut faire mieux que Pape Diouf. Lors du putsch qui a évincé l’ancien agent de joueur de son poste de président de l’OM, ses partisans sont venus se frotter aux Pro-Diouf, mettant en avant la lenteur de la progression du club. Ses détracteurs insistent sur son manque de présence (il est plus souvent à Paris qu’à Marseille) et son manque de charisme pour fédérer ses troupes ou défendre le club.
Les préjugés types : les Parisiens soutiennent Labrune. Les Pro-Diouf sont des Anti-Labrune. Les Pro-Deschamps sont des Pro-Labrune.
Qui a tort ou raison ? Ce qui est certain, c’est que l’OM est le club d’une ville, Marseille, et que sa ferveur est unique. Espérons que la tolérance et la liberté de pensée survivront à la logique des clans, des préjugés et des clivages. Il parait qu’on a encore le droit de se laisser convaincre, de changer d’avis ou, mieux, de garder un avis modéré. Au final, nous sommes tous dans le même camp et la solidarité est une valeur que nous défendons tous lorsqu’on parle de l’OM à des amis qui n’y connaissent rien. Il s’agirait de ne pas l’oublier…