Cela fait quatre mois que tous les supporters olympiens et les amateurs de foot attendaient ça.
Cela fait quatre mois que les journalistes se plaignent de l’absence de communication de Marcelo Bielsa.
Aujourd’hui, à deux jours du premier match officiel de l’OM face à Bastia, le nouvel entraîneur Olympien s’est présenté face à la presse, accompagné de Franck Passi pour la traduction.
Hélas, ce qui aurait du être un déluge de question/réponse servant à éclairer les supporters sur les contours tactiques de ce nouvel OM, s’est transformé en une tribune pour des journalistes qui n’avaient d’yeux que pour leur nombril et leurs revendications personnelles.
Bielsa, nouvel attaché de presse
A peine la conférence débutée, le ton est donné. Les journalistes enchaînent les questions, ou plutôt les jérémiades, à propos de leurs droits d’entrée à la Commanderie, de la pudeur médiatique de l’OM, de l’absence de conférence de presse depuis la reprise, des entraînements à huis clos etc…
Passi traduit à contrecoeur et Bielsa répond succinctement et systématiquement qu’il ne peut pas donner d’éléments de réponse sur des sujets qui sortent de sa responsabilité.
Après près d’un quart d’heure de ce qui ressemblait plus à une réunion syndicale qu’à une conférence de presse, enfin, les premières questions portant sur le domaine sportif.
Des questions hélas bien fades, très en surface, comme si les journalistes avaient décidé, par acquis de conscience, de passer en revue brièvement le sujet du terrain, afin de revenir rapidement à ce qui les intéresse. Ou comme si ils n’avaient pas les connaissances tactiques nécessaires pour poser des questions pertinentes. C’est selon.
Quoi qu’il en soit, nous, supporters, n’avons pas boudé notre plaisir durant cette parenthèse, et nous sommes régalés d’entendre le technicien de Rosario donner son point de vue sur l’effectif, la Ligue 1, le rôle d’un leader, le système qu’il veut mettre en place etc.
Alors qu’il faisait des réponses courtes et offrait un visage fermé en première partie de la conférence de presse, Bielsa se détendit, se montra plus bavard et souriant, dès que les questions abordaient le sujet qui le passionne tant : le football.
Nous en voulions plus, nous voulions qu’il nous rappelle encore une fois les principes de base de sa philosophie que sont le mouvement constant, la verticalité et un pressing tout terrain, qu’il nous décrive l’alternance des systèmes dans les phases de possessions et de défense, nous voulions entendre sa perception des rôles essentiels qu’il attribue aux latéraux, et au milieux défensifs qui se transforment en défenseurs à la récupération…
Hélas, nous étions bien les seuls, et après une (trop courte) demi-heure à parler du terrain, les journalistes qui semblaient retenir leur respiration durant tout ce temps, revinrent à la charge.
Les questions se suivent et se ressemblent, Marcelo Bielsa essaye d’exploiter tous les angles possibles pour leur expliquer qu’ils s’adressent à la mauvaise personne, mais rien n’y fait.
Ce soir, les journalistes ont décrétés que le technicien argentin avait également le rôle d’attaché de presse du club, et ils n’en démordront pas.
La séance finit donc par un supplice de 20 minutes durant lesquels les supporters furent contraints de subir les complaintes du corps journalistique et d’éprouver de la honte pour la culture footballistique de leur pays.
Des entraînements ouverts : pour quoi faire ?
Une question se pose inévitablement. Journalistes, vous souhaitez que le club vous ouvre les séances d’entraînement, mais pourquoi?
Vous avez vu, comme tout le monde, les 5 matchs de préparations de l’OM, bien plus instructifs que des entraînements publiques, et quelle matière en avez-vous sorti ?
Rien ! Aucune analyse tactique complète n’est sortie des plumes des journalistes présents dans la salle.
Alors que dès le premier match contre le Bayer Leverkusen, les journalistes argentins, à 11 000 km de Marseille, proposent des dossiers complets sur les schémas de jeux utilisés, les rôles de chacun des joueurs, l’animation offensive et défensive et la transition entre les deux systèmes, le tout illustré par des vues 3D et des arrêts sur images, nos journalistes se sont contentés de résumés factuels, d’énoncer les buteurs et éventuellement souligner les bonnes prestations individuelles.
Si vous n’êtes pas capable de faire étal de votre supposée expertise après un match de préparation, que comptez vous proposer au sortir d’une séance d’entraînement ouverte à la presse?
Rien, mis à part d’éventuels ragots, invérifiables, sous couvert de très confortables témoignages anonymes et autres » selon un proche du club « .
Vous aviez la chance d’avoir en face de vous un entraîneur passionné par son métier, qui adore partager sa philosophie tactique, et vous avez été incapable de créer un échange de qualité. Tous les amateurs de football espagnols se rappelleront des conférences de presse à Bilbao durant lesquelles Marcelo Bielsa pouvait s’étendre des heures durant sur chaque détail technique et tactique qui intéresse les supporters. Seulement en Espagne, les journalistes aussi sont amateurs de foot et sont capables de donner la réplique, hélas, vous souffrez de la comparaison.
Ce soir, vous avez été les meilleurs avocats du club Olympien pour plaider la défense de leur pudeur. Si certains supporters plaignaient votre situation face aux huis-clos instaurés, vous pouvez être sûrs qu’ils souhaitent dorénavant tous vous voir dépossédés de vos accréditations.
Ce soir, nous supporters, étions embarrassés pour Bielsa.
« Cela fait 45 minutes que l’on parle, et nous ne disons rien. »