Mardi soir, au stade Michel D’Ornano, Didier Deschamps a vécu son Carquefou avec une défaite humiliante face à Quevilly (club 16ème de National) en quart de finale de Coupe de France. Avec ce revers, le club enregistre la plus longue série de défaites consécutives de son histoire. Or tout semble se passer comme si rien de grave n’arrivait depuis des semaines, voire des mois. L’OM a un électroencéphalogramme plat depuis que peu à peu il a été vidé de ses particularismes et transformé en une franchise façon NBA. Le match nul face à Nice ne règle rien mais satisfait tout le monde au club. L’OM n’est plus l’OM.
Des supporters qui ont perdu leur exigence
A une autre époque, les joueurs auraient été mis sous pression dès leur deuxième défaite consécutive. Samedi soir, face à Dijon, les supporters du virage sud ont accueilli les joueurs avec une banderole les remerciant pour leur qualification pour les quarts de finale de Champions League et les invitant – gentiment – à redresser la tête en championnat. Avant cette rencontre, l’OM en était pourtant à sa cinquième défaite d’affilée. Ce qui faisait la force et l’identité du football phocéen s’est-il éteint ? Tout porte à le croire. Les supporters se sont laissés endormir depuis des années et ont participé à faire de l’Olympique de Marseille un club comme les autres. Rien n’est irrémédiable mais il est temps de revenir aux fondamentaux qui ont de l’OM un club si particulier.
Un actionnaire qui délaisse son club
Très présente après le décès de son mari, Margarita Louis-Dreyfus s’est montrée plus distante depuis quelques mois, prise qu’elle était par les affaires du groupe LD et de la fondation Akira laissée par RLD. Le signe d’un prochain désengagement ? Pas si certain. L’actionnaire n’agit en tout cas plus depuis le début de saison (et même pas pour mettre une forte pression sur l’entraineur et les joueurs comme cela a été le cas par le passé) sinon pour confirmer, via Vincent Labrune, que la masse salariale doit baisser. Or les conséquences de ses choix (et de ses non-choix) vont lui faire perdre plus d’argent que sa politique d’économie devait lui faire économiser. Tragique.
Un président qui préside à distance
A la manoeuvre en coulisses pour virer Pape Diouf, Vincent Labrune a placé Jean-Claude Dassier en juin 2009 à la tête de l’OM avant de se rendre compte quelques mois plus tard que ce dernier avait rendu le club exsangue (mais avec des titres). L’ami d’RLD est donc sorti de l’ombre et a pris la tête du club pensant qu’on peut diriger une pétaudière par téléphone. Peu présent durant la semaine, Labrune ne peut donc voir, entendre, sentir ce qui ne va pas dans la semaine. Un handicap évident en terme de prise de décision même s’il a bien entendu des yeux sur place. En termes d’image c’est bien pire puisque Labrune vit à Paris. Un peu comme si le président du PSG habitait Marseille ou si le président de Saint-Etienne habitait Lyon. Voilà l’aboutissement de la politique de normalisation de l’OM et de vidage de sa substance qui faisait sa singularité.
Un entraineur qui s’est isolé
Si le trio Pape Diouf – José Anigo – Eric Gerets était en parfaite osmose, les relations entre José Anigo et Didier Deschamps n’ont jamais été bonnes et se sont détériorées au fil du temps. Fort de ses résultats, l’entraineur phocéen a exigé de Vincent Labrune que le directeur sportif marseillais soit mis au placard et qu’il prenne la totalité des pouvoirs dans le domaine sportif. Or, avec juste dans l’idée de gagner des matchs (et des titres, ce qu’il a réussi durant 2 saisons) mais sans se soucier du contenu, le coach phocéen a atteint les limites de son système de pensée et de jeu comme on le voit hélas depuis des semaines. Pas de jeu, pas de résultats sportifs (hormis un quart de finale inespéré de Champions League), un stade éteint par une lancinante litanie de rencontres soporifiques le soutient encore. Mais jusqu’à quand ?
Des joueurs qui ne pensent qu’à leurs primes
Si les supporters, le président et l’entraineur ont leur part de responsabilités dans cette saison ratée de l’OM, les joueurs ne peuvent être dédouanés des leurs. Certains diront même qu’ils sont les principaux fautifs. Le plus grave est leur absence de prise de conscience puisque ces derniers joueurs certains d’entre eux semblaient encore préoccupés par la répartition des primes au lieu de se demander s’ils les méritaient (ce qui n’est évidemment pas le cas). Sans envie (sinon celle de partir), sans détermination et esprit collectif, les joueurs de l’Olympique de Marseille « jouent pour leur gueule » selon Eric Di Meco. Difficile de lui donner tort. Et dire que c’est à eux de nous sortir de ce guêpier !