Arrivé comme un sauveur après le départ d’Eric Gerets, Didier Deschamps a imposé sa patte sur le sol phocéen dès sa première saison en imposant un jeu terne mais réaliste, en transformant les conférences de presse en mouroir et en alignant (et c’est le plus important pour certains supporters) une liste impressionnante de titres (1 titre de champion de L1, 2 titres de Coupe de la Ligue, 2 titres de Trophée des Champions en 2 saisons). Aujourd’hui, alors que l’OM vient d’aligner sa pire série de défaites depuis 1987, pas une critique ne filtre des médias, des commentateurs et des supporters.
L’OM : une passion qui s’étiole et un stade qui se ramollit
Pour la première fois depuis 2006, l’Olympique de Marseille ne sera pas en Champions League la saison prochaine. Pourtant, malgré des soucis financiers conséquence des excès qui ont permis d’acquérir des titres les deux dernières années, le club phocéen possède le 3ème budget de France et a pourtant fléchi 5 fois consécutivement face à des équipes faibles et sans ambition (Brest, Toulouse, Evian, Ajaccio et Dijon). Malgré cette absence de circonstance atténuante, le Stade Vélodrome n’a pas accompagné de sifflets nourris les joueurs et/ou leur entraineur, pas plus que sorti des banderoles assassines. Car à mesure que l’OM perd de sa superbe, année après année, en terme de notoriété, l’enceinte marseillaise a aussi perdu son impatience et son exigence qui faisaient la spécificité de ce club en France.
Au diable le spectacle si on a la gagne
Plus que tous les autres entraineurs français, Didier Deschamps est obnubilé par les titres. Très fortement imprégné par le football italien (avec ce qu’il a de bon et de mauvais), le coach de l’OM n’a jamais réussi à emballer les afficionados du beau jeu mais a comblé les supporters du résultat. Il n’a d’ailleurs jamais caché que seul le résultat l’intéressait. « Ah, les esthètes du foot ! Le foot, c’est être efficace dans les derniers mètres de chaque côté. (…) Faire du beau jeu pour faire du beau jeu, ça ne sert pas à grand-chose. » A faire plaisir aux amateurs de foot ? Qu’importe donc pour lui si le spectacle proposé depuis 18 mois est consternant (hormis une période de 2 mois en fin 2011) et si les places gratuites du Vélodrome ont du mal à trouver preneur. Si pour certains le football est un « art », pour le comptable Deschamps, c’est juste des points qui s’ajoutent.
Une série historique de défaites et pas une critique
Avec une certaine lucidité, Vincent Labrune avait vivement critiqué les joueurs après la défaite (la cinquième d’affilée) face à Dijon. « On vient de perdre cinq matches consécutifs, c’est juste pas normal pour l’OM. Dans le contenu c’est d’une pauvreté hallucinante. » Le président de l’OM s’était bien sur gardé de juger sévèrement son entraineur qu’il sait indéboulonnable pour plusieurs raisons (financières et psychologiques). Didier Deschamps, lui, a presque le goût d’en rire. « C’est ma troisième saison, la moyenne de vie d’un entraîneur à Marseille est de 12 mois. Je vais arriver à 36, c’est déjà pas mal. » Or Labrune, en virant Dassier et Diouf, s’est mis dos au mur notamment en raison de son manque de légitimité. Et l’OM pourrait aligner une 6ème défaite que Deschamps ne serait pas plus inquiété. Côté média, le mutisme est total. Pas une once de critique de Mario Albano dans La Provence. Aucune évocation de ses responsabilités dans L’Equipe. Didier Deschamps est donc le seul entraineur au monde qui peut perdre (et pas contre le Milan AC mais des calibres comme Ajaccio, Brest ou Evian) sans que son travail soit remis en cause. A ce niveau-là, cela force l’admiration.
Bien sûr, Didier Deschamps n’est pas responsable de tous les problèmes qui agitent l’OM actuellement. L’absence au quotidien à La Commanderie de Vincent Labrune, le non-remplacement de certains joueurs partis l’été dernier, l’absence d’implication de certains Olympiens font que les responsabilités de ce fiasco en L1 sont multiples. Malgré tout, il n’est pas juste non plus de dédouaner le responsable du secteur sportif. Il sera inévitable à un moment de parler des choix de l’entraineur olympien (Pintus comme préparateur physique, Guy Stephan comme adjoint, le choix du 4-3-3, le manque de turn-over, …). Car, on le sait, la politique de l’autruche conduit le plus souvent à la catastrophe.