Deschamps – Valbuena : une longue histoire

Arrivé à l’OM en juillet 2009, Didier Deschamps est accueilli comme le messie, lui qui quelques années plus tôt avait brandi la Coupe du Monde avec l’équipe de France et en 1993 la Ligue des Champions avec Marseille. Il succède pourtant à un entraineur très apprécié dans la cité phocéenne, Eric Gerets, dont il veut […]

Arrivé à l’OM en juillet 2009, Didier Deschamps est accueilli comme le messie, lui qui quelques années plus tôt avait brandi la Coupe du Monde avec l’équipe de France et en 1993 la Ligue des Champions avec Marseille. Il succède pourtant à un entraineur très apprécié dans la cité phocéenne, Eric Gerets, dont il veut rapidement se démarquer. Mathieu Valbuena, chouchou du Belge, va en faire les frais.

Deschamps pose son empreinte

Valbuena est pourtant enthousiaste à l’arrivée du Bayonnais. « C’est un personnage qui a du charisme et qui a prouvé par le passé qu’il était un entraineur compétent. » Dès le début de saison 2009/10, Valbuena est pourtant mis à l’écart. Deschamps lui aurait dit qu’il manquait « de coffre ». De plus le nouveau coach olympien souhaitait donner les clés du jeu olympien à Lucho, arrivé comme une star à l’OM, et craignait peut-être que Valbuena, dont le jeu peut pencher vers l’axe du terrain, et l’argentin se marchent dessus. Le milieu marseillais a alors le tort de faire part publiquement d’une conversation privée avec son coach. L’ancien entraineur de Monaco apprécie peu (à raison) et l’engage à en tirer les conséquences. Valbuena annonce malgré tout vouloir rester à Marseille et prouver à son entraineur qu’il mérite d’être titulaire. La Juventus de Turin, Wigan, Chelsea, l’Atletico Madrid, le Hertha Berlin, le Zenit Saint-Peterbourg et Everton lui font pourtant les yeux doux. « J’espère bien prouver au nouvel entraîneur que si j’ai autant joué lors des deux dernières saisons ce n’est pas parce qu’Eric Gerets et moi avions des rapports privilégiés mais tout simplement parce que je travaillais dur à l’entraînement chaque jour. » Les deux mois suivants sont pourtant émaillés de vrais-faux départs du milieu marseillais qui agacent supporters, dirigeants et Deschamps qui le lui fait payer durement.

Valbuena du banc à titulaire

Deschamps veut se séparer de Valbuena mais les offres sont trop faibles pour être acceptées par les dirigeants phocéens qui, eux aussi, semblent peu empressés à conserver Valbuena dans l’effectif. « Je préfère l’avertir que je ne lui certifie pas un temps de jeu pour éviter qu’il vienne me voir ensuite pour me demander pourquoi il ne joue pas » explique le coach olympien devant la presse. Pour ce début de championnat et alors qu’il était titulaire indiscutable la saison précédente, Valbuena n’est aligné d’entrée par Deschamps que 7 fois lors des 30 premières rencontres. Il faut donc attendre février 2010 (soit 6 mois après le début du championnat) pour que le coach marseillais commence à aligner régulièrement le petit technicien. Son jeu s’est-il amélioré, son physique est-il devenu plus robuste ? Non. Reste qu’à partir de ce moment-là (ne disons pas que c’est le déclencheur du renouveau olympien mais les faits sont là), les Olympiens alignent victoire sur victoire jusqu’à conquérir le titre.

Valbuena, un joueur qui doit toujours prouver

Viré du centre de formation de Bordeaux en raison de son gabarit, Mathieu Valbuena a dû faire ses preuve à Libourne avant de goûter au haut niveau. Arrivé à l’OM il a encore fallu travailler pour s’imposer avant que son statut de titulaire ne soit remis en cause avec l’arrivée de Deschamps. Et c’est la même trajectoire qu’il connaît chez les Bleus. Bien que ses entrées soient souvent synonymes de mieux dans le jeu français, le joueur garde l’étiquette du joker face à des Nasri ou Ben Arfa considérés comme des prodiges du football français et qui ont connu toutes les sélections de jeunes. Le potentiel semble alors parfois prévaloir sur les performances alors que l’envie de Mathieu Valbuena apporte un véritable plus à une équipe de France qui en manque parfois cruellement. Mais son statut de dynamiteur est aussi intéressant en sortie de banc, quand les organismes commencent à fatiguer et, effectivement, la question peut se poser de savoir si ce n’est pas là que son apport est le plus grand pour les Bleus.

Toujours est-il qu’il y a un passé entre l’olympien et son ancien entraîneur et on ne peut pas faire l’économie de le mettre en lien avec la situation de Valbuena en Bleu. Lors de la saison 2009/10, Mathieu Valbuena ne sera titularisé que 24 fois sur 54 matchs. Les deux hommes ont eu 6 mois difficiles pour se comprendre et s’admettre. L’année suivante, « petit vélo » sera titularisé 34 fois puis 41 fois en 2011/12. Reste que pourtant c’est bien le pragmatisme de Deschamps qui l’a contraint à placer Valbuena dans son onze. Et aujourd’hui qu’il a l’occasion de le mettre titulaire en équipe de France, notamment après son match très probant face à l’Espagne, pas certain que l’ancien coach marseillais ne lui préfère pas deux starlettes inconstantes et capricieuses de Premier League : Nasri et Ben Arfa.