Depuis les dernières 48 heures les armes se sont quasiment tus et, il faut l’avouer, cela fait du bien. La semaine dernière a été le théâtre du plus pathétique affrontement médiatique depuis plusieurs années entre Pape Diouf et Vincent Labrune. Pourtant, en achetant son silence avec une indemnité de départ conséquente, l’Olympique de Marseille pensait certainement avoir muselé son ancien salarié. Cela a été le cas durant de longs mois jusqu’à ce que Pape Diouf décide de sortir de l’ornière, dispensant les bonnes et mauvaises notes tout en oubliant peut-être que lui (comme les autres) avait quelques cadavres dans son placard.
Diouf : « mytho », « mégalo » mais populaire
Le premier à dégainer a été Pape Diouf qui, depuis 2 semaines, ne passe pas une journée sans dégommer par voie de presse la direction de l’OM. Ses critiques vont crescendo. Il critique d’abord la discrétion de Labrune. « Etre président de l’OM sans se faire voir et entendre, c’est vraiment une gageure. » Il estime que Labrune est aussi responsable des difficultés financières actuelles du club puisqu’en étant président du conseil de surveillance sous l’ère Dassier, il actait toutes les dépenses. « Tout a été acté par le président du conseil de surveillance qu’il a été. On ne peut pas reprocher à Dassier d’avoir dépensé inconsidérément. » Diouf considère que l’OM manque d’ambition et que les choix sportifs pris ces derniers mois ne sont pas de nature à rassurer le supporter qu’il est. Les attaques portent aussi sur la personnalité de Labrune. « Ce qu’il manque le plus singulièrement à cet homme, c’est le courage intellectuel et le courage physique. » Très populaire dans la cité phocéenne, Pape Diouf se sait intouchable mais dans un climat de « marécage » avec l’affaire des écoutes et le status quo au sein du club, il se voit comme le dernier recours tout en indiquant qu’il ne reviendra que si l’équipe actuelle (propriétaire compris) quitte le club.
Labrune sur la défensive
Même s’il feint de le voir, Vincent Labrune fait face actuellement à un réel mécontentement des supporters bien qu’il soit toujours soutenu par les chefs des groupes de supporters qui sont de plus en plus coupés de leur base. Menant (peut-être malgré lui) une politique de crise pour assainir les finances du club creusées par 2 saisons d’excès (et de titres), le président de l’OM fait aussi face à un PSG qui, lui, dépense sans compter, une enquête sur des transferts, un recrutement à la Sedan et une manifestation de supporters qui, même peu nombreux, témoigne d’un profond agacement des fans du club. Les attaques réitérées de Pape Diouf tombent donc au plus mal moment pour lui. Qualifiant de « grotesque » et « pathétique » le livre de l’ancien agent de joueurs, Labrune a choisi de lui répondre de façon plutôt inhabituelle : se payer une page entière dans l’Equipe écrite à « la truelle » (selon Pierre Ménès) et qui, au lieu de ridiculiser Diouf, ridiculise l’OM. Les médias (comme les fans marseillais) sont stupéfaits du procédé. La publication avait pour objet de discréditer Pape Diouf. Pas sûr que l’objectif ait été atteint.
Pendant ce temps, Dassier compte les points
Souvent au centre des attaques des deux protagonistes, Jean-Claude Dassier semble lui s’amuser de ce combat de Com’ (ou de coqs comme vous voulez). « Je les croyais réconciliés sur mon dos. Pape Diouf doit être ravi d’une telle publicité (ndlr : pour son livre « C’est bien plus qu’un jeu »). J’espère que Labrune me fera le même cadeau lorsque mon livre sortira en septembre. » Avec un litige avec l’OM portant sur son indemnité de départ (il réclame 1.7 million d’euros à l’OM correspondant à sa dernière année de contrat et aux primes de la deuxième saison), Dassier compte bien miser certainement sur les difficultés actuelles de Vincent Labrune pour trouver peut-être un compromis intéressant pour lui et obtenir ce qu’il croit être son dû. Ce duel entre Diouf et Labrune est donc de nature à faire son jeu. Dans son livre qui devrait sortir dans quelques mois, Dassier compte bien lui aussi égratigner Labrune qui est à l’origine de son éviction. Autrement dit, on risque bien d’assister de nouveau à des joutes verbales plutôt navrantes dans quelques temps.
« Ces histoires me navrent, c’est fatigant. Qu’ils lavent leur linge sale entre eux » expliquait hier Luis Fernandez sur RMC. On ne peut qu’abonder dans ce sens. Reste que ces regrettables échanges témoignent tout de même d’un pourrissement de l’atmosphère qui ne pourra conduire qu’au changement.