Une étoile est née. Cette saison 2003-2004 aura été marquée par l’explosion du phénomène Drogba. Que l’on parle de Drogbamania ou de Drogba-dépendance, qu’on le compare à Papin ou à Weah, ce constat s’impose. Plus que tous ses coéquipiers réunis, plus encore que le champion du monde bouffeur de big-mac, c’est sur lui que se sont focalisées toutes les attentions. A la recherche de la nouvelle star, le public du vél’ ne s’y est pas trompé. Du côté d’Endemol, on doit songer à une Drogbacadémy. Avec, en guise de prime time, le show du samedi soir, sous les projecteurs du Vélodrome. N’oubliez pas de voter, 56 centimes d’euros l’appel.
Néanmoins, pour le showman de la Canebière, cette saison ressemble plus à du Koh-Lanta qu’à l’île de la tentation. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça tombe pas tout cuit. Marquer des buts avec des bouts d’occazes, c’est un peu comme faire du feu avec un silex. Et un mauvais centre par ci par là, ça ne nourrit pas plus son homme qu’une noix de coco. Pour une star, la pillule est dure à avaler; comme si on avait demandé à Piaf d’interpréter du Jean-Pascal. Une vedette, ça râle, ça fait des caprices; et comme pour mieux confirmer son nouveau statut, notre Houcine des terrains verts y est allé de son couplet plaintif.
» Il y a pas mal de choses qui reposent sur un seul joueur, et ce n’est pas normal […] Il est flagrant qu’il y a un déficit au niveau de l’animation du jeu » a récemment déclaré l’Ivoirien. DD se sent bien seul à la pointe de l’attaque olympienne, et tel le Bachelor il éliminerait volontiers quelques courtisans encombrants. C’est qu’il s’est bien fait avoir sur la marchandise, le bougre. Après Greg le ( faux ) millionnaire, en fait vrai dealer et accessoirement Tarzan à Eurodisney, voilà l’autre arnaque de ce début de millénaire: la fausse meute de loups qui se révèle être un vrai troupeau de chèvres. A sa décharge, l’affaire fut rondement menée, entre les sondages de l’Equipe et l’enflammade quasi-générale sur le recrutement. Le foot-spectacle est vraiment un univers impitoyable.
Mais tandis que la diva grimace, c’est toute la chorale qui s’affolle. Depuis que Drogba nous a fait part de son amertume, ses performances s’en ressentent. Maladresse, individualisme, simulations multiples et maladroites; bref, le disque semble quelque peu rayé. A un tel point que c’est tout l’OM qui tremble; sans la pleine participation du buteur, les dernières dates de la tournée 2003-2004 s’annoncent sous le signe de la peur. Fear Factor pour l’OM tous les samedis soir, avec Anigo dans le rôle du maillon faible ? Difficile à dire. Le problème se pose plutôt en ces termes: comment remobiliser Drogba ?
Les solutions ne sont pas légion. Une éventuelle sanction paraît difficilement envisageable: même démobilisé, notre attaquant reste un joueur exceptionnel, dont on ne saurait se passer dans la période charnière que vit le club. Pas question donc de le menacer de peine de Loft.
Il faut surtout comprendre les raisons de cette crise: comme l’Ivoirien l’a dit lui-même, c’est surtout la lassitude et la déception qui l’ont provoquée. Voyant s’ouvrir devant lui la piste aux étoiles, Didier Drogba doit se demander si l’OM sera en mesure de l’élever au firmament de la renommée… Il doit impérativement être rassuré sur les ambitions du club, et sur ce plan, le bon José n’y peut pas grand-chose. C’est à la direction du club que revient l’initiative, à savoir garantir à Drogba un recrutement ambitieux et, peut-être, des remaniements dans le staff. Dans cette optique, l’éventuelle arrivée de Laurent Blanc, les dossiers Pedretti et Gallardo pourraient convaincre la starlette de toujours assurer son numéro l’an prochain. Avec à ses côtés, on l’espère, une pléiade de stars.