Le coach de l’OM a donc annoncé sa décision de partir. A un moment peu opportun est-on tenté de dire. Tout ceci n’enlève véritablement rien aux qualités de Gerets, qui semblait fait pour l’OM : tactiquement il a donné pas mal de leçons cette année, son coaching est quasiment toujours payant et sa gestion du groupe exemplaire. Mais par-dessus tout, c’est son flegme et son charisme naturels qui auront remporté les suffrages. Toujours lucide, pas avare de bons mots, pince sans rire sans égal en France, la personnalité du Belge n’aura pas laissé insensible un public marseillais fin connaisseur. Alors que la trouvaille de Pape Diouf semblait enfin répondre à la quête du profil parfait pour un entraineur à Marseille, un nouveau rebondissement nous rappele que tout cela était peut-être trop beau pour être vrai.
En effet, alors que depuis un long moment le technicien belge cultivait le flou autour de son avenir, tenant à ne s’exprimer qu’en temps voulu (l’équipe avant tout !), l’annonce de son départ fut une grande surprise. Pas tant le fait qu’il parte, puisque les rumeurs allaient bon train. Ce qui a causé la stupeur chez certains c’est non seulement le moment choisi pour l’annoncer (quelques heures avant que Gourcuff ne remette Bordeaux à … 2 points), qui semble pour le moins en contradiction avec la philosophie du coach, mais aussi les raisons invoquées, ou plutôt LA raison invoquée.
Après avoir relu les déclarations de l’entraineur à plusieurs reprises, pour être sur d’avoir bien compris, c’est la consternation qui prime. Gerets n’a en fait toujours pas digéré l’intervention du propriétaire du club en janvier : le patron a gueulé juste quand ça n’allait pas, alors qu’il n’est pas là pour nous taper dans le dos quand ça va ! Le problème est donc d’ordre humain, le coach belge ne supporte pas son patron qui ne semble pas lui témoigner sa confiance. L’idée n’est pas ici de lancer un débat sur les qualités de Robert Louis-Dreyfus, qui ne gagnera surement aucune récompense dans la catégorie « actionnaire principal de club de football professionnel » , mais on peut quand même se demander où se situe vraiment la sincérité du coté de Gerets.
Dans un contexte où les patrons sont pointés du doigt pour des comportements peu louables, cette situation fait presque office de canular. En gros, Gerets ne veut plus continuer à cause du méchant patron qui lui a crié dessus lors d’une mauvaise passe. La confiance est brisée, plus rien ne sera jamais comme avant, les deux hommes ne pourront plus jamais se regarder dans les yeux sans avoir le coeur serré. Aucun nouveau contrat ne lui est parvenu : mais il semble si bien parti pour le titre, ne serait-il pas en position de force pour négocier à ce moment là justement ? Les objectifs sont de toute façon atteints, le public est amoureux du Belge, alors pourquoi prétendre une insécurité et un manque de reconnaissance à ce moment précis ? Tout semble indiquer que le Belge a déjà sa porte de sortie et qu’il ne fait que régler quelques comptes avant son départ.
Un parallèle intéressant est le cas Drogba. Le phénomène venu de Guingamp a poussé les hauts cris pour affirmer son amour pour l’OM et son désir farouche de rester. Puis est venu le grand méchant loup Bouchet et le petit Didier a du partir loin dans le froid londonien. Marseille a ainsi trouvé son coupable véritable : ce n’est pas le monde du football ou tout le monde se bat pour ses milliers d’euros par semaine et où les sirènes sont nombreuses et généreuses, c’est le président qui a brisé le coeur du brave petit joueur et du public marseillais. Didier a ainsi orchestré plus ou moins volontairement un départ mélodramatique qui lui assurait à la fois un salaire à 6 chiffres et la possibilité de tout gagner dans un club surpuissant, mais aussi l’amour désormais indéfectible du public de l’OM : cela pourra toujours servir, sait-on jamais…
D’un autre coté on a le cas Ribéry. Qu’on aime ou pas ce joueur sa classe sur le terrain ne fait aucun doute. Et lui n’a pas vraiment tourné autour du pot : à peine arrivé il commençait déjà à préparer son départ. Il n’a semble-t-il pas eu besoin de manoeuvres et de s’inventer une éthique ou une foi qui n’existe pas dans le monde du football. On pourra toujours discuter de son apport réel à l’Olympique de Marseille mais Franck au moins aura été sincère de bout en bout.
Eric Gerets aura donc choisi une sortie beaucoup plus compliquée. Un coup de pub pour sa personne dont il ne semblait pas avoir besoin jusqu’à aujourd’hui. Maintenant on a presque envie de dire : il a intérêt de le gagner ce titre car à la fin de la saison il ne sera plus l’heure de pointer des doigts mais plutôt de compter des points…