Un bon entraineur… Cette expression a autant de définitions que d’amateurs de football. Suivant son point de vue, son amour du maillot ou sa nationalité, chacun est en mesure de penser comme il l’entend. Claude Puel a peut-être été pour certains un bon entraineur comme Antoine Kombouaré peut le sembler pour d’autres. Il est cependant aisé d’un point de vue purement comptable de définir ce qu’est un bon entraineur : le nombre de matches gagnés, le nombre de trophées, …. Doué ? Adulé ? Détesté ? Frileux ? Joueur ? Peu importe l’adjectif, seul le résultat compte, mais tous ont en eux ces qualités qui font d’eux des coachs d’exception, tous endossent à différents moments différentes casquettes.
L’entraineur : un animateur de colo ?
La base de tout le travail d’un bon coach, c’est de provoquer une osmose, une ambiance adéquate dans un groupe. Rigueur, discipline et bonne humeur ? Paradoxe quotidien pour quiconque veut parvenir à ses fins. L’exemple type est le célèbre « Special One », José Mourinho, qui allie avec brio ces principes. Sous ses allures austères se cache un homme de proximité, sévère mais juste qui sait tirer la quintescence de ses joueurs. Pas de favoritisme, seulement du travail et encore du travail. Récemment, Benzema en avait fait les frais. Faire tâter le banc au petit prodige français n’était sans doute pas donné à tout le monde. Mais les résultats sont là avec le Mou’ : des rentrées prolifiques du Français, des statistiques plus que correctes, la méthode fonctionne !
Le gourou de sa propre secte !
Et c’est là que la deuxième qualité fondamentale de l’entraîneur apparait : la communication. Des mots justes aux bons moments, un discours identique à chacun, un profond respect de l’individu, tels sont les maître-mots du discours du coach. La tourmente de Knysna avait mis en exergue le problème de la communication de Domenech, homme fermé, sûr de lui, sans remise en question. Le constat a été rude pour nous supporters. Des défaites, une honte mondiale à Knysna et une équipe de France en lambeaux. Aujourd’hui à son poste, Laurent Blanc, le Président, calme, posé, ouvert, un discours simple et précis, une communication maîtrisée sur le plan tactique, sur le plan personnel ( Ribery, Evra, …), un dialogue compris par les anciens et par les jeunes… Tant de petites choses qui font éclore des Marvin Martin et bonifier des Valbuena.
Le porte parole et délégué syndical
Cette communication interne va de pair avec celle destinée aux médias. Protéger ses joueurs, expliquer ses choix, telles sont les difficultés de l’homme du banc. Et cela Deschamps l’a bien compris. Contre vents et marées, quand Lucho n’est plus que l’ombre de lui-même, quand Gignac ressemble plus à un enfant perdu qu’à un attaquant, DD était là. Pare-feu face aux foudres journalistiques, il s’est dressé en mur pour protéger ses joueurs, son groupe. Un grain de sable dans une belle mécanique et tout est fichu. Tout ce travail de fond quotidien est fastidieux pour l’entraineur-assistante sociale-tuteur légal. Mais tout cela mène à une vie du groupe qui se ressent sur le terrain et là c’est le stratège qui entre en scène !
Un stratège digne des plus grandes batailles
Dispositif tactique, mouvements précis, coaching payant, … Des choses simples sur le tableau blanc d’avant match mais seulement possible si toutes les conditions précédentes sont réunies. Ensuite c’est la science du jeu qui fait la différence, l’art de tirer le meilleur de son équipe. Mbia, milieu défensif moyen fait un défenseur central excellen t; Mario Gomez excellent buteur quand il est remplaçant ; Gourcuff détonateur du jeu quand il est sur le banc …. L’entraîneur connait la solution à chaque problème, mieux il les anticipe. Trois matchs en 4/4/2 ? Le suivant en 4/3/3 ! Chaque situation sa vérité ! Raymond Goethals en savait quelque chose, le sorcier belge avait tout vu, avait tout su en 1993, pas pour rien qu’on l’appelait Raymond la Science.
Tout ça pour quoi me direz vous ? Pour gagner des titres prestigieux certes. Coupe du Monde 1998 : on pense à Zizou, on pense à Blanc, à Deschamps… Puis on pense à Aimé Jacquet…. Conspué pendant la préparation du Mondial pour ses choix, il a su au nez et à la barbe de tous ses détracteurs ramener une Coupe du Monde sur les Champs-Elysées !
Pour enfin accéder au Panthéon…
Homme de l’ombre parfois, homme de terrain toujours, homme savant et homme confident, le bon entraîneur se détache du lot par son charisme, ses résultats, son savoir faire. Jeune fou ou vieux loup, Villas Boas ou Hiddinck, Trappatoni ou Garcia, le bon entraîneur se cache parfois mais se révèle toujours le jour des grandes rencontres. Et quand la coupe revient au club-house, que la foule est en liesse, que les joueurs jubilent, l’entraîneur, lui, de son oeil bienveillant, surveille les évènements et ne pense qu’ à une chose : au match suivant !