Le football français ne s’est jamais remis de Knysna car il a été incapable d’en comprendre les maux et d’en faire l’inventaire. Le remède était pourtant simple à prescrire : une cure de morale, une interdiction à vie des Bleus pour les meneurs et l’obligation d’être performants en équipe de France pour y revenir. Comme dans d’autres domaines, les dirigeants français ont manqué de courage et ont décidé de ne pas prendre le risque de se priver de ces perturbateurs. Pour les plus jeunes, le message envoyé a été reçu de la pire des façons et certains ont dérapé bien évidemment par la suite (M’Vila, Nasri, …). Pire, Laurent Blanc et Didier Deschamps ont permis le retour d’Evra, Abidal et Ribéry dont l’influence a sans doute conduit là où nous en sommes aujourd’hui. S’offre désormais à eux une ultime chance de se racheter et de retourner les Français qui majoritairement (82% selon Le Parisien) ne les supportent plus.
Des Bleus dans le rouge
Si la plupart des Français pensent qu’ils ne feront rien pour défendre ce maillot, on peut penser qu’ils sont capables de faire de grandes choses pour eux-mêmes. Depuis le départ de la génération Zidane, certains internationaux ont utilisé l’équipe de France pour assurer leur ascension personnelle en club au lieu d’y voir l’un des aboutissements de leur vie. La plupart jouent dans des grands clubs : le Bayern Munich, Manchester United, Manchester City, le Real Madrid, … Tous y brillent et y sont exemplaires puisqu’aucun des écarts qu’ils ont commis chez les Bleus n’y serait toléré. Déconnectés de la réalité, ces bourreaux de la langue française se prétendent aimés des Français, irréprochables sur le terrain comme en dehors, meilleurs que des adversaires qui viennent pourtant de les écraser, irrespectueux envers les anciens comme Thierry Henry ou les nouveaux comme Yoann Gourcuff ou Mathieu Valbuena, … L’inventaire des leurs errances est si vaste qu’il conduit inévitablement à la question suivante : comment Blanc et Deschamps ont-ils pu faire revenir les loups dans la bergerie ? Par quel miracle ont-ils cru pouvoir guérir de tels « malades » ? Par obligation du résultat (les 2 ans pour réussir donnés par la FFF), ces deux glorieux anciens ont paré au plus pressé et estimé qu’il serait plus facile de gagner avec eux que sans eux. Une vraie erreur de jugement qui se retourne aujourd’hui contre le capitaine de 93.
90 minutes pour vivre leur rêve
La France est partagée à leur sujet. Certains veulent un échec retentissant pour virer définitivement les Ribéry, Evra, Abidal, Nasri, Benzema, … et passer à une autre génération (Pogba, Matuidi, Cabaye, Giroud, … sans oublier la génération champion du monde U20 avec Thauvin, Kondogbia, …) qui, sans être plus saine, parait avoir plus de respect du maillot, d’envie de bien faire et une réelle fraicheur que certains n’ont plus. D’autres estiment qu’une absence de la Coupe du Monde n’aurait aucun effet curatif. Les hommes de Didier Deschamps auront en tout cas mardi une occasion unique de racheter une partie de leurs méfaits. Certes, rien de ce qu’ils ont dit ou fait ne sera effacé mais en se qualifiant dans de telles conditions (mettre 3 buts en 90 minutes à une équipe qui n’en a pris que 4 en 10 rencontres), certains verraient leur blason redoré. En ont-ils envie ? Certains, comme Patrice Evra, paraissent peu s’en soucier. Pour autant, c’est leur dernière occasion de sortir par le haut. Ou tout du moins essayer.
Les plus lucides des internationaux français pensent être mal aimés. Difficile de leur affirmer le contraire. Pourtant, ce n’est que la représentation d’un amour déçu, d’une trahison de valeurs communes, d’un écoeurement vis à vis d’une minorité de joueurs qui a rejailli sur l’image du onze de France. Le coq sur le coeur, La Marseillaise aux lèvres, ils vont devoir renverser l’échiquier. On veut y croire car, malgré ce qu’on peut parfois dire contre eux, on a envie de vivre l’été prochain cette grande fête qui n’en sera pas une sans la France. Alors faites-nous mentir, faites-nous croire à l’impossible. Qualifiez-vous.