Après le résultat calamiteux obtenu en Ligue des Champions contre le PSV Eindhoven, l’OM a laissé entrevoir contre le PSG des lacunes qui pourraient bel et bien le priver de tout espoir de titre. Considéré comme le sauveur depuis son arrivée, et dépositaire d’un professionnalisme retrouvé à la Commanderie, Eric Gerets s’est fait remarquer par un coaching bien hasardeux cette semaine. Analyse de la situation :
La défense : retour au point de départ
Ronald Zubar et Elamine Erbate n’ayant pas convaincu depuis le début de la saison, il semblait effectivement urgent de trouver une solution afin de palier au supplice auquel nous assistions. Le coach olympien a ainsi choisi de revenir à sa solution « miracle » de l’an passé, à savoir le replacement de Lorik Cana dans l’axe central de la défense. Problème : ce dernier n’avait plus occupé ce poste depuis la victoire contre Strasbourg (4-3) lors de la dernière journée du championnat 2007-08. On peut dès lors s’interroger sur la pertinence de son choix étant donné l’importance et la spécificité de ce match contre Paris. Il semble en effet évident que l’international albanais a besoin de temps afin de retrouver les automatismes nécessaires à ce rôle si exigeant. Du reste, la question ne se poserait pas si ce dernier avait réussi son match. Malheureusement pour lui et l’OM, le capitaine olympien voit sa responsabilité engagée sur plusieurs des buts parisiens lors desquels on ne peut que constater son placement hasardeux et son manque de repères. On s’interroge en conséquence sur les présences dans l’effectif marseillais de Leyti N’Diaye, Renato Civelli, Gaël Givet ou Bostjan Cesar. A quoi servent donc ces joueurs ? L’ancien monégasque, notamment, semble soumis à un traitement bien sévère au regard de sa carrière et de ses performances passées. En outre, l’entraîneur phocéen doit trouver une solution rapidement efficace, et leur manque de compétition ne leur permettra pas de retrouver le niveau adéquat pour prétendre à une place de titulaire dans l’immédiat. Le serpent se mord la queue, les choix réalisés au départ de la saison, avec Ronald Zubar ou Elamine Erbate, sont évidemment responsables de la situation actuelle et les blessures récurrentes de Julien Rodriguez n’arrangent pas les choses.
Tâtonnement au milieu et manque de solutions en attaque
Contre Paris, la frilosité affichée au coup d’envoi en alignant trois milieux de terrain à vocation défensive dans un 4-4-2 en losange est étonnante. Au regard du contexte de la rencontre, à savoir un match à domicile contre le meilleur ennemi, on regrette en effet qu’Hatem Ben Arfa n’ait pas été associé à Mathieu Valbuena afin de porter davantage de jeu et de danger dans la partie adverse : on a effectivement le sentiment depuis bien longtemps que ce Marseille-là ne sait pas jouer très longtemps sur le reculoir. Par ailleurs, les deux milieux offensifs ne jouent ensemble que depuis quelques rencontres, en raison de la longue absence de Mathieu Valbuena, et ont probablement besoin d’un peu de temps afin de se trouver des affinités footballistiques. Dans le secteur de l’entrejeu défensif, on constate également, match après match, l’irrégularité des joueurs. Il semble bien difficile d’incriminer Eric Gerets à ce sujet, mais ce dernier peine à trouver la tactique adéquate et ne cesse de changer de dispositif. Du point de vue de l’attaque, le non-remplacement de Djibril Cissé est entrain de se payer. En ne l’utilisant pas en début de saison alors qu’il était en forme, le coach a joué un rôle dans son départ. L’OM reste la meilleure attaque du championnat de Ligue 1 mais son manque d’efficacité fait peur à voir. Mamadou Niang semble notamment bien fatigué et paraît avoir pris le relais de Djibril Cissé en terme de mauvaise humeur sur le terrain. Son absence contre Nantes doit tout de même créer bien des soucis à l’ancien entraîneur de Galatasaray. Selon toute vraisemblance, à la vue du besoin urgent de résultats du club phocéen, Mamadou Samassa ne bénéficiera pas de la patience dont il a besoin pour s’acclimater. Il est également impossible d’en vouloir à l’entraîneur à ce sujet. D’après la presse, le Lyonnais Fred serait dans le collimateur des dirigeants afin de palier à leur erreur estivale. Comme les supporters, Eric Gerets est condamné à attendre l’apport d’une nouvelle recrue.
Un discours parfois à contre-courant ?
Que se passe t-il donc dans le vestiaire phocéen ? Après deux belles premières parties de matchs, les Marseillais se sont écroulés contre Eindhoven et Paris. En seconde période, les joueurs ont semblé amorphes et démotivés, perdant au fil des minutes tout leur allant de la première période. On se demande dès lors ce qui a bien pu se passer à la mi-temps de ces deux rencontres. L’explication de la condition physique semblant peu plausible, si tôt dans la partie, l’hypothèse d’un discours d’Eric Gerets inadapté aux circonstances fait son chemin, bien qu’étonnante. On avait déjà noté, depuis le début de la saison, un manque évident et non coutumier de « grinta », d’agressivité vis-à-vis de l’adversaire ou de l’arbitre, sans pour autant se rendre compte s’il s’agissait d’un progrès ou d’un affaiblissement. Ceci prouvait tout au moins une certaine influence sur le groupe d’un entraîneur connu pour adopter un comportement plutôt paternaliste avec ses joueurs. Ainsi, ce dernier expliquait avant la rencontre de dimanche que si quelqu’un avait encore besoin d’être motivé après la défaite subie aux Pays-Bas, « ce serait ennuyeux ». Si tout ne fut pas mauvais dimanche soir, on peut toutefois relever un certain déficit de volonté. Les Phocéens, lors des deux revers de la semaine, n’ont d’ailleurs pris aucun carton jaune : un constat ahurissant quand on sait que l’une des deux rencontres se jouait contre l’ennemi juré du club. Aucun d’entre eux n’était effectivement là pour se rappeler aux bonnes vieilles méthodes d’Eric Di Meco ou de José Carlos Mozer afin d’impressionner l’adversaire ou l’arbitre. Au grand dam de tous ceux qui ont connu le Classico le plus virulent de l’histoire, lors de la saison 1992-93, ces joueurs-là semblent par moment être prêts à se laisser « marcher dessus ». Eric Gerets, qui savait se faire respecter lors de sa carrière de joueur, paraît avoir une curieuse emprise sur ses joueurs. Malgré sa volonté de bien faire en les surprotégeant, ne les empêche t-il pas, finalement, de s’émanciper ?
Si l’apport d’Eric Gerets, depuis son arrivée, est irréfutable, les deux dernières rencontres ont néanmoins mis en avant des défauts concernant la gestion de son groupe. Ses préférences défensives et offensives du début de saison ont en effet conduit l’OM dans la situation délicate qui est la sienne actuellement, à savoir sans solution pour pallier aux lacunes de ses titulaires. Côté tempérament, il est difficile de mesurer son impact sur les joueurs mais ces derniers semblent par période totalement démotivés et nonchalants, peu enclin à se battre. Un petit retour dans le passé nous conduit cependant à relativiser, on a connu bien pire ! Le seul regret est de constater que les progrès sont lents et que la fierté de défendre le maillot olympien ne suffit pas à le faire mouiller. Leur honneur étant remis en cause, espérons tout de même qu’ils réagissent au plus vite, faute de quoi l’Olympique de Marseille vivra une quinzième saison sans titre, ce qui serait probablement mal compris par les supporters étant donné les moyens dont disposaient les dirigeants en début de saison…