Interview avec « OM la Révolution commence »

Suite à la mauvaise série de résultats de l’Olympique de Marseille, des supporters ont eu l’idée de créer un collectif via une page Facebook pour faire part de leur mécontentement aux dirigeants marseillais.

Mais cette page, appelée  » OM : la révolution commence « , n’est pas du goût des décideurs phocéens. Depuis ces derniers tentent de faire taire leurs leaders qui ont même eu le droit à une petite convocation à l’hôtel de police de Marseille cette semaine. Entretien.

 » OM : la révolution commence.  » Ou pourquoi un groupe de supporters marseillais sème la zizanie dans les coulisses du centre Robert-Louis Dreyfus. Leur fondateur, revient pour FootMarseille.com, sur les raisons qui l’on poussé à créer ce groupe sur Facebook :  » on a eu l’idée avec mon meilleur amie qui a pris l’initiative de créer cette page Facebook, dimanche dernier après le nul face à Reims. C’est venu d’un ras-le-bol général et on ne s’attendait pas vraiment à un gros buzz au fur et à mesure que les jours sont passés. On est presque maintenant à 10.000  » like  » dont c’est quand même quelque chose de conséquent  » explique l’un des leaders de ce nouveau mouvement.

L’OM verrouille les contestations

Ce dernier n’est pas forcément apprécié des groupes de supporters déjà existants :  » L’un de nous est membre d’un groupe de supporters mais n’adhère pas forcément à toutes leurs idées. On n’a pas eu de contacts avec des groupes de supporters connus, mais des groupes de supporters indépendants, avec lesquels on discute des actions à mener et on s’entraide tous. Mais c’est les seuls contacts  » explique-t-il. Car à l’OM, on verrouille. Notamment certains groupes de supporters. Pour cette raison le mouvement  » OM : la révolution est en marche  » ne veut être associés à aucun d’eux : « On ne veut pas être lié à d’autres groupes de supporters car on a vu que ça limitait pas mal les actions, on ne peut pas sortir de banderoles, on ne peut pas changer de chants hostiles à la direction, mis à part chez les Ultras, donc pas de groupes de supporters  » précise-t-il.

Dans le passé, et notamment la saison dernière, d’autres se sont essayés à secouer le cocotier. Mais vu le classement de l’équipe, le timing n’était pas forcément bon. Ce qui n’est pas le cas cette fois-ci :  » Nous on surfe sur la dynamique des mauvais résultats, car les gens ont vraiment ce ras-le-bol qui date de plusieurs années et qui s’illustre aujourd’hui et qui s’amplifie par les mauvais résultats « . Du coup, la première véritable action a eu lieu pour le match face à Rennes. Le groupe Facebook a appelé ses sympathisants à acheter des places en tribune Ganay O, pour pouvoir chanter tous ensemble contre la direction et déployer une banderole. Un mouvement qui envisageait une action pacifique, sans insultes, sans violence :  » On s’est rendu compte pendant la semaine que la vente en Ganay O avait été fermée, et on s’est douté à ce moment-là que l’OM était au courant. On alors réfléchit à une nouvelle zone que l’on a communiqué cette fois qu’en privé aux gens qui souhaitaient vraiment venir au stade avec nous. Samedi, j’ai pu rentrer au stade, mais il y avait plus de stadiers que d’habitude, dans cette tribune et le fait est, ne voyant pas les autres arriver, je suis redescendu pour sortir et j’ai vu le reste du groupe discuter avec le responsable de la sécurité du club et des policiers. L’un d’eux a remis une convocation à l’hôtel de Police pour lundi matin. Mais je tiens à signaler que les discussions avec Guy Cazadamont ont été très très cordiales. On a été déplacés en Ganay Latéral mais le problème est qu’on a été scindés en plusieurs groupes. Le mouvement en a été noyé  »

Concernant la convocation du leader du mouvement, il lui a été reproché une incitation à la haine et à la violence. Ce qui n’était pas le cas :  » Une plainte qui est un peu le sommet du ridicule et du coup, on s’est un peu posé la question de ce qu’on allait faire maintenant car on est des jeunes et on ne voulait pas mettre en péril notre avenir pour quelque chose qui reste seulement du foot. Mais on a reçu tellement d’encouragement que l’on s’est dit qu’on ne pouvait abandonner comme ça un mouvement que l’on a lancé « . L’idée d’un appel au boycott est en pleine réflexion, pour le prochain match face à Ajaccio. Un mouvement pesé qui ne veut pas entrer dans la surenchère de la diffamation et la calomnie, qui souhaite avant tout alerter sur l’incompétence des décideurs marseillais.

 » On ne vas pas demander à MLD l’impossible « 

D’ailleurs, lorsqu’on écoute les responsables de mouvement, on voit que l’on à faire à des personnes intelligentes, posées, réfléchies :  » Au-delà du personnel en place, c’est le modèle qui est révolu. Aujourd’hui, MLD, elle ne peut pas vendre le club, donc on ne va pas demander ce qui n’est pas possible. C’est le modèle. C’est-à-dire que ce n’est pas parce que MLD met des sous, qu’elle n’a pas le droit de s’entourer de gens compétents  » explique-t-il avant de remettre en cause l’organigramme du club :  » Je pense notamment au fait qu’il y ait un directeur sportif et entraîneur. Dans un club comme l’OM, c’est plus possible. Un entraîneur, un peu comme Didier Deschamps, il faut qu’il prenne l’équipe et contrôle tout le sportif. Il ne peut pas y avoir un entraîneur, un directeur sportif, un président, un conseiller… Tout cela n’est plus possible. Il y a trop d’échelons et du coup cela crée à un moment donné des désaccords et on sait plus vraiment qui gère quoi. Voilà ce qu’on demande  » conclut-il.
Derrière ces revendications, il y a l’amour pour un club de la part de supporters lassés de voir l’ambiance changée au Vélodrome, une enceinte se vider de ses supporters qui semble résignés même après plusieurs défaites. Redonner l’envie aux gens d’aller au stade pour voir une équipe, pas forcément pratiquer du beau jeu, mais faire vibrer. Mais les supporters ne souhaitent pas être une nouvelle fois dupés :  » C’est comme le projet Dortmund, on nous a fait miroiter des Villas-Boas, des Lucien Favre, le retour d’Eric Gerets, et vous allez voir qu’au final on va se retrouver avec un Antonetti ou un Halilhodzic. On n’aura pas mieux. On en a marre que l’on nous vend quelque chose, qu’on nous jette de la poudre aux yeux et qu’on nous prend pour des billes. On nous prend vraiment pour ce que l’on n’est pas et on a l’impression que l’on fait ça pour nous calmer une semaine, un mois pour après nous sortir un autre bobard pour nous calmer à nouveau « .

Le mouvement semble toutefois en marche. Le groupe Facebook, OM : la révolution, a déjà atteint la barre des 10.000 fans. Une  » révolution  » qui prend de l’ampleur donc et dont les dirigeants de l’Olympique de Marseille devraient tenir compte avant que des groupes plus exacerbés, voire violents, ne prennent la relève.