Très critiqué lorsqu’il fut directeur sportif junior, entraineur malgré une finale (perdue) de Coupe d’UEFA à son crédit, José Anigo a appris de ses erreurs au fil des années. Peu loquace dans la presse cette saison, le rageux provençal s’est mué en homme de l’ombre laissant Pape Diouf et Eric Gerets aller au front tandis que lui travaillait en sous-marin pour débusquer de jeunes talents ou de bons joueurs sans réels moyens. Aujourd’hui, à l’heure où nous parlons, le directeur sportif phocéen se trouve face à un choix cornélien : quitter l’OM et le bonheur d’évoluer dans les entrailles du club de son coeur ou y rester mais y perdre peut-être son âme et tout le crédit qu’il a auprès des marseillais.
Une parole reniée ?
Après avoir affirmé qu’il suivrait Pape Diouf si celui-ci était débarqué, son absence de réaction face au départ du président phocéen a troublé bien des esprits. Comment peut-être compris cette attente ? Contacté par Jean-Claude Dassier pressenti pour être le successeur de Diouf, le directeur sportif réfléchit actuellement à son avenir. Dans une culture où la parole publique a un sens fort, il est évident que les marseillais prendront ce revirement comme un reniement. La passion exacerbée des provençaux pour leur équipe est telle que le marseillais aurait du mal à redorer son blason par la suite. Un reniement contre un futur désaveu par la suite … Le jeu en vaut-il la chandelle ? Pas sur.
La peur de laisser l’OM seul
Quel avenir pour l’Olympique de Marseille avec un conseil de surveillance qui se déroule à Paris et un organigramme de personnes éloignées de la réalité d’une ville si difficile à appréhender pour ses amis de passage ? José qui aime ce club comme sa chair doit bien se demander s’il peut quitter le navire au moment où il s’apprête à sombrer. Nous, marseillais, nous lui demandons l’échouage ! Ecoeurés par la houle qui secoue notre club depuis presque deux décennies, les supporters ne veulent plus reporter au lendemain le grand ménage. Le départ d’Anigo signifierait un réel acte de défiance vis-à-vis de Robert-Louis Dreyfus et de ses amis qui resteraient seuls aux commandes. Et aux risques de tempête …
La caution « locale » pour les parisiens
Car c’est bien finalement ce que demandent les amis parisiens du grand argentier suisse à José Anigo : être un pantin à l’accent coloré pour calmer la plèbe excitée par tant de gâchis. Est-ce un rôle honorable ? Non. Est-ce qu’Anigo en sortira grandit ? Non. Est-ce qu’il y a plus à perdre qu’à y gagner ? Oui.
Dans ce grand théâtre qu’est l’OM, Anigo veut être utilisé comme une caution locale à défaut d’être une caution morale. Dans un jeu où les clans Veyrat et Labrune jouent aux pantomimes avec la vie d’un club, d’une ville et d’une région, l’OM deviendrait alors un joujou de communication pour une intelligentsia pour qui Marseille ne semble pas assez bien pour y vivre. Rester pour y perdre son âme … Une bien triste perspective.
José est donc à la croisée des chemins. Partir pour mieux revenir dans quelques temps nous parait celui le moins risqué. Souvent épargné par le Vélodrome au moment où pourtant le feu couvait, il est probable que son ralliement inconscient aux clans RLD laisserait des traces. Et ça, on ne le veut pas donc José, pars si tu nous aimes. Nous ne t’aimerons que plus après.