Le technocrate Bruxellois au secours du bar de Marius ? La communauté européenne au chevet de la région PACA? A l’heure où les élections européennes arrivent à grand pas, la traduction en terme politique de la destinée Olympienne ne laisse pas de place au doute: oui, quoi qu’il arrive désormais, l’Europe aura été mieux qu’une béquille. Déjà gravée dans nos mémoires, la campagne continentale aura constitué la face dorée d’une saison par ailleurs bien terne… Cependant, une question essentielle demeure: la saison est-elle d’ors et déjà sauvée ?
La norme européenne
Depuis deux mois maintenant, l’équipe marseillaise a cessé de jouer au yo-yo avec nos nerfs et son niveau de jeu. Elle a clairement opté pour une dichotomie qui a le mérite de la simplicité: aux joutes nationales elle réserve le médiocre (avec de curieuses éclaircies de type lyonnais), alors que pour l’UEFA, elle ne cesse de surprendre, alliant là des qualités (défi physique, concentration, liant du jeu, efficacité) qui lui font tant défaut ailleurs…
Paradoxalement, cette même Europe, si prompte a être fustigée du fond de nos campagnes franchouillardes, notamment de la part de quelques-uns de nos « responsables » politiques les plus ultra-conservateurs, cette même Europe, donc, avait été à l’origine de nos malheurs. Souvenons-nous que ce fut le premier match en Ligue des Champions qui fit chavirer une saison jusque-là prometteuse. La défaite concédée face au Réal (pourtant strictement identique à celle reçue par Monaco quelques mois plus tard) vit se créer une fissure entre Perrin, baron local inflexible, et ses joueurs. Fissure bientôt muée en gouffre.
Jusqu’à cette rencontre fatidique, la caractéristique de cet OM était d’être efficace mais sans fond de jeu. Désormais, elle ne conserverait qu’un seul de ces deux facteurs: elle perdit son efficacité, et la chute fut vertigineuse, à la hauteur des espoirs entrevus au cours des deux premiers mois de la saison.
Cette Ligue des Champions bien vite oubliée (jouée cependant contre un des futurs finaliste qui ne cessa de surprendre et des « galactiques » qui auraient fort bien pu aller aussi loin s’ils n’étaient tombés sur un roc), le reversement en UEFA obtenu in extremis allait se révéler providentiel.
L’entrée en scène d’un nouvel acteur, représentant on ne peut plus local d’une spécialité typiquement bocca-rhodanienne – le sauvetage en pleine tempête -, l’homme du cru donc, allait bouleverser les traditions continentales, traditions qui voulaient que les clubs français ne passent plus le stade des 8èmes de finale… José Anigo était maintenant sur le banc de touche, et il n’était pas seul: allaient immanquablement l’accompagner sa gnac, son plaisir, son envie, sa soif d’apprendre et une garde-robe adaptée aux circonstances. Soyons franc, nous n’étions pas nombreux à miser un euro sur le bonhomme pour ce qui était de la scène internationale, tant Endoume semblait mal rimer avec Liverpool.
En effet, on voyait mal l’enfant turbulent du Panier entrer dans la norme Bruxelloise.
Il allait pourtant se révéler comme l’auteur d’une des plus belles directives Européennes…
Une Europe élargie ?
Plutôt que de savoir s’il sera plus dur d’être unis à 25 qu’à 15, les supporters provençaux se demandent aujourd’hui si le club des vainqueurs français d’une Coupe d’Europe doit s’élargir vers le 26 Mai ou si le 19 suffira…
Car un des bonheurs de cette chevauchée UEFienne réussie est que Marseille n’est pas seule cette année , ce qui rehausse l’ensemble du niveau de notre championnat national. L’affaire, pour l’occasion, ressemble moins à un coup du sort qu’à un rééquilibrage des dominantes européennes. Monaco a aussi empilé les exploits depuis le premier tour de la Champions League, et la perspective d’avoir pu voir se jouer dimanche une potentielle finale de la Super Coupe d’Europe est assez déroutante, eu égard au palmarès des clubs français ces dernières années dans les ex-C1 et C3.
Car une forme de régularité, idée pourtant si chère à notre ami Aulas, est finalement présente sur la Canebière : 4 finales en 13 ans, peu de clubs étrangers peuvent se targuer d’en dire autant…
Mais revenons à la question posée en préambule: l’idée d’une saison positive survivrait-elle à un échec face à Valence ? L’essentiel a-t-il été préservé quoi qu’il arrive ?
Car, c’est sûr, les souvenirs indélébiles sont définitivement inscrits dans notre subconscient.
La liste des victimes olympiennes est élogieuse et le nom de notre attaquant vedette est connu aux quatres coins du continent (et nous comptons bien sur la Suède pour porter encore plus haut son nom au panthéon des meilleurs buteurs de la planète). Plus que ça, une équipe-type a émergé, ce qui va permettre de tracer les grandes lignes de la saison à venir, tout en empéchant – enfin ? – que les quatre cinquièmes de l’effectif ne soient renouvelés au cours de l’été.
Oui, cette fois, il faudra peu de renforts mais de haute tenue plutôt que, comme l’année dernière, des arrivées nombreuses de joueurs parfois « moyens ».
Mais le mal français qui consiste à estimer qu’arriver en finale est une fin en soit saura-t-il s’adapter à l’exigence marseillaise ? Comme l’a souligné Bouchet, va-t-on se faire à l’idée que l’on peut passer cette année de Madrid, Porto, Belgrade, Vienne, Dniepropetrvsk, Liverpool, Milan, Newcastle et Valence à…rien l’année prochaine? A l’heure ou le budget de l’Olympique de Marseille devrait être un des plus confortables qu’ait connu le boulevard Michelet depuis des années , au moment où le successeur de JPP a annoncé sa décision ferme de rester – « tant qu’un titre n’aurait été acquis » -, pourra-t-on se satisfaire de rester confiné à l’intérieur de nos frontières ??
Rien n’est moins sûr. Nous avions emporté la C1 à notre deuxième essai, un certain Fabien Barthez nous ayant rejoint entre les deux tentatives. Souhaitons que l’histoire européenne se ré-écrive, afin que chaque Marseillais de coeur, enfin, se sente à jamais enfant de son continent.