Après une nouvelle défaite à Toulouse, qui plonge l’OM dans le doute et dans les bas-fonds de la Ligue 1, c’est une nouvelle semaine crispante qui se dessine. Entre l’entrée en Ligue des Champions, face à Besiktas, l’avenir plus qu’incertain d’Albert Emon, et le déplacement à Auxerre, les supporters ont du souci à se faire.
Lundi 17 septembre 2007 :
Alors que l’OM s’est une nouvelle fois incliné sur sa pelouse ce week-end face à Toulouse (1-2), la pression monte à Marseille. Les mauvais résultats de ce début de saison pourrait avoir raison d’Albert Emon. En effet, comme dans toute crise sportive, c’est l’entraîneur qui devrait faire office de premier fusible. Pour le moment rien d’officiel, mais les rumeurs enflent. À la veille du match contre Besiktas, L’Equipe nous apprend donc que le sort du technicien phocéen serait d’ores et déjà scellé, et qu’un ticket Anigo-Flos serait en pôle position pour lui succéder. Alors info ou intox ? Rien ne filtre pour le moment.
Diouf ne tarde pourtant pas à réagir. Ayant appris les desseins de la presse, il se fend d’un démenti. Convaincant ou non ? À vous de juger. Mais le président olympien refuse de céder à la pression populaire en » agissant dans la facilité, qui s’apparenterait à se séparer de l’entraîneur « . Pour le » boss » le limogeage de son coach n’est donc pas d’actualité. Pourtant, la pression des supporters et de la sphère OM se fait de plus en plus intense dans cette direction.
« Je ne veux pas du poste d’entraîneur à l’OM, ni maintenant, ni plus tard, c’est ce que je répète depuis deux ans. Je suis très heureux dans mes fonctions actuelles de directeur sportif, sur un projet à long terme. Si je devais entraîner de nouveau, et je pense que je le ferai, ce ne sera pas à Marseille », assure Anigo. Tu m’étonnes. Bien installé dans son fauteuil de directeur sportif, le bras droit de Diouf ne souhaite probablement prendre aucun risque quand à son avenir à l’OM. Il sait pertinemment qu’un retour sur le devant de la scène pourrait précipiter sa chute. Et ce n’est pas ce qu’il souhaite.
Diatta et Edouard Cissé, les deux francophones de Besiktas, se livrent dans la presse à la veille du match de Ligue des Champions. » Ça fait plaisir, d’autant plus que c’est Marseille. Maintenant, dans ces cas-là, les sentiments, on les laisse de côté. L’objectif avant tout, c’est de faire un résultat là-bas » commence Lamine Diatta. Quand à lui, Cissé n’a pas oublié son statut d’ancien parisien et on sent une pointe de chambrage dans ses propos : » A partir du moment où nous étions dans le chapeau n°4, nous savions que nous allions tomber sur trois équipes qui nous étaient supérieures. Sur le papier, j’en vois deux à coup sûr : Liverpool et Porto. Pour moi qui suis français, Marseille, c’est impressionnant aussi sur le papier mais sur le terrain, ils n’ont pas encore trouvé les automatismes et paraissent encore fébriles. C’est ce qui peut nous permettre de grappiller quelques points sur les deux confrontations « . L’ambition est là, les moyens le seront-ils ?
Mardi 18 septembre 2007 :
Emon n’a pas la pression. Alors que se profile le match face à Besiktas, le coach phocéen nous livre son humeur actuelle : » L’important ce n’est pas mon cas personnel, mais le match. Je vais de toute façon passer une bonne nuit car quel que soit mon avenir, j’aurai vécu de belles choses à l’Olympique de Marseille « .
Un important dispositif de sécurité sera mis en place ce soir à Marseille dans le cadre du match OM-Besiktas comptant pour la Ligue des Champions. Craignant l’arrivée de supporters turcs non-identifiés, les autorités, en accord avec le consul de Turquie, vont déployer 335 hommes (200 policiers et 135 militaires) aux abords et dans le stade Vélodrome. Un groupe de CRS patrouillera dans le centre-ville pour juguler tout débordement d’avant ou d’après match. Voilà l’info relayée par le quotidien La Provence. Certes, on s’éloigne du foot, mais quand il s’agit de prévention on ne peut qu’applaudir.
Soir de match ! L’OM accueille Besiktas dans un Vélodrome loin d’être plein. En cause : les mauvais résultats, le vent glacial qui souffle sur Marseille depuis le matin et la programmation un mardi soir, horaire peu commode pour les jeunes et les travailleurs, guères habitués à se déplacer au stade à la mi-semaine depuis quelques saisons. Le retour de l’OM sur la scène continentale n’aura donc pas conquis les moins ardants. Marseille s’impose finalement 2-0 grâce à des buts en fin de match de Rodriguez et Djibril Cissé. Le jeu aura été plutôt mitigé du côté phocéen, avec un collectif toujours fragile, mais l’envie et la hargne auront fait la différence. Si la guérison est encore loin, ce match a en tout cas le mérite de rassurer sur la capacité de réaction de cette équipe.
Mercredi 19 septembre 2007 :
Le coach turc est beau joueur. Malgré la défaite, Saglam revient sur le match : » On espérait un bon résultat pour bien commencer la Ligue des Champions. Si je regarde notre jeu, je ne peux pas parler très positivement. Jusqu’au bout, c’est plutôt Marseille qui a dominé. Mais ils n’ont pas eu beaucoup d’occasions. Le bon résultat pour nous, c’était 0-0 mais on a pris ce premier but malchanceux. Ensuite, on a voulu égaliser et on a encaissé le deuxième but. Nous devons oublier ce match et nous préparer pour la suite. C’était notre premier match, il en reste cinq. Les points qu’on n’a pas pris ce soir, il faudra aller les chercher lors des prochains matches. Je ne suis pas un entraîneur qui parle beaucoup des arbitres, mais malheureusement ce soir, l’arbitre a été laxiste avec le jeu dur de Marseille. Parfois, il a vu des choses qu’il n’a pas voulu siffler. Cela dit, je félicite l’équipe de Marseille « .
Karim Ziani, enfin en jambes après un début de saison fantomatique, livre ses impressions sur cette première victoire à domicile de la saison, qui plus est en Coupe d’Europe : » Le groupe a fait son meilleur match de la saison. Quand le collectif va bien, les performances individuelles suivent, car tout le monde fait des efforts pour tout le monde. C’est peut-être le fruit de ces trois jours au vert, où l’on a vécu comme un vrai groupe, où l’on s’est dit les choses. Vu notre effectif, nous n’avions pas le droit de ne pas relever la tête « . Une satisfaction partagée par son partenaire du milieu de terrain, Samir Nasri : » Je me sens beaucoup mieux, je crois que cela s’est ressenti pendant ce match. On a vu un OM conquérant, et c’est très important. C’est clair, c’est davantage du soulagement. Cela fait un bien fou. Je suis très heureux de l’état d’esprit. J’espère que l’on confirmera à Auxerre. Bien sûr, cette victoire est pour Albert. On lui dédie. Nous sommes les premiers acteurs sur le terrain « .
En ce lendemain de succès, jour peu courant cette saison, les esprits semblent apaisés. Mais pas pour tout le monde. Albert Emon n’a pas participé à la traditionnelle conférence de presse en raison d’un rendez-vous important. Pour la première fois depuis qu’il entraîne l’OM, Emon n’était pas présent. Tout le staff dirigeant olympien, Pape Diouf en tête, était lui présent à la Commanderie. Il semblerait donc que le rendez-vous évoqué ne se soit pas déroulé avec le président marseillais. Pour le moment, personne ne connaît les raisons de cette absence.
Jeudi 20 septembre 2007 :
Malgré la victoire face à Besiktas, les rumeurs d’une mise à l’écart d’Emon sont toujours d’actualité. Selon la presse spécialisée, ce match ne changerait finalement rien à la donne puisque la décision de la direction marseillaise serait antérieure à ce succès. En cause, donc, les mauvais résultats de l’équipe et le manque total de fond de jeu. Certains quotidiens, comme Le Dauphiné, vont même jusqu’à lister les possibles successeurs de l’actuel coach de Marseille. On y retrouve notamment Deschamps, Metsu, Tigana et Halilhodzic. Du bien, mais aussi du beaucoup moins bien.
La Provence dresse un état des lieux, à travers les propos de Djibril Cissé, notamment. Tout d’abord le Vélodrome. » L’OM ne va pas y revenir avant le 20 octobre contre Lens. Dommage, après son premier succès à domicile. « Moi, j’aime le Vélodrome », dit Cissé. Il faut remarquer que personne n’a tremblé et que le public n’a pas tenu rigueur à ses joueurs des dernières contre-performances. « J’ai été surpris que le stade ne soit pas plein, ajoute Cissé; mais ça peut se comprendre, tout le monde n’a pas les moyens ». « À Middlesbrough, alors que le club venait de se qualifier pour la 1r e fois en UEFA, les gens n’avaient pas pu se payer les abonnements pour la saison et les billets européens », ajoute Zenden. « Mais on aurait pu s’attendre à un accueil plus houleux, des banderoles. Or, ils nous ont encouragés, poussés vers l’avant. Leur attitude a vraiment beaucoup compté », confirme Cissé, après Nasri mardi soir. »
Puis la situation du coach phocéen, Albert Emon : » L’entraîneur ne s’est pas exprimé hier, il le fera demain, mais il est bel et bien toujours en poste. « Nous avons joué pour lui parce que nous savons que ses jours sont comptés, a répondu Djibril Cissé. Nous avons une situation stable, nous savons que nous serons là jusqu’à la fin de la saison, alors que le poste d’entraîneur est délicat. Et moi, ça m’ennuie de voir Albert morfler. » Ce n’est pas encore le cas. Pour le moment. Mais seule une victoire samedi peut lui éviter de sauter « . Quid de l’avenir ? » Djibril Cissé est optimiste. « Si l’on obtient un bon résultat à Auxerre, ça va calmer les esprits. Nous avions besoin de joie et ce succès nous en apporte. Et puis Karim et Bolo vont encore monter en puissance, ils ont repris confiance ». »
Vendredi 21 septembre 2007 :
En vue du déplacement à Auxerre de demain, Albert Emon communique son groupe de dix-huit joueurs appelés à affronter l’AJA. Peu de surprises avec le forfait de Nasri, ajouté aux absences longue durée de Carrasso et Fiorèse. Tandis qu’Oruma fait les frais des choix du coach. Enfin, Julien Rodriguez, buteur dans la semaine, mais exclu face à Toulouse, est suspendu.
Le groupe est donc composé ainsi : Mandanda, Hamel – Taiwo, Givet, Bonnart, R.Zubar, J.Faty – Cana, M’Bami, Be.Cheyrou, K.Ziani, Valbuena, Zenden, Gragnic – Niang, Moussilou, D.Cissé, Arrache.
Des nouvelles d’un produit de la formation de l’OM. Ahmed Yahiaoui refait parler de lui. L’ex-marseillais, actuellement au chômage, a effectué un essai de plusieurs jours à Saint Etienne, afin de s’entraîner et de tenter de convaincre Laurent Roussey. Pas de réussite. L’essai s’est avéré non concluant. Depuis son départ de Marseille, alors que tout le monde lui prédisait un avenir radieux, Yahiaoui ne fréquente plus que les clubs moins huppés puisqu’il est notamment passé par Istres avant de faire ses bagages pour la Suisse.
Samedi 22 septembre 2007 :
En fin d’après-midi, l’OM s’incline à Auxerre, 2-0. Le mal semble incurable. Alors que les phocéens avaient réussi à se sublimer en Ligue des Champions, ils ont mordu la poussière en Bourgogne, pour le retour à la L1. Sans cohésion, bousculés dans tous les compartiments du jeu et inoffensifs, les olympiens repartent d’Auxerre avec une défaite méritée. Cette équipe parviendra-t-elle à s’en relever ? Rien n’est moins sûr. Chaque semaine les supporters croient avoir vu leur équipe toucher le fond, mais dès la semaine suivante, elle parvient à battre son propre record de médiocrité. La coupe est pleine, n’en jetez plus. Bien que partiellement responsable de ce fiasco, Emon est déjà prêt à entendre le verdict.
Dans la foulée de cette débacle, RMC annonce le premier des mesures. La radio déclare en effet que le sort d’Emon est joué et que c’est Michel Flos qui va très probablement reprendre le commandement de l’équipe.
Les joueurs, eux, s’en veulent. Ils savent pertinemment qu’ils viennent de crucifier leur coach. À l’image de Jacques Faty, très remonté, qui balance son maillot, auxerrois – nous ne reviendrons pas sur cet épisode tragi-comique qui discrédite un peu plus le club – avant de prononcer ces quelques paroles : » On n’a pas le droit de faire ça. C’est une faute professionnelle « .
Zenden et Cana ont tout deux également conscience de la gravité de la situation. » Après le match, nous n’avons pas trop parlé car chacun est dans son monde et veut réfléchir sur cette défaite. C’est déjà assez difficile. Ce n’est pas à nous de parler sur son avenir » lâche le batave à propos de son coach. Cana conclut : » On l’apprécie. On sait qu’il est visé mais nous avons une grande part de responsabilité dans ce qui se passe « .
Dimanche 23 septembre 2007 :
Après la défaite de l’OM à Auxerre samedi, le président phocéen, Pape Diouf, est revenu sur la déconvenue connue par son club au micro d’OMTV : » C’est comme si on vivait un cauchemar. Ce qui nous arrive aujourd’hui ressemble à un mauvais songe, à quelque chose de tellement invraisemblable que, oui, la défaite subie à Auxerre reste une de ces déceptions qui ne s’effacent pas rapidement. On ne peut pas à chaud inventer des solutions et pourtant il faut bien que nous arrivions à un électrochoc, que nous fassions quelque chose qui remette l’équipe à flot. On a pu penser que la victoire contre Besiktas serait comme une rampe de lancement. Il n’en est rien, puisque nous avons vu une équipe très passive face à Auxerre, notamment en première mi-temps. Il est vrai qu’il y a eu une réaction en deuxième période, mais on ne peut pas se suffire de cela « , a notamment déclaré le dirigeant olympien.
Suite à ces déclarations, nous apprenons que Pape Diouf viendrait de prendre l’avion pour les Emirats Arabes Unis afin d’y rencontrer très prochainement Bruno Metsu. Malgré ces affirmations incessantes sur le maintien d’Emon à la tête de l’équipe, il semble que le président de l’OM soit arrivé à bout de patience. Très ami avec le GO du club Med exotique, il rêverait de le propulser en haut de l’affiche. Plus habitué aux destinations cocasses qu’au travail technico-tactique, on se demande ce que l’ex mentor du Sénégal va bien pouvoir changer à la galère. Les heures qui arrivent s’annoncent cruciales.